Chapitre 7

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Kerian

Bordel, je devrais être avec elle, dans sa chambre, en train de lui faire de plates excuses et me voilà au bar, occupé à me saouler tel un lamentable poivrot. Je ne l'ai jamais mérité, comment est-ce que j'ai pu avoir le culot de jouer avec une fille comme Holly ? Comment cette fille souriante, magnifique, comment ce rayon de soleil, cet ange a bien pu laisser sa chance à un gros con ne pensant qu'à sa gueule ? Un gros con presque alcoolique, sournois, faux, un type haïssable, détestable tel que je le suis ?
Et pourtant, je ne parviens pas à me lever, à trouver la force pour me lever et regagner ma foutue piaule. Comment est-ce que je vais rentrer ? Je suis de toute évidence bien trop saoul pour conduire ! Attendez, c'est réellement moi qui vient de penser cette connerie ? Depuis quand est-ce que je me soucis de mon état ? Depuis quand est-ce que j'en ai quelque-chose à foutre d'être trop bourré pour prendre le volant ?

- Qu'est-ce que tu comptes faire ?

La voix de Sandy me retire de mes pensées.
Elle dépose sa tête dans le creux de l'épaule de Jil tandis que cette dernière bois un énième cocktail dont je ne connais pas le moins du monde le contenu.

- Je maintiens mon idée de mette fin à la vie de cette salope.

Je fais mine de me marrer mais en réalité, je pense réellement ce que je dis. Vous allez me prendre pour un fou, un assassin, mais je crois que sa prétendue mort a été la meilleure chose qui me soit arrivé, je veux dire... après Holly. Plus de salope hypocrite à combler, plus de bagarres entre nous deux, je n'étais plus le moins du monde manipulé par quelqu'un d'autre, je faisais ce que je voulais quand je le voulais. C'est horrible à dire, mais la simple idée de sa mort, bien qu'ayant provoqué une forte culpabilité, m'a plus que tout libéré.
Jil et Sandy pouffent de rire.

- Je parlais d'Holly, qu'est-ce que tu comptes faire pour la récupérer ?

- Je... je ne sais pas vraiment, elle me hait et je la comprends totalement. Mais je ne me fais pas de soucis, ce n'est pas comme si elle allait se trouver un nouveau mec dans la semaine !

Sur ces mots, la porte du bar s'ouvre et là, mon sang ne fait qu'un tout. Putain de merde, ce n'est qu'une putain de blague, ce n'est qu'un putain de gag, qu'est-ce qu'elle peut bien foutre avec ce merdeux de Leo ? Comment ose-t-il encore s'approcher d'elle ? Comment ose-t-il poser son regard sur Holly ? Et elle, comment peut-elle accepter de sortir avec ce blaireau ? Il faut que je parte, je dois partir avant d'exploser, avant de réduire en sang sa tête de con. Je me lève avec difficulté et titube sur quelques centimètres avant que la voix portante de Jil ne fasse se retourner ma belle blonde.

- Kerian, attend, tu ne peux pas conduire.

Ma colère monte en flèche lorsque son regard croise le mien. Comment est-ce possible ? Comment peut-elle me faire ça ? Putain, je me déteste, je me hais de l'avoir fait me détester, je me dégoûte littéralement. Si absorbé par la simple vue de mon ex copine, je ne sens pas tout de suite les larmes perler le long de mes joues.

- Je vais te ramener, souffle Jil tout en agrippant mon avant-bras.

Elle ne me quitte pas des yeux, même en allant s'asseoir dans un box à l'écart, son regard ne quitte pas le mien. Je dois me faire violence pour ne pas assassiner ce con de Leo. Ce connard n'a visiblement pas compris ma menace lancée une bonne semaine plus tôt. Quel fils de pute.

- Je vais marcher.

Mon grognement fait reculer Jil d'un grand pas. Je me sens coupable de lui parler de la sorte, après tout je suis le seul responsable de tout ce chaos, de toute cette merde.
Je m'apprête à sortir du bar quand mon regard se pose une dernière fois sur la belle Holly, mon collier entre les mains. Elle porte encore ce cadeau ? Qu'est-ce que je dois comprendre ? Sans m'en rendre compte, mes jambes me portent juste devant la table du blaireau et de ma belle blonde. Qu'est-ce que je fous putain ?

- Quoi, Kerian ?

Sa voix est tremblante et je peux apercevoir des larmes menaçant de couler dans le creux de ses sublimes yeux d'un bleu/vert subjuguant.

- Je... Holly...

- Tu devrais te casser.

Qu'est-ce qu'il lui arrive à l'autre blaireau ? Il s'est senti pousser des ailes ou quoi ? Je me retiens de lui en foutre une, ça aggraverait la situation, Holly n'accepterait pas que je touche à son petit toutou. Après tout, il lui faut bien un joujou pour penser à autre chose. Du moins j'imagine.

- Tu devrais fermer ta gueule avant que je n'enfonce ta tête de con dans la cuvette des toilettes.

- C'est fini Kerian, Holly en a fini avec toi. Une nouvelle histoire commence et cette fois tu n'es pas compris dans les personnages. Tu es évincé de sa vie, alors part. Part avant de ne ruiner sa vie.

Ma gorge se noue, il a raison, je dois partir. Je ne peux pas rester dans cette ville, je ne peux pas vivre juste en face de chez elle. Je ruinerai de toute évidence sa vie. Je lui ai déjà brisé le cœur, j'ai brisé toutes ses espérances, alors qu'est-ce que j'attends de plus, putain ?
Mon poing s'en va cogner contre le mur face à Holly, lui provoquant un sursaut, puis je fais volteface sans me retourner.
Je ne peux pas rentrer chez moi, pas dans cet état, pas maintenant, je ne peux plus dormir dans ces draps imprégnés de son odeur, imprégnés de tous ces souvenirs. La nuit semble m'absorber à mesure que je m'enfonce dans l'obscurité. Tant mieux, je ne veux pas que l'on puisse voir mes larmes couler, je ne veux pas que l'on puisse voir que je suis devenu un putain de faible, qu'elle m'a affaiblie comme personne n'avait jamais réussi à le faire, pas même Luna.
Sans m'en rendre compte, je me retrouve devant chez Val. Merde, même ici je trouve le moyen d'avoir des souvenirs d'elle. Je la revois, allongée, en train de se faire tatouer. Mon regard plongé dans le sien tandis qu'elle prétendait ne pas avoir mal. Qu'est-ce qu'elle était forte ! Je veux dire, elle l'est toujours, il en faut de la force pour faire face à tout ce qu'elle a vécu.

- Qu'est-ce que tu fous là ? Roucoule mon pote tatoueur tandis que j'entre dans l'immeuble délabré empli de cartons.

- J'avais besoin de... de me faire tatouer je crois.

Il se lève de son canapé dégueulasse avant d'entrer dans la pièce où il exerce. Je ne peux m'empêcher de ricaner en observant le contraste entre son appart insalubre et la pièce presque nickel dans laquelle il tatoue.

- Ta petite copine n'est pas avec toi cette fois ?

- Ce n'est plus d'actualité, Val.

- Merde, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je ne suis qu'un putain de con, voilà ce qu'il s'est passé !

Il ricane tandis que je retire mon tee-shirt et m'allonge sur le dos.

- Qu'est-ce que tu veux te faire tatouer ?

Je me relève pour analyser le grand mur de dessin pour la plupart réalisés par moi-même. A vrai, dire je n'avais pas le moins du monde prévu de me faire tatouer ce soir, il m'est alors compliqué de choisir un modèle.

- En fait, je crois que je vais opter pour une phrase cette fois.

- Laquelle ?

J'attrape un bout de papier pour y écrire ce que je souhaite, juste histoire de s'assurer que ce con ne fera pas de fautes d'orthographe !

- Que les hommes tremblent de conquérir la main d'une femme sans conquérir du même coup son amour ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

C'est hilarant, j'ai l'impression de m'adresser à un gosse de douze ans demandant ce qu'est l'amour.

- Tu ne comprendrai pas.

Ma voix est sèche, j'esquisse un léger sourire pour faire paraitre ma réponse plus... agréable. Après tout, comment pourrait-il comprendre cette phrase tout droit sorti de La lettre écarlate. Je doute même qu'il ait ouvert un bouquin un jour !
Je m'allonge de nouveau tandis qu'il prépare tout le nécessaire.

- C'est quoi tout ce bordel dans ton salon ?

- Je vais commencer à bosser dans un vrai salon avec Charlie d'ici quelques semaines. On a enfin pu se payer une boutique !

-1 Charlie se pointe en ville ?

- Ouais, tu n'as toujours pas dit à ton ex meuf que Charlie n'est pas...

- Je ne lui ai pas dit.

Soulmate - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant