Soulmate - Tome 2

Chapitre 27

Kerian

Tandis que Charlie me saute littéralement dans les bras, je ne peux échapper au regard menaçant d'Holly à mon égard. Je suis encore dans une belle merde !

- Je suis venue dès que j'ai pu, Val m'a dit que tu n'étais pas dans ton état normal, tout va bien ?

Putain, je vais tuer Val ! Bien que je sois extrêmement heureux à l'idée que Charlie soit ici, je ne peux laisser ressortir cette joie tant la déception d'Holly semble la ronger.

- Il n'aurait pas dû, je vais bien.

- Il fallait que je vienne de toute manière. Lui et moi avons trouvé une boutique en centre-ville pour y bosser.

Cette fois, je laisse exploser ma joie en la prenant à mon tour dans mes bras, depuis le temps que ces deux-là rêvent de tenir un salon de tatouage ! Leur rêve était cependant d'en avoir un chacun de leur côté étant donné le fort caractère de ces deux-là ; mais j'imagine qu'un fera l'affaire pour le moment.

- Je... ferais mieux de rentrer chez moi, heureuse de t'avoir rencontré... Charlie.

La voix faiblarde d'Holly me brise le cœur. Cette dernière contourne la grande brune tatouée de la tête au pied face à elle et titube jusqu'au trottoir.

- Tu sais quoi, attend-moi dans le salon, j'arrive dans... cinq minutes.

La mine désolée de Charlie témoigne du fait qu'elle semble comprendre la situation, j'aurais au moins dû la prévenir de mon petit mensonge vis-à-vis d'Holly, elle aurait peut-être pris la peine d'appeler avant de sonner ! Mais ce qui est fait est fait, et désormais, je cours jusqu'à ma copine avant d'attraper délicatement son avant-bras. Lorsqu'elle se tourne dans ma direction, ses yeux ne sont pas, comme à son habitude, bordés de larmes, elle semble juste déçue. Putain, je préfèrerai qu'elle me hurle dessus, qu'elle m'en mette une, qu'elle me fasse un sermon ou même qu'elle décroche un mot ; mais non. Son silence est décidément la pire des punitions face à mon énième mensonge. Merde, qu'est-ce que je peux être con, j'ai un sérieux problème, depuis le début de notre relation je ne fais que lui mentir, lui cacher des choses, lui raconter des bobards et elle m'a toujours pardonné, sérieux, à sa place j'aurais abandonné depuis longtemps. Une nouvelle ficelle de la petite corde retenant notre relation vient de se briser et j'en suis conscient. Combien de mensonges est-ce qu'elle me pardonnera encore ? Mais je ne peux pas tout lui dire, je ne peux pas tout lui avouer de moi, si je le faisais, elle me détesterai, me haïrai et je la perdrai à jamais. Il en est hors de question.

- Holly, bébé, dis quelque-chose, je t'en prie.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu m'as encore menti, Kerian. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu me mens sur des choses si... futiles ?

- J'avais peur que tu sois jalouse. Que tu penses que je suis allé voir une autre fille dans le seul but de faire ce que je faisais avant.

Tout ce que je dis est vrai, j'étais pétrifié, la première fois que je suis allé chez Charlie cette année, c'était pour fuir mes responsabilités, si je lui avais dit que j'étais avec une fille, elle n'aurait jamais cru que nous n'ayons fait que de parler de tatouages, de Val et d'elle. Jamais elle ne m'aurait cru, je ne mets pas en doute la confiance d'Holly à mon égard, mais je sais que j'aurais réagi de la sorte à sa place, surtout en connaissant la réputation que j'entretenais quelques mois plus tôt.

- Tu as raison.

Attendez, quoi ? J'ai raison ? Est-ce qu'Holly vient réellement de me donner raison alors que je lui ai menti ? Ce demi pardon m'inquiète bien plus qu'une énième engueulade, parce-que je sais que malgré tous mes efforts, elle abandonne petit à petit, sa main libère peu à peu la corde retenant notre couple. Je serais égoïste si je disais que sa réaction est exagérée, ou que je ne la comprends pas, mais bien que je repousse cette partie de moi, c'est exactement les restes de cette façade égoïste qui tente de la retenir pour la simple et bonne raison qu'en dépit de tout le mal que je lui inflige, malgré toute la douleur causée par ma faute, elle est la seule à me rendre heureux, la seule réussissant à me faire me sentir moi-même. Pas ce connard égocentrique que Luna a créé, ni cet abruti vicieux couchant avec tout ce qui bouge.