Chapitre 14

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Kerian

La fin de la semaine est passée et le bahut n'est qu'un putain de champ de bataille. Je n'ai jamais vu ce lycée tourner si mal entre bagarres à répétitions, exclusions et crépages de chignon quotidiens. La vie dans ce foutu bahut est devenu un véritable enfer. Le retour de Luna a dû leur refiler une migraine ou je ne sais quoi, mais putain tout ça devient invivable ! Je ne peux pas non plus croire que moi, Kerian Duchemin, puisse mettre tant de cœur à reconquérir mon adorable Holly. Qui l'aurait cru quelques mois plus tôt ?
Tandis que je suis adossé à mon casier durant la pause de dix heures en compagnie d'Owen, j'aperçois d'ailleurs ma blondinette se diriger dans notre direction avec ma crétine de sœur.

- Dis-moi, Jensen, tu as quelque-chose de prévu ce soir ?

Ma question semble la surprendre. C'est vrai, je ne suis pas du genre à inviter une fille à passer une soirée avec moi alors que nous sommes entourés, mais sa mine surprise me met d'autant plus mal à l'aise. Putain, depuis quand est-ce que je suis mal à l'aise devant une nana ?

- Rien, je crois.

- Bien, alors je viens te chercher à vingt heures.

Ses joues prennent une teinte cramoisie tandis qu'Owen et Rachel ne peuvent s'empêcher de me chambrer.

- Je trouve ça trop mignon !

La voix suraigüe de cette conne de Luna me file la gerbe. Une nausée me gagne à la minute ou je relève les yeux en direction de mon insupportable ex meuf. Qu'est-ce qu'elle fout accrochée au bras de Peter ? Finalement, ces deux-là s'accordent bien !

- Ta gueule, Luna.

C'est Peter qui fait un pas en avant, s'approchant dangereusement d'Holly. S'il ose l'approcher de plus près il se prendra mon poing dans la gueule.

- Je vois que la vidéo ne t'empêche pas de retourner avec ce cher Kerian, Holly. Putain ce que je l'envie. Tu avais l'air si... innocente. Mais tu sais ce qu'on dit. Plus la marchandise paraît innocente, plus elle s'avère chaude !

S'en est trop, je me rue vers ce connard de Peter avant d'attraper son crâne pour le faire se fracasser contre le cassier à ma gauche. Son front pisse le sang mais ça ne l'empêche pas de se relever pour me sauter dessus comme un chien enragé. Le cri d'Holly semble littéralement déchirer mon cœur et je dois me faire violence pour ne pas y porter attention. Hors de question que je le laisse parler de la sorte de mon Holly, de ma blondinette. Il me rue de coups avant que je ne reprenne rapidement le dessus, lui envoyant en pleine gueule mes meilleurs coups de poings et coups de coude. La main d'Owen agrippe mon tee-shirt pour me tirer hors de l'arène que nous venions de former, il est rapidement aidé par Jil et Sandy. Putain, l'envie de cogner ce connard ne me quitte pas. Ce n'est qu'au moment où j'aperçois Holly prendre ses jambes à son cou pour se diriger vers la porte du bahut que ma hargne s'estompe. Je sais pertinemment qu'elle doit en avoir plus qu'assez de mes bagarres, de toute cette violence. Je suis décidément la dernière personne avec qui elle devrait être, et pourtant, je suis bien trop égoïste pour la laisser trouver quelqu'un de mieux.

- Putain de merde, Holly attend moi.

Mon beuglement ne la fait même pas se retourner, je m'apprête à la suivre mais me ravise finalement en voyant Rachel ainsi que Sandy s'en charger. Luna ainsi que Peter quittent mon champ de vision et je me retrouve en compagnie d'Owen et Jil. Je sens une certaine gêne envahir Owen.

- Alors, Sandy se... porte bien ?

Je dois me retenir pour ne pas hurler de rire. Leur histoire était courue d'avance ! Non, sérieux, Owen est mon meilleur pote et ce petit con n'était de toute manière pas prêt à se remettre avec Sandy. Owen n'aurait pas pu supporter le fait de finir sa vie avec une fille ayant plus de couilles que lui ! Je crois bien que c'est la raison pour laquelle j'adore Sandy, pour ce caractère si singulier.

- Très bien. Enfin... j'imagine. Ce n'est pas comme si, elle et moi... tu sais.

La gêne de Jil me surprend. Je n'ai pas vraiment l'habitude de la voir si hésitante. D'ailleurs, ça me conforte dans l'idée qu'il se passe bien quelque-chose entre ces deux-là.
J'entraine les deux adolescents vers notre putain de salle d'histoire/ géographie rejoint par Sandy.

- Comment elle va ? Demande Owen à son ex.

- Elle va bien. Ne vous en faites pas pour ça.

- Qu'est-ce qu'on fait pour cette petite garce de Luna ?

La question de Jil me fait marrer. Jamais au grand jamais je ne me serais imaginé reformer le groupe, comme quelques années plus tôt, dans le but de faire fermer sa gueule à cette folle de Luna. C'est presque surréaliste !

- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse, Jil ? Si on la touche, elle porte plainte et on finit tous en taule, grogne Sand.

Jil se dandine sur sa chaise.

- Je suis bien trop mignonne pour aller en prison.

Nous explosons de rire à l'entente de cette remarque.

- Laissez-moi quelques jours, je trouverais une solution.

Les trois adolescents acquiescent d'un signe de tête.
Ce cours a été chiant et interminable, tout comme le reste de la journée d'ailleurs. Je n'ai pas réussi à trouver Holly dans le bahut alors pour faire passer cette journée de merde, je me rends au bar prendre un petit verre. Je crois l'avoir bien mérité, putain et dire que j'ai réussi à garder mon sang froid toute la journée sans en foutre une à la pétasse me servant d'ex.
Je me gare sur le parking et me marre à la vue de la Buick Riviera 1971 verte garée sur le parking. La même que monsieur Jensen. Du plus loin que je me souvienne, Owen et moi avons toujours rêvés de la conduire. Un rêve loin d'être au goût du principal, à notre grand malheur ! S'il savait qu'un autre type avait la même que lui, cet amoureux des objets vintages se grouillerait de rayer la peinture fraiche de cette caisse ! J'entre alors dans le bar ou je salue quelques habitués avant de finalement tombez nez à nez avec monsieur Jensen.

- Monsieur ? Qu'est-ce que vous fout... faites ici ?

Il rit.

- Je t'en prie, Kerian. Appelle-moi Bill !

Ma mine interloquée le fait de nouveau marrer. Rachel et moi avons toujours eu l'habitude d'appeler les parents d'Holly et Owen madame et monsieur Jensen. Ça a toujours été une marque de respect. Voyant mon air surpris, Bill reprend :

- J'avais bien besoin d'un verre après cette journée de travail. Tu te joins à moi ?

J'hésite un moment. Il est évident que si quelqu'un du bahut entrait dans ce bar, je me ferais lyncher sur le champ pour avoir bu un verre avec le dirlo. J'abdique finalement, il me faut de toute manière un verre. Bien corsé de préférence ! Je m'empare donc du tabouret sur ma gauche pour m'assoir au comptoir près de l'homme.

Soulmate - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant