Soulmate - Tome 2

Chapitre 73

Holly

La remise des diplômes vient tout juste de toucher à sa fin et j'ai tout le mal du monde à rester de marbre. J'ai envie de m'effondre, de pleurer toutes les larmes de mon corps, de supplier Kerian de rester, de ne pas prendre cet avion demain. Mais c'est impossible. Ce serait égoïste de ma part. Et alors que Kerian roule en direction d'Hollywood Beach, je dois me faire violence pour ne pas m'abandonner à mes émotions. Cette journée va être parfaite, cette journée rien qu'à nous sera le meilleure que nous n'avons jamais passé. Elle restera dans nos mémoires bien après que son avion n'ait décollé demain.

- Alors c'est terminé, murmure-t-il. Je suis diplômé, et... je me tire demain.

Je vois bien qu'il se trouve dans le même état que le mien. Et il ne suffirait que d'une phrase pour qu'il ne se décide à finalement rester.

- Ce ne sera jamais terminé. Nous deux, ça ne sera jamais fini.

- Comment est-ce que tu peux en être sûr ?

- Parce-que... je le sais. Et même si les choses tournent mal, on se retrouvera, on se retrouvera toujours.

Alors qu'il se gare sur le parking de la plage, j'ai de plus en plus de mal à retenir mes larmes. Qu'est-ce qu'il se passera, demain, une fois que je l'aurais accompagné à l'aéroport ?

- Demande le moi et je resterai, Holly. Tu n'as cas le demander.

- Non.

- Pourquoi ?

- J'ai envie que tu restes, Kerian. C'est indéniable. Mais il est hors de question que je te prive de ce que tu veux vraiment faire. Paris, cette école, c'est ton rêve.

- Je t'aurais empêché de partir si j'avais été à ta place.

- Je ne peux pas. Je ne peux pas être égoïste avec toi. Je t'aime, alors... je crois que je doit te laisser faire ce que tu veux vraiment.

Je bondis de la voiture et commence à me diriger vers le sable chaud.

- C'est toi que je veux, Holly. Seulement toi, putain. Pourquoi est-ce que tu ne me demandes pas de rester ? N'importe qui l'aurait fait.

- Bien. J'imagine que je vaux mieux que n'importe qui alors. Tu me détesteras si tu restes. Pas tout de suite, mais dans quelques années. Tu me haïras de t'avoir retenu ici, je sanglote. Est-ce que tu crois en nous ?

- Bien-sûr que j'y crois.

- Bien, alors tu dois y aller.

- Tu viendras me voir, à Paris ?

- Bien-sûr, à chaque vacances. Je te le promets.

- Épouse-moi.

- Quoi ?

Je déglutis. Est-ce qu'il a réellement dit ce que je pense qu'il a dit ?

- Je... pardon... j'ai pensé tout haut.

J'embrasse délicatement ses lèvres rosées avant d'observer son teint cramoisie. Je ne sais pas si c'est de la gêne ou de l'envie, mais son teint soudainement rougeâtre me fait craquer.

- Je t'épouserai à la seconde où tu auras finis tes études en France.

- Promis ?

- Promis.

Après m'avoir emmené manger une glace, Kerian et moi avons décidé d'essayer la fameuse vague artificielle. Disons que nous avons tous les deux passé bien plus de temps dans l'eau que sur la planche ! Cette activité était incroyablement drôle et je regrette même de ne pas en avoir plus profité avec lui avant son dernier jour. C'est exactement dans ce type de moment que l'on se rend compte de tout ce qu'on aurait pu d'autre faire avec la personne. Toutes nos disputes et nos ruptures me semblent si triviales maintenant et je regrette d'avoir passé la moitié de l'année à me prendre la tête avec cette histoire. En revanche, s'il y a bien une chose que je ne regrette pas, c'est bel et bien de m'être battue pour nous. En dépit de ce que Rachel pensait, en dépit de la haine de ma mère envers Kerian, en dépit des tentatives de Jil, Luna ou bien Peter pour nous séparer et même de ma pseudo relation avec Leo, Kerian et moi avons su faire face à tous ces problèmes. J'ai l'impression d'avoir mûri à vitesse grand V tout au long de cette année, et j'ai le sentiment que Kerian a bel et bien changé. Que toute sa façade obscure s'en est allée à la seconde où il m'a raconté toute la vérité pour cette Anna.
Après la vague artificielle, lui et moi nous sommes enfin décidé à aller nous baigner. Et j'ai, dans l'eau salée, passé le meilleur moment qu'il était possible de passer. Une certaine insouciance planait autour de nous tandis que nous nous amusions à nous arroser et nous noyer. Ses lèvres à l'arrière goût de sel sont parvenu à me faire oublier son imminent départ pour profiter de ses dernières heures de présence auprès de moi. Et tandis que nous regagnons nos serviettes pour lézarder au soleil, ce sentiment de joie n'a pas le moins du monde été entaché par l'idée de son absence très prochaine.

- Tu sais de quoi j'ai envie, Kerian ?

- De me faire l'amour, là, sur la plage ? Glousse-t-il.

- Non ! Il y a du monde autour. Tu es complètement cinglé ! Je voulais... prendre une photo.

- Une photo ?

- Oui, tu sais, de nous deux. On en a aucune.

Sa mine dépitée me fait rire. Kerian n'a jamais été du genre à prendre des photos. Ses parents devaient même le traîner jusqu'au lycée pour qu'il figure sur l'album de l'année. Et ça, encore cette année !

- Bon. Ok.

- Vraiment ?

Je sautille littéralement de joie.

- Oui. Seulement parce que je me tire demain, que je vais te manquer et que...

Je ne le laisse pas finir et le roue de petits coups sur le flanc droit.

- Ferme-là, Duchemin !

Il glousse alors que je sors le mobile de mon sac. Il faut que j'en profite tant qu'il est de bonne humeur !

- Souris, je souffle à son oreille en brandissant le téléphone devant nous.

Le voir ne pas effectuer le moindre sourire me fait rire.

- S'il te plaît !

Cette fois, il exécute le sourire le plus faux que je n'ai jamais vu. Je vois que monsieur ronchon s'apprête à pointer le bout de son nez. Je me dépêche donc de prendre la photo alors qu'il a repris une tête totalement stoïque puis embrasse ses lèvres une fois la photo prise.

- Tu vois, ce n'était pas la mer à boire !

- Tu sais de quoi, moi, j'ai vraiment envie, tout de suite ?

- De quoi ?

A vrai dire, son sourire sournois ne laisse aucune place à l'hésitation. Je sais pertinemment ce qu'il va me répondre. Et j'en ris d'avance.

- Te faire l'amour, ici, sur cette plage.

- Quoi ? Kerian, il y a du monde sur la plage !

- Mais personne dans l'eau. Tu viens ?

- Et si quelqu'un venait ? Non !

Il lève un sourcil avant de s'approcher d'autant plus de moi. Désormais tous les deux allongé sur la sable, je peux voir toute l'envie dans son regard. Il dépose une serviette sur le bas de mon maillot comme pour me cacher avant de finalement y glisser sa main. Sa main fraîche en contact avec ma fleur me provoque presque instantanément de petits électrochocs. C'est pas vrai, il ne peut pas faire ça ici, pas devant tout le monde.

- S'il te plaît, j'ai envie de toi. Maintenant.

Sa main caressant mon intimité sous mon bas de maillot à finalement raison de moi. Mais une soudaine envie de l'aguicher d'autant plus se saisit de moi.

- Bien, alors prouve-le moi.

Je lance des regards successifs entre lui et la serviette déposée sur le bas de mon ventre. Il ne lui faut pas dix secondes pour virer au cramoisie et finalement enfoncer deux longs doigts frais en moi. Je dois me retenir pour ne pas pousser un petit cri de contentement. Alors qu'il accélère la cadence, ses lèvres aspirent mon cri.

- Ok, ok, on y va.

Ma voix est tremblante alors qu'il continue les va et viens en moi.

- Je te rejoins, souffle-t-il à mon oreille en extirpant de son sac un petit sachet de préservatif.