Chapitre 26

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Kerian

Ce matin, c'est en sursaut que je me réveille, ne sentant plus la douce respiration d'Holly sur mon torse. Si elle avait finalement décidé de partir ? Si elle en avait marre de tout ça ? De toutes ces histoires, tous ces mensonges, toutes ces révélations. Est-ce qu'un jour je parviendrais à lui révéler tout de moi ? Est-ce qu'elle me le pardonnera encore une fois ? Mon cœur bat la chamade tandis que je cherche mon téléphone dans le but d'éclairer la pièce encore vide et me trouve finalement soulagé en la voyant complètement enroulée dans la couverture. Elle est si adorable, une brève envie de redessiner son doux visage sur le cahier qu'elle m'a offert pour Noël me traverse l'esprit, j'attrape donc le bloc ainsi que mes sublimes stylos puis m'atèle à la tâche tout en repensant à la conversation que j'ai eu avec Owen la veille. Le décevoir du plus profond de lui s'avère finalement pire que de me faire haïr de mon meilleur-ami. Cinq minutes de plus, et il m'en collait une, je n'aurais pas eu le cœur de me défendre car au fond je l'aurais mérité. Je n'arrive pas à croire que nous n'en soyons jamais réellement venus aux mains après la révélation du pari, s'il avait été question de Rachel, le type n'aurait plus de couilles, je peux vous l'assurer.
M'appliquant pour redessiner à la perfection les courbes de ses cheveux ainsi que les plis du tee-shirt m'appartement avec lequel elle dort, je n'arrive pas à croire que j'ai encore une fois failli la perdre à cause de cette pétasse de Luna. Je déteste m'engueuler avec Holly, je hais la faire souffrir et d'autant plus la décevoir, je ne la mérite pas, putain, non ! Si elle était sortie avec ce blaireau de Leo avant moi, peut-être que rien ne se serait passé. Putain, qu'est-ce que je raconter ? Tout se serait passé exactement de la même manière ! Et ce n'est pas ce connard fini qui m'aurait stoppé dans mon élan. Ce qui m'effraie, en revanche, c'est de me dire que la corde retenant notre couple se détériore à chacune de ces disputes de ce genre, et au fond de moi, je prie intérieurement pour ne pas en venir à bout et ne pas la casser, marquant la fin de cette idylle. Merde, qu'est-ce que je ferais sans elle ? Et pourtant, il me reste un tas de choix à faire, ne serait-ce que pour la France. Sérieux, qui refuserait les Beaux-Arts ? Qui aurait le cœur de refuser une école si prestigieuse ? Le studio de mon oncle situé dans un quartier chic de Paris fera amplement l'affaire pour finir mes études, je serais libre de mes choix, non, en fait je serais libre tout court ! Si je me décide à partir, si je décide de poursuivre mon rêve, qu'est-ce qu'on deviendra ? Des inconnus ? Des ennemis ? Ou est-ce que notre couple parviendra à survivre à cette nouvelle épreuve ?
Je n'ai pas le temps de réfléchir à d'autres choses que je me rends compte que j'ai fini mon croquis. Elle est sublime, même sur papier. Presque une heure a passé et je la vois enfin ouvrir difficilement ses petits yeux en amande. Je pourrais rester là à l'observer toute la journée, elle parait si innocente, comme si son sommeil parvenait à la libérer de toutes les souffrances que mon Holly ressent ces derniers temps.

- Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Ronchonne-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de rire en la voyant se débattre avec une mèche de cheveux lui arrivant devant les yeux.

- J'ai pas le droit ?

Elle grogne avant de grimper sur moi, à califourchon.
La voir devenir de plus en plus à l'aise avec moi tout comme avec son corps me comble de joie. Il y a quelques mois, elle n'aurait pas osé me monter dessus de la sorte !

- Qu'est-ce que tu fais ? Je murmure à son oreille tout en déposant de doux baisers le long de son cou.

- J'ai... envie de toi.

D'un revers de main, elle retire le tee-shirt couvrant sa chaire, se retrouvant en simple soutien-gorge face à moi. J'apprécie la vue de la petite dentelle noir couvrant sa poitrine à la perfection.
Sa main se glissant sous mon caleçon éveille mon membre à la seconde même ou sa paume l'effleure. Cette soudaine confiance en elle de la part d'Holly me ravie littéralement, car il est vrai que son petit côté enfantin peut parfois m'exciter, mais cette Holly, la Holly coquine et sûre d'elle pourrait avoir raison de moi en bien moins de temps que ce que je n'ose m'avouer. J'ai parfois l'impression que nos meilleurs rapports sexuels sont ceux suivant une dispute, cette idée me fait brièvement rire en me remémorant ses petits cris de jouissances hier soir, sur Hollywood Beach. Qui aurait cru qu'un simple bain de minuit finirait comme ça ? Non, en réalité nous le savions si bien l'un que l'autre !
Ses dents mordillant ma lèvre inférieur tandis qu'elle continue d'agiter sa main sous mon caleçon m'excite au plus haut point. S'il n'y avait personne à la maison, je la retournerais et lui ferais l'amour si intensément qu'elle ne pourrait pas même envisager l'idée de rester silencieuse. Et alors que je me retiens de venir à bout de mon idée, la porte de ma chambre s'ouvre brusquement, laissant apparaître un Lucas souriant. Ma colère monte en flèche tandis que son sourire s'efface et qu'Holly laisse échapper un petit cri strident.

- Putain de merde, dégage d'ici espèce de connard !

Mon grognement le fait faire volte-face dans la seconde, je couvre Holly de ma couverture avant de bondir du lit. Je vais lui fracasser la gueule. Putain, il ne peut pas voir Holly en soutif, pas elle, il ne peut pas, il n'en a pas le droit et il doit payer. J'enfile un short en jersey tout en ignorant les remarques d'Holly, tentant de me calmer tant bien que mal. Je dévale ensuite les escaliers, retrouvant ce connard dans la cuisine, près de ma mère.

- Espèce de connard.

J'attrape la nuque de Lucas avant de tirer ce con et de le projeter contre un mur.

- Pardon, je ne savais pas qu'elle était là, je te jure, Kerian...

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et m'empare de nouveau de son cou, sous les cris stridents de ma mère, tentant de me séparer de Lucas.
Ce n'est qu'au moment où Holly s'interpose entre ce connard et moi que je finis par lâcher prise. Putain, il mériterait que je le tue pour l'avoir vue dans cette tenue. Lorsque je fais volte-face, mon regard se pose successivement sur ceux de ma mère et de ma sœur, elles semblent abasourdies et prises au dépourvu. Il est vrai que cette réaction peut paraitre exagérée lorsque vous ne connaissez pas le début de l'histoire, mais j'ai eu raison de réagir comme ça, je suis en droit de lui casser la gueule. Non ?

- Kerian...

Ma mère est à bout de souffle, des larmes ruissellent sur ses joues et ses mains sont tremblantes. Fait chier, j'aurais dû le faire dans son dos.

- Mon ange, calme-toi, s'il te plaît.

Le murmure d'Holly désormais face à moi me fait enfin redescendre, je ne sais pas si cette accalmie provient de son regard apeuré ou bien de sa voix rassurante mais quelque-chose chez elle me permet d'enfin me calmer.

- Pardon... maman, je souffle tout en faisant un pas en arrière, fais demi-tour et reprend. Et toi, n'entre plus dans ma chambre.

Cette dernière phrase adressée à Lucas lui fait exécuter un hochement de tête. Je peux distinguer la peur dans son regard, la frayeur dans la rapidité de sa respiration, il est tétanisé. J'imagine qu'il ne s'attendait pas à se faire botter le cul par son cousin de si bon matin.
Rachel s'avance vers Lucas, prend son avant-bras et le tire jusqu'à la salle de bain sans doute pour retirer le sang commençant à couler derrière son crâne. Putain, ce connard a mis du sang parterre, et qui va devoir nettoyer ? Moi, bien-sûr !

- On devrait monter, suggère Holly.

Elle caresse le visage de ma mère, encore blême puis agrippe ma main. Je suis étonné qu'elle ne soit pas en rogne, qu'elle ne me fasse pas un sermon sur ma « violence non fondée », prônant l'innocence de ce connard.

- Tu es complètement fou, Kerian !

Ah, ça y est, on y est...

- Ce connard le méritait, il t'a presque vu nue !

Elle glousse avant de déposer ses lèvres sur le miennes alors que nous nous apprêtons à franchir les marches.

- Je n'ai pas dit le contraire, n'empêche, tu es un petit con, et un grand malade !

Je pouffe de rire à mon tour puis agrippe ses hanches.

- Il me semble qu'on était occupés, avant que ce connard ne se pointe.

La voir passer délicatement sa langue sur sa lèvre inférieure manque de me faire perdre tout contrôle. Putain, elle sait très bien qu'elle me rend fou quand elle fait ça, elle me cherche, et ça me plaît d'autant plus ! Mais alors que nous nous apprêtons à monter les marches, la sonnette de l'entrée se fait entendre. Putain, je ne vais donc jamais réussir à faire plaisir à ma copine ? Cette journée commence mal. Pas du tout motivé à l'idée de paraître agréable et heureux d'accueillir une quelconque personne, j'ouvre la porte avec dépit et croit halluciner en voyant la silhouette sur le pas de la porte. Je suis foutu, je suis dans la merde, putain, fait chier, encore quelque-chose dont j'ai totalement oublié de parler à Holly. Cette dernière se glisse d'ailleurs devant moi, faisant face à la grande brune aux cheveux d'un noir corbeau et tatouée de la tête aux pieds.

- Salut, tu dois être Holly, moi, c'est Charlie !

Le visage d'Holly se décompose en entendant le prénom de la grande brune. J'aurais dû lui avouer que Charlie était une fille depuis le début, je n'aurais jamais dû lui mentir là-dessus. Et c'est ainsi, que tout semble s'écrouler pour la énième fois. Le choc d'Holly semble alors laisser place à une insoutenable tristesse suivi d'une indéniable déception à la seconde ou son regard croise le mien.

Soulmate - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant