Soulmate - Tome 2

Chapitre 56

Holly

- N'y va pas. Ça n'en vaut pas la peine, murmure Charlie en voyant la réaction.

Ça n'en vaut pas la peine ? Cette petite garce à brisé mon couple avec Kerian et je devrais la laisser s'en tirer ? J'en ai plus qu'assez de passer pour la nana trop gentille et pacifiste. Marre de la petite fille sage, il est plus que temps que quelqu'un remette cette pétasse de Luna à sa place.

- Ça, c'est toi qui le dit.

Là-dessus, je bondis de ma chaise pour me ruer vers elle. Elle ne m'a pas quitté des yeux depuis une bonne minute. Elle me cherche et je le vois, je le sens. Seulement, elle croit que cette fois, je me défilerai.

- Holly ! Quelle bonne surprise ! Tu n'es pas avec Kerian ? Glousse-t-elle.

- Toi non plus visiblement. Dis moi Luna, qu'est-ce qu'il en pense, Peter, de tout ça ?

Le grand métisse s'interpose entre nous, me poussant en arrière.

- Ferme-là, Jensen.

- Non, je dis ça parce-que c'est évident qu'il est fou de toi ! Je veux dire, tu crois qu'il agirait comme un bon petit toutou s'il n'avait pas une raison.

- Tu me cherche ? Grogne-t-il.

- D'ailleurs c'est plutôt drôle en sachant que c'est lui qui a convaincu Kerian de te quitter quelques année en arrière. Il était vraiment prêt à tout !

Le visage de Luna blêmit.

- Tu mens, beugle-t-elle avant de m'assigner une énorme gifle, sous les hurlements des clients du bar.

- Kerian ne t'aimera jamais. Tu es pourrie jusqu'à la moelle, tu ne ressens rien et tu fais du mal par simple plaisir. Mais tu sais quoi, j'ai pitié de toi. J'ai pitié que l'espace d'un instant tu aies pu croire que Kerian ou Jil t'aimeraient encore après ton retour. La vérité, c'est que la seule raison pour laquelle ils t'aimaient, c'est parce-que tu les manipulaient. Et maintenant, les voir heureux sans toi te fout la rage. Ça te met en rogne parce que tu sais pertinemment que personne ne t'aimera jamais comme Sandy aime Jil, comme j'aime Kerian. Et ça, ça te détruit.

Je suis moi même étonnée du calme avec lequel je lui ai répondu étant donné la claque que je viens tout juste de me prendre.
Ses yeux sont luisants et son corps tremble, je peux voir le noir de son mascara couler sous ses yeux et son visage virer au cramoisie. Et avant que je n'ai le temps de continuer, cette dernier s'élance sur moi dans un hurlement sans nom.
L'arrière de ma tête cogne l'un des tabourets de bar avant que je ne vienne m'étaler sur le sol. Elle m'assaini de coups alors que j'essaye de me protéger le visage. Je peux sentir du sang couler sur l'arrière de mon crâne, il faut que je fasse quelque-chose, je ne la laisserai pas gagner. Tentant le tout pour le tout, je me saisis de sa longue chevelure avant de faire se heurter son crâne contre le bar près de nous. Elle hurle tandis que je me positionne sur elle, la rouant de coups à mon tour. Son nez est en sang et sa lèvre fendue. J'en suis plutôt fière. Du coin de l'œil je peux apercevoir Charlie maîtriser Peter tandis que ce dernier tente de s'élancer sur moi pour défendre Luna. Je me marre intérieurement.

- Lâche-moi espèce de petite pute.

Le hurlement de Luna fait enfin bondir de leurs chaises les quelques clients du bar. Et en moins de deux minutes je me retrouve propulsée de l'arène par le barman.

- Merde, toi et Kerian vous avez vraiment un problème !

Il rit à moitié en m'aidant à me relever.
Charlie se rue dans ma direction avant d'attraper mes joues pour jeter un œil à mon visage sûrement en sang. Je le devine à la mine de dégoût se dessinant sur son visage. J'imagine que ça ne doit pas être très beau à voir !

- Il faut qu'on aille te soigner.

Le barman se saisit des bras de Peter et Luna avant de les pousser à l'extérieur du bar avec une force et une violence monstre. Je ne peux m'empêcher de jeter un œil aux quelques taches de sang jonchant le sol du bar. C'est un ring de boxe et non un restaurant qu'ils auraient dû ouvrir à l'étage étant donné toutes les bagages ayant eu lieu ici depuis le début de cette année !

- On a cas aller chez moi.

- Non. On va chez Kerian. Maintenant.

Charlie se saisit de mon bras avant de me tirer jusqu'à l'extérieur du bar puis à sa voiture. Mon visage ainsi que me cotes me font affreusement mal et mes poings sont en sang. C'est drôle, pour une fois que ce n'est pas Kerian !
Je dois me faire violence pour ne pas me mettre à hurler durant tout le trajet nous séparant de la maison des Duchemin. Ma tête tourne, et l'arrière de mon crâne me fait plus mal que jamais. En plus de tout ça, j'angoisse de me rendre chez Kerian. C'est vrai, la dernière fois que je l'ai vu il donnait raison aux propos de ma mère. En réalité, il ne lui a pas vraiment donné raison, il s'est contenté de partir, mais je ne peux m'empêcher de me dire que désormais il doit penser la même chose. Et si c'était le cas ? Est-ce qu'il me laissera rentrer chez lui ? Est-ce qu'il s'occupera de moi quand nous arriverons ? Est-ce qu'il voudra même m'ouvrir la porte ?

- Holly, tu m'as entendue ?

- Quoi ? Non. Désolé.

- Ton crâne. Tu pisses le sang. Je devrais t'emmener à l'hôpital.

- Non ! Pas la peine je... je vais bien.

Je doute fort que ma mère et mon père soient vraiment heureux de venir me récupérer à l'hôpital suite à une bagarre dans un bar ! J'imagine que la haine que me porte ma mère se retrouverai même décuplée !
Alors que Charlie se gare enfin devant la maison des Duchemin, mon cœur s'emballe et ma respiration se coupe. Est-ce que je dois vraiment y aller ? Est-ce que je ne devrais pas plutôt écouter Charlie et aller à l'hôpital ? Non. Hors de question que je ne me défile encore. Je dois avoir une discussion avec Kerian, pas entre deux verres, pas au réveil ni entre de crises de larmes. J'imagine qu'après une bagarre n'est pas le meilleur moment, mais il le faut. J'en ai besoin. J'ai besoin de lui, que je le veuille ou non.
Charlie contourne la voiture pour venir m'ouvrir la portière passager avant de déposer mon bras sur son épaule. Elle m'aide à marcher jusqu'au porche des Duchemin, je vois bien qu'elle tente de cacher une mine de dégoût à la vue du sang ruisselant dans ma nuque.

- Putain, j'espère que cet idiot sait coudre.

Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire en m'imaginant Kerian, une aiguille à coudre à la main.
Elle frappe violemment à la porte tandis que je tente tant bien que mal de ne pas tomber dans les pommes. Je sens mes yeux se fermer a mesure que le sang dégringole le long de ma nuque, parcourant mon dos pour finalement se fracasser violemment contre la pierre sur le sol.
Il nous faut bien attendre deux bonnes minutes avant que la porte ne s'ouvre finalement sur un Kerian à bout de souffle.

- Holly ? Putain de merde, qu'est-ce qu'il t'es arrivée ?

Je ris. Pourquoi est-ce que je me marre ? Il n'y a aucune raison de se marrer ! Surtout pas en ce moment.