Soulmate - Tome 2

Chapitre 25

Holly

La douleur tout au fond de moi m'assaille si fort que l'espace d'un instant j'ai la vague impression de m'écrouler sur le sol. J'en ai plus qu'assez d'apprendre continuellement de nouvelles choses sur le passé de Kerian, sur ce qu'il pensait de moi, sur ce que je représentais réellement pour lui. Pourquoi ? Pourquoi tout ne peut-il pas être si simple que toutes les histoires d'adolescents banales ?
Lorsque je rentre dans la chambre de Jil, je dois me trainer jusqu'à son lit, mes jambes me lâchent avant, me faisant littéralement m'écrouler sur le sol. Je suis ridicule, je me sens stupide de ne pas pouvoir supporter cette révélation après toutes les autres, je me sens bête de ne pas, encore une fois, réussir à paraître forte bien que je sois brisée de l'intérieur. Désormais adossée au pied de lit de la rouquine faisant irruption dans la chambre, je ne peux m'empêcher de me demander quand est-ce que tout ce calvaire s'arrêtera.

- Holly, relève-toi.

La voix de Rachel sonne comme un murmure, comme une douce voix dans ma tête. Elle est face à moi, et pourtant c'est comme si je ne pouvais pas la voir, comme si je ne parvenais pas à percevoir toutes ces filles venant d'entrer dans la pièce, comme si je n'arrivais pas à me rendre compte de la présence de mes amies dans cette chambre. Et bien que je sente ma gorge se nouer au possible, aucune larme ne semble parvenir à couler le long de mes joues, rien, pas une goute.

- Ma belle, on est là, relève toi, s'il te plaît.

C'est la voix de Sandy qui parvient enfin à me sortir de ma semi transe, ou plutôt le contact de sa douce main se posant délicatement sur mon avant-bras. Je me relève, distraite, avant que Sandy ne me fasse asseoir sur le lit de Jil.

- Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'elle me déteste autant ? Je sanglote tout en agrippant la main de Rachel, venant de s'asseoir près de moi.

- Ce n'est pas que toi, Holly, elle déteste tout le monde mise à part Kerian, souffle Jil.

Je ne me suis pas encore faite à l'idée que Jil soit passée de notre côté, qu'elle ne me haïsse plus et ne veuille plus détruire mon couple ! Je crois que je ne remercierai jamais assez Sandy pour ce changement radical.

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait à toi ?

Je n'ai pas la moindre envie de parler plus longtemps de Kerian et de ce qu'il pensait de moi quelques années plus tôt. Je ne veux plus m'écrouler comme je l'ai fait, paraître faible. Il faut que je paraisse forte et désintéressée, même si ce n'est pas le cas. Peut-être qu'à la longue, je finirais moi-même par croire à ce mensonge !

- Elle a... couché avec mon frère juste avant de faire circuler la rumeur que j'étais une allumeuse frustrée par sa sexualité.

- Attend, quoi ? S'étrangle Rachel.

Evy prend place à côté de moi tandis que la main de Sandy se glisse dans celle de la rouquine.

- Elle... disait que coucher avec des garçons était la seule chose que j'avais trouvé pour refouler mon côté lesbienne. Elle et moi, il y a eu une époque où nous étions très proches, elle m'a fait croire qu'elle voulait sortir avec moi dans le seul but de se prouver à elle-même qu'elle pouvait si bien séduire des garçons que des filles.

La discussion avec Sandy quelques mois plus tôt me revient en tête, il est vrai que j'avais déjà eu vent de cette histoire dégoûtante et humiliante pour Jil. Qui aurait cru qu'un jour, je puisse avoir de la pitié pour elle.
Ma colère s'efface à mesure que j'écoute tout ce que cette petite garce a fait endurer à Sandy, Jil ou encore Evy. C'est assez paradoxal, mais entendre tout ça m'apaise. Peut-être parce-que je me rends compte que son influence a sans doute jouer dans les « aveux » de Kerian à cette dernière quelques années plus tôt. Mais cette forme de manipulation de permet tout de même pas à évincer la totalité de ma colère. La dispute que Kerian et moi avons eu peu avant la découverte du pari me revient soudainement en tête ; « Je te préférais quand tu étais grosse », pourquoi aurait-il dit ça s'il me critiquait sur mon poids à longueur de journée face à Luna ? J'ai toujours eu du mal à croire au fait qu'il me préférait ronde pour la seule et unique raison qu'aucun garçon n'avait envie de m'approcher à cette époque.