Soulmate - Tome 2

Chapitre 46

Holly

Il est presque sept heures trente lorsque je me réveille, hurlant à la mort au beau milieu de la chambre d'amis de Leo. Je suis sur le sol, à un bon mètre du lit, les genoux repliés contre moi même. Les larmes perlant sur mon visage et ma mine effrayée semblent secouer Leo du plus profond de lui même à la seconde où ce dernier pénètre dans la chambre.
Il accourt dans ma direction, me saisissant à la taille dans le but de me faire asseoir sur le lit.

- Un cauchemar ? Souffle-t-il en s'accroupissant face à moi.

- Ce... ce n'est rien.

Je renifle bruyamment tout en essuyant mes joues à l'aise de la manche de mon sweat-shirt.

- Ça n'avait pas l'air d'être... rien.

- Leo... s'il te plaît. Je n'ai aucune envie d'en parler. Pas aujourd'hui.

J'apprécie le fait qu'il veuille m'aider, surtout après tout ce que je lui ai infligé, mais je n'aime pas vraiment le fait qu'il essaye de s'immiscer dans mes songes. Elles n'appartiennent qu'à moi.

- Bien. Tu as raison, pas aujourd'hui. C'est un jour très spécial.

- Comment ça ?

Un jour spécial ? Je n'ai même pas la moindre idée de quel jour nous sommes !

- Joyeux anniversaire Jensen ! Glousse-t-il en saisissant, derrière la porte de la chambre, une boîte de taille moyenne affreusement emballée d'un hideux papier cadeau vert à poids rouges.

Je ne peux m'empêcher de rire à la vue du piètre emballage du cadeau. Mais cette éclat de rire est rapidement balayé par un retour à la réalité; mon anniversaire, je n'y avais même pas pensé.

- Ne te moques pas de moi ! Il est dans mon armoire depuis plusieurs mois !

Plusieurs mois ? Quelles étaient les chances pour que je me retrouve là le jour de mon anniversaire ? Et pourquoi est-ce qu'il l'a gardé après tout ce temps ? Après nos disputes ? Tout le mal que j'ai infligé à Leo me soulève le cœur. Il avait peut-être raison, j'aurais dû le choisir. J'aurais dû écouter mon cerveau, opter pour la facilité, pour celui qui ne m'aurait pas fait souffrir. Je me sens stupide d'avoir succombé une nouvelle fois au charme de Kerian. Je me sens stupide de m'être obstinée à croire en notre histoire alors qu'elle était de toute évidence vouée à l'échec. Là-dessus, c'est Owen qui avait raison, j'aurais dû l'écouter aussi. Il connaissait Kerian bien mieux que moi, et j'ai préféré n'en faire qu'à ma tête, brisant peu à peu l'époustouflant lien me reliant à mon frère, la sublime amitié que j'entretenais avec Rachel. Et tout ça, rien que pour un type égoïste et égocentrique. Je ne suis qu'une stupide gosse naïve.

- Holly, regarde-moi, chuchote-t-il en me faisant me relever. Oublie les cours pour aujourd'hui. Toi et moi, on va passer une superbe journée sur Hollywood Beach. Et ce soir, on ira au restaurant. Je t'invite.

- Je... j'ai une soirée, je veux dire... je devais fêter mon anniversaire avec Owen, Rachel et les autres.

Il passe délicatement sa main sur ma joue avant d'attraper une mèche me retombant devant les yeux, il dépose soigneusement cette petite mèche derrière mon oreille tout en soupirant bruyamment.
Mon regard se pose à nouveau sur la boîte avant que je ne relève mon regard en direction de son doux minois. Sa mine déçue me fend le cœur.

- J'imagine que je n'ai pas vraiment la tête à une quelconque soirée.

Là-dessus, il affiche un large sourire dévoilant toutes ses dents d'un blanc immaculé tout en me tendant enfin la boîte toujours dans sa main.

- Ouvre-le !

Je me saisis du cadeau avant de déchirer le papier avec un enthousiasme fou. Cet impressionnant enthousiasme se dissipe cependant à la seconde où je découvre enfin le présent, une robe rose. A vrai dire, la découpe de la robe est sublime, le modèle à tomber et la petite fente au niveau de la cuisse droite est exquise. Je ne peux cependant m'empêcher de remercier les Dieux que Leo ait opté pour un rose poudré plutôt qu'un rose bonbon ! Mais bien que cette touche rassurante balaye une certaine déception, je ne vois en cette robe qu'un tissu rosâtre, une couleur que j'ai toujours haï.
Je dois me faire violence pour ne pas montrer ma déception, d'autant plus à la vue de la mine plus qu'enjouée de Leo. Briser ce contentement m'arracherai les cœur.

- Tu aimes ? Je veux dire... c'est du rose, c'est une valeur sûre j'imagine !

J'hésite une seconde entre rire de sa blague totalement clichée ou bien lui faire fermer son clapet. Et pour notre bien à tous les deux, je décide finalement de ne rien dire, me contentant de hocher la tête de bas en haut avec une mine faussement ravie.

- Parfait, elle sera parfaite pour ce soir !

J'avale ma salive de travers. Il est vrai qu'il y a bien une chose à laquelle je n'ai pas le moins du monde pensée, je vais devoir la mettre cette robe, je vais devoir porter ce rose poudré durant toute une soirée et faire comme si j'étais absolument à l'aise avec cette hideuse colorie.

Il est presque vingt-heures lorsque je finis de me préparer. Pas du tout bottée à l'idée d'exhiber ma nouvelle robe, je dois me faire violence pour enfin sortir de la salle de bain.
Durant toute cette journée passée à Hollywood Beach, j'ai dû filtrer au moins une dizaine d'appels de la part de Jil et Sandy ou encore mon frère. Je m'en veux énormément, mais je ne peux pas leur expliquer la situation, il est hors de question que je leur devoir être chez Leo ou bien en sa compagnie en ce moment même. Je n'ai pas pu me résoudre à filtrer ceux de Rachel. Elle est par ailleurs la seule à connaître la vérité, et bien qu'elle m'ait passé un savon pour ne pas m'être « réfugiée » chez elle, elle a vite compris que la situation était bien trop compliqué pour que je me décide à cohabiter avec mon ex petit-ami durant une durée indéterminée.

- Tu es... wow, tu es magnifique.

Le compliment de Leo à la seconde où je dévale les escaliers pour le rejoindre dans l'entrée me va droit au cœur. Bien que j'ai cette couleur en horreur, il se peut qu'elle ne m'aille pas si mal.

- Merci ! Tu... n'es pas mal non plus ! Je glousse en admirant sa chemise blanche presque cachée sous sa veste en cuir.

Il se marre avant de m'ouvrir galamment la porte, un sourire aux lèvres et une éternelle mèche tombante !
Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je ne devrais pas, je devrais être chez Rachel en train de déverser toutes les larmes de mon corps devant un stupide film à l'eau de rose pendant qu'elle me réconforterai en insultant son frère de tous les noms ! Et pourtant, me voilà sur le point de fêter mon anniversaire au restaurant avec mon ex petit-copain comme si de rien n'était, comme si ce trou béant dans mon cœur n'existait pas. Finalement, peut-être que je m'y suis habituée. C'est peut-être finalement pour cette raison que je suis cette fois parvenue à ne pas m'effondrer à la vue de mon tatouage. La douleur s'est peut-être enracinée si profondément en moi qu'elle en est devenue presque banale. Je trouve cette supposition horriblement triste, trop triste pour une soirée d'anniversaire.