Toutes les blessures ne se soignent pas

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Derrière moi, j'entendis les talons claqués. Pas ceux de Betty, non. Ça devait être Veronica et vu la voix qui résonnait, elle était accompagnée d'Archie. En temps normal, j'aurais séché mes larmes et me serait relevé en cachant mes émotions, mais là, à ce moment là, je n'avais pas envie. Pas la force. Les derniers mots de Betty tournaient en boucle dans ma tête, et mes membres semblaient si lourds.

Je sentais les douloureuses larmes rouler sur mes joues et s'écraser sur le sol, ainsi que ma respiration se bloquer. Des sanglots m'empêchaient de parler et j'étais comme cloué, là, sur le sol froid qui semblait dévorer mes jambes petit à petit.

- Jug' ! Qu'est-ce qui s'est passé ?! Dit-il en se mettant devant moi.

Faiblement, je relevai le regard dans sa direction et projetai toute ma douleur, mes remords et ma souffrance dans le regard de mon ami. Puis, d'une voix sans joie et monotone, je dis simplement ses mots.

- Elle était la seule raison qui me permettait de garder la tête haute pendant tout ses assauts, toutes ses moqueries, tout ces coups... Mais je me suis précipité... Je lui ai dis ce que je n'aurais pas dû dire... Et je viens de perdre mon seul et unique amour... Parce que j'ai été trop con...

- Quoi ? Mais de quoi tu parles Jughead ? Tu es amoureux? Mais de qui?

Veronica et Archie échangèrent un regard inquiet et intrigué avant de me laisser répondre à leur question.

- De qui je suis amoureux, Arch'? De Betty Cooper. De la reine des serpents. De la femme la plus inacessible que j'ai pu trouver.

À ces mots, mon coeur se brisa un peu plus. Le monde me paraissait flou, embué par les larmes et sourd par les souvenirs qui hantait à présent mon esprit. Archie ne réfléchit pas et me prit dans ses bras, Veronica également. Depuis notre enfance, il ne m'avait jamais vu pleurer. C'était sûrement la première fois, et la plus douloureuse. C'était mon meilleur ami, et selon son expression faciale, me voir pleurer lui transmettait une partie de la douleur que je ressentais, et la lui faisait partager.

Après cet événement, je séchai le reste de la journée, et m'isolai, seul, dans la chambre sombre de mon mobil-home.  Archie, Veronica, Kevin et même Polly essayaient souvent de m'appeler, mais je ne bougeais pas. Il me suffisait d'appuyer sur le petit bouton rouge, et le tour était joué. Je n'avais envie ni d'entendre leur voix, ni d'écouter leurs phrase bidon qui étaient censés me rassurer. Pas envie qu'on me rabâche les mêmes "Tu en trouveras d'autres", "Ça va aller", "C'est rien, juste un râteau !".

À mes yeux, c'est la femme de ma vie que je venais de perdre. C'est la seule personne que je n'avais jamais aimé d'amour dans toute ma vie, et elle venait de partir. De me repousser.

Elle m'avait demandé de m'en aller, de l'oublier. De faire comme si elle n'avait jamais existé. Mais au final, tout ces mots étaient impossible à réaliser pour moi. Elle était là, chaque seconde, à résonner dans un coin de mon crâne. Elle avait changé ma vie, et l'avait marqué comme un fer rouge sur une peau blanche. Elle était tout ce que je voulais, et occupait la plus grande place que tout mon cœur pouvait occuper.

J'avais souffert, dans ma vie. Ça, c'était une certitude. Mais jamais autant. Jamais ainsi. Jamais je n'avais ressenti cette relation, ces regrets. Comme si j'avais tout échouer, comme si sans elle je n'étais rien, comme si en partant elle avait prit une partie de moi, une partie de Jughead Jones.

Au final, Elizabeth Cooper était une partie de Jughead Jones. Bughead, comme disait Kevin... C'était si beau. Mais je devais m'y attendre. Comment quelqu'un comme moi, le "weirdo", le gars au bonnet du fond de la classe, le "loser", pouvait espérer être aimer de la reine des serpents, de cette femme si redoutable, si belle, si impressionnante, si parfaite.

J'avais eu la chance de contempler la perfection, un ange tombé du ciel. Maintenant, tout me paraissait si fade. Si noir. Si triste. C'est comme si quand Betty était sortie de mon champ de vision, la joie s'en était allée elle aussi. Mes espoirs, ma positivité et mon sourire. Il ne restait que la peur, la tristesse, la haine, la souffrance. La haine envers qui ?

Moi. Pour avoir été aussi naïf, aussi bête. J'avais joué avec le feu et alors que je pensais l'avoir "calmer", je m'étais brûler au troisième degré. Comme si dans un sens, j'avais cherché cette douleur. Comme si je l'avais voulu. Après tout, c'était de ma faute. On m'avait prévenu. Mon père, mes amis, et tout ceux qui m'entouraient.

Mais j'avais foncé, volontairement, en plein dans l'incendie. Je m'étais... Tué en quelques sortes. Et pour une fois, je le méritais.

Le lendemain, je séchai toute la journée. Je n'avais ni l'envie, ni la motivation de venir. Bizarrement, personne ne m'appela de la journée. Ils devaient avoir compris.

Le sur-lendemain, je décidai d'aller en cours. Le réveil fut difficile, et j'eus du mal à me lever de mon lit. Je m'habillai et sans même manger, empoignai mon sac et me dirigeai vers l'école. Riverdale High était vite passé d'un simple lycée à un véritable enfer. Non seulement il y avait mes harceleurs, mais maintenant aussi Betty. Je sentais que malgré la présence de mes amis, je n'allais pas tenir. J'étais à deux doigts de craquer, alors maintenant, les attaques de Reggie et de sa bande allait faire mal. Très mal. Je n'étais pas devin, mais je savais comment ça allait finir.

Et je ne m'étais pas trompé.

Quand j'arrivai à mon casier, il semblait avoir été nettoyé. Il n'y avait plus une seule photo et il était réparé. Ce n'était maintenant plus qu'un casier banal, entouré de ses copies conformes crée dans le métal. Quand je me retournai, aucun ennemi se présenta à l'horizon. Seulement des élèves, tous les un et les autres collés entre eux comme des automates, tous si ordinaires, si basiques. Voilà comment je voyais à présent le monde. Fade.

J'arrivai au Blue & Gold, et constata que tout était en ordre, étrangement. Seul un ordi était allumé, et montrait un de mes articles. L'article que je devais poster dans la semaine, que j'avais fini la dernière fois que j'étais venu au collège.

Et soudain, j'eus mal. À la côte. Cette fameuse côte, qui avait été fellée pendant que les Bulldogs me tabaissait. Avec tout ce qui s'était passé, j'en avais presque oublier ce soir là. Pourtant mon corps, lui, non. Et soudain, je me souvins de tout. De cette douleur physique, de mes doigts se brisant, du cocard qui m'avait aveuglé, des dernières paroles que j'avais entendu avant de me réveiller à l'hôpital.

"Mon dieu Juggie, reste avec moi !"

Me rappeler de sa douce voix et de la manière dont j'avais senti ses bras m'entourer avant de tomber dans les pommes me donnai la sensation qu'un poignard me transperçait le cœur, et je pris une grande respiration pour retenir mes émotions.

Le souvenir de la discussion avec mon père monta à son tour, et je jetai la chaise par terre en un hurlement rageux. Quand la tristesse lié à l'amour est trop puissant, il se transforme généralement en haine.

N'ayant pas le moral d'écrire où de quoi que ce soit, je m'asseyai, le cœur lourd. Mais c'est quand je me posai sur la chaise que la porte du Blue & Gold grinçai. Jason Blossom se tenait là, dans l'entrée, un sourire mesquin sur le visage.

Immédiatement, je me levais, mais il secoua lentement la tête, comme pour me signifier que c'était inutile.

- Je ne viens pas là pour te nuire, Jughead.

- Alors tu viens pour quoi, hein ?!

- Pour te prévenir... Te prévenir d'une chose...

Tu es arrivé en enfer, Jughead Jones.

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Que Jason, Reggie et les autres prévoient de faire à Jughead ?

Et se remettra-t-il de cet incident...?

Love u ❤

La Reine des Serpents (Bughead)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant