Voilà maintenant deux semaines que je me retrouve entre ses murs. Etant tellement fracassée la première nuit, je n’ai pas pu comprendre les nuits, enfin, surtout savoir si elles sont comme dans le centre de redressement ou son total opposé.
En même temps que les bleus disparaissent, je me promets intérieurement de leurs faire payer, peu importe ce qui se passera par la suite.
Néanmoins, ce qui me surprend le plus, c’est qu’ici, nous avons aucune obligation de nous lever, nous avons le petit déjeuner bien-sûr, mais si nous tenons à nous recoucher après il n’y a aucun problème.
Si nous le souhaitons, il y a aussi quelques activités à faire dans l’enceinte de l’établissement, ça peut être de la métallurgie, de la mécanique ou même le travail en buanderie. Encore une fois, aucune obligation là-dessus et aucune inscription n’est nécessaire.
Je me demande comment ça se fait que personne n’a essayer de s’enfuir de cet endroit, la sécurité semble vraiment au minimale, mais en vue de la liberté qu’on les détenus, ça ne m’étonne pas que tout le monde reste sagement dans son lit.
C’est comme être chez nos parents, le droit de sortir en moins.
Les cris des filles dans le hall principal du bâtiment me sortent de ma méditation. Après un soupir je finis par passer la tête de ma cellule, qu’est-ce qu’elles ont encore ?!
Bien que ça ne soit pas compliqué de comprendre la raison de leurs cris, elles ne font que ça à longueur de temps, que ce soit pour ce parler entre elles, pour s’engueuler à propos de garçons, parce que oui, les relations entre détenus fonctionnent très bien. Après tout, il n’y a pas d’endroit pour trouver l’amour.
Je finis par lâcher un énième soupir avant de faire demi-tour et regagner ma chambre, m’arrêtant en plein milieu de la pièce, je constate que l’espace est suffisamment large pour me permettre de faire quelques séances de yoga.
Mettant simplement une couverture sur le sol, je me pose dessus après avoir retiré mes claquettes puis commence avant tout par étirer mes muscles.
Fermant les yeux, je fais quelques figures, de la plus simple à de plus en plus compliquer, je profite aussi de ce moment pour faire le vide dans mon esprit, ne plus penser à rien si ce n’est le moment présent, et la manière de me venger sans me faire choper.
C’est l’entrée de Lola, semblable à une tornade qui me fait perdre l’équilibre précaire sur lequel tenait mon corps.Une fois stabilisée, je la regarde rire au point de ne plus respirer. C’est au bout de quelques minutes plus tard qu’elle finit par me regarder, sans que l’envie de rire une nouvelle fois pointe le bout de son nez.
- Viens avec moi lance-t-elle avant de faire demi-tour.
Comprenant sans doute que je ne suis pas en train de la suivre, j’entends un soupir raisonné dans le couloir avant de la voir réapparaitre et m’attraper par le bras avant de me tirer pour, finalement, me retrouver dehors.
Nous passons par une porte de sortie avant de voir un grand espace dehors, en regardant autour de moi, je repère aucune caméra de sécurité, cependant, les fils barbelés qui apparaissent un peu plus loin me faire comprendre que nous sommes toujours dans la prison, juste à un endroit à l’abri des regards.
Je repère que nous sommes peu nombreux, en tout une dizaine à peine, en comptant Lola et moi, nous sommes quatre filles pour donc, six garçons, parmi eux, je reconnais Juan, le garçon qui m’avait aidé.
Je ne prends pas le temps de détailler chaque personne car Lola me tire de nouveau jusqu’à me placer au centre de ce petit groupe. Bien qu’il n’y ait aucune délimitation quelconque, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un ring improvisé. Je me demande vraiment ce qu’elle a en tête.
- Tu fais partie de notre clan lance Lola en me regardant droit dans les yeux. Cependant, laissez ces abrutis s’en tirer de si bon compte n’est pas dans nos projets, nous allons donc t’entrainer comme il se doit, selon nos lois, pour que tu leurs prouve que toi aussi, tu as des corones !
La voyant très sérieuse, je ne peux qu’hocher la tête, complètement d’accord avec ses dires, je dois me défendre pour que ce genre de chose n’arrive plus jamais. Qui t’à me battre sans arrêt, je me ferais respecter par tous les autres détenus, peu importe depuis quand ils sont là.
M’attendant à avoir une personne que je ne connais pas contre moi, je suis surprise de voir que c’est Lola qui se place prête à attaquer. Après qu’elle m’est dit de la frapper, je ne peux que refuser, hors de question que je frappe une personne qui se rapproche le plus à une amie.
Derrière elle, une jeune blonde se met à rire, pas un rire gentil, je dirais plus qu’il est du genre moqueur, oui, comme si elle se foutait vraiment de ma gueule, et je déteste ça.
- Lola, tu te fatigues pour rien, elle en vaut pas la peine tu le vois bien !
Sans que je voie le coup venir, je me retrouve rapidement par terre, avec un goût métallique en bouche, je me mets à cracher et repère tout de suite le sang sur la terre qui jonche le sol. Lola à une bonne droite, ça ne fait aucun doute.
- Je doute vraiment que tu es tuée ton beau-père lance Lola en se déplaçant autour de moi. Tu sembles faible, la preuve il a fallu que nous t’aidons avec Juan pour que tu puisses retourner dans ta cellule.
Je ne sais pas si elle a dit ça pour me faire entrer dans une colère noire ou si c’est pour me faire réagir, mais en tout cas, elle a réussi. En quelques secondes je lui fais une balayette, la clouant sur le sol et me met à califourchon sur elle afin de lui mettre des coups.
Alternativement, nous échangeons les rôles, ne contrôlons même pas nos coups, j’ai l’impression d’être revenue des années en arrière, lors de mon premier passage à tabac par Etienne.
La journée n’a tourné qu’à ça, les combats, j’ai commencé avec Lola avant de continuer avec la fille de tout à l’heure, Rosalie, puis Kloé et enfin Maria.
M’attendant à avoir l’après-midi pour souffler ce serait-ce qu’un peu, j’ai finalement eu le droit à un renforcement musculaire. Alors que tous me donnent mes points forts ainsi que mes points faibles.
C’est ainsi que j’apprends que j’ai bien la rapidité et l’agilité ainsi que je sais où frapper, le problème c’est que je n’ai pas assez de force et j’ai tendance à trop réfléchir. Selon Lola, ce sont des choses qui peuvent se corriger assez rapidement, ce qui doit être fait urgemment car d’ici quelques jours, ce sera contre les garçons que je me battrais.
Après une douche bien mérité, malgré le fait qu’elle soit froide, nous rentrons toutes deux dans notre cellule avant que le repas du soir n’ait sonné, de ce que j’ai pu constater, aucuns gardiens n’a remarquer notre absence, ce qui me surprend un peu quand-même.
- Les gardiens remarques jamais que vous n’êtes plus dans vos bâtiments ? Demandé-je à Lola après m’être allongée.
- Tu rigoles, lance-t-elle dans un rire. Ils remarquent ce qu’ils veulent, tant qu’on ne fait aucun mort et qu’on finisse tous par rentrer dans nos cellules ils s’en foutent, au contraire, ça leurs fait moins de personne à surveiller !
Après avoir hocher silencieusement la tête, nous parlons un peu de tout avec ma colocataire, elle apprend donc que j’ai une petite sœur et moi qu’elle est orpheline et vivait dans la rue, comme beaucoup d’enfants dont les parents ne pouvaient pas s’occuper par manque d’argent.
Au fur et à mesure du temps qui défile, je comprends donc qu’elle appartient à un gang basé au Mexique, ayant passé la frontière illégalement elle a été arrêtée quelques mois plus tard avec des dizaines de kilos de cocaïne dans sa cave.
Elle m’explique donc qu’elle est une nourrice, une simple fille qui garde la drogue chez elle pour les membres du gang en cas de perquisition surprise, manque de bol, c’est chez elle que les flics ont été en premier.
Il lui reste encore trois ans à tirer avant de, finalement, retourner au pays. Elle me rassure tout de même en disant que tout cela a été prévue par le chef et que tout est déjà prévu pour son retour dans son pays natal.
Reportant tout de même son attention sur le moment présent, elle m’explique que la session d’aujourd’hui n’est qu’un entrainement sur ce qui est prévue, ce sera donc tous les jours comme ça, avec tout de même, des moments de repos pour mon courrier ou les appels, ne sachant pas encore si j’aurais de la visite. Nous aviserons toutes les deux le moment venu.
Je finis tout de même par lui poser la question qui me brûle les lèvres : Pourquoi m’aide-t-elle alors que je ne la connaissais pas ?
Lola finit par me raconter que si aucun membre de son gang n’était déjà présent dans la prison, elle aurait été violée par les garçons qui m’ont tabassé, pour probablement toutes filles du monde, ce genre de chose, surtout pour une vierge, est quelque chose de sacré, de précieux.
Elle ne veut pas qu’il arrive ce genre de chose à des personnes qu’elle est susceptible de côtoyer, surtout s’il s’agit de sa codétenue. Alors elle décide de m’aider. Enfin, c’est aussi pour qu’ils puissent arrêter une bonne fois pour toutes leurs conneries de terrifier toutes les filles qui arrivent en prison, elles sont suffisamment apeurées comme ça pour en rajouter une couche.
Après le repas, nous parlons de notre manière d’agir, naturellement, je dois être seule pour régler mes problèmes avec eux, mais un coup de main supplémentaire n’est jamais de refus, c’est ainsi qu’on convient de les prendre un par un, qu’ils comprennent ce que ça fait d’être seul sans ses amis pour les aider.
Alors qu’elle veut commencer cela le plus rapidement possible, je la stoppe dans son élan, je préfère avant tout, prendre mon temps, bien que je l’entende ronchonner, elle finit tout de même par se ranger de mon avis. Nous sommes désormais à la mi-janvier, je me laisse donc un mois pour commencer à faire quoi que ce soit.
C’est amplement suffisant pour reprendre des forces et peaufiner ce que j’ai en tête. Le calme se fait petit à petit dans le bâtiment, toutes les filles doivent être partie dans leurs cellules respectives.
Néanmoins, mon cerveau tourne à plein régime, réfléchissant à mon plan initial sans parler des alternatives quant aux diverses options tels que les gardes, les caméras ou même, le fait qu’ils se promènent en bande.
Je finis par fermer les yeux, je trouverais un moyen, peu importe lequel, j’y arriverais !
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Trente ans ferme
RomanceAnastasia a quinze ans lorsque sa vie se met à voler en éclat, une famille complètement brisé entre un beau-père violent, une mère prostituée et une petite sœur qui reflète la seule part d'innocence de la famille. Mais lorsque celle-ci est en danger...