Trente ans ferme

Notre moment à nous

Spider

Je ne m’attendais pas à voir Bear descendre du car. Je me doutais bien qu’un de mes frères auraient tout fait pour aller en prison, et connaissant le niveau de Bat, nul doute qu’il aurait atterrie ici, mais que ce soit mon trésorier, oui, ça me fait bizarre.
Son but sera très simple et il est parfaitement conscient de sa mission. Il doit protéger Anastasia lorsque je ne serais plus là pour le faire tout en me tenant informer en temps et en heure.
Un boulot de prospect quoi.

Après le moment des présentations, j’ai laissé mon frère avec elle pour qu’ils puissent faire connaissance, même si je n’étais pas loin et je pense que le courant passe bien entre eux.
Et au court de la soirée, j’ai appris que le président avait expliquer l’histoire à nos frères en demandant ce service en mon nom, beaucoup avaient accepter de venir en taule pour m’aider, mais ayant besoin de tout le monde, c’est finalement Bear qui a été choisi.
Il m’a également parler de la pâleur étrange de mon chaton, sans parler de son attitude, comme si elle souffrait silencieusement de quelque chose.
Il va falloir que je lui demande ce qu’il se passe.

Bien que cela ce soit passé il y a quelques jours, je constate qu’elle va de mal en pire. Voilà quelques temps maintenant que je remarque qu’elle longe les murs en se tenant le ventre ou la main devant la bouche pour s’empêcher de vomir.
En jetant des coups d’œil à mes amis, notamment Bear et Travis, je remarque qu’ils sont aussi inquiets que moi de la voir dans cette état.
Pour en avoir parler à Flora, je sais qu’elle est déjà allée à l’infirmerie, mais celle-ci ne lui a rien donné pour guérir son mal.
Encore une qui en a rien à foutre de la santé des prisonniers.
Faisant ma routine habituelle, j’ai fini par aller dans la cour plus tôt que d’habitude pour espérer lui parler à l’abris des regards, pourtant au bout d’une bonne demi-heure et en voyant la cour bondée, aucune trace d’elle.

En voyant le regard de Bear qui est présent juste à mes côtés, lui-même ne l’a pas vue ce matin lors du petit-déjeuner, et ça ne me dit rien qui vaille.
Je me mets à la chercher encore et encore en alternant avec la cour, les sanitaires ainsi que le réfectoire et le téléphone mais aucune trace de mon chaton.
C’est justement après le repas du midi ou j’ai plus joué avec ma nourriture qu’à manger que j’attrape Flora qui passait non loin de moi.
Se laissant faire sans rien dire, je finis par nous stopper dans un couloir avant de la regarder, les yeux sombres.
- Où est Anastasia ?
- Dans sa chambre, elle refuse de sortir Spider… Elle… elle va vraiment pas bien et ça me fait peur…
Fronçant les sourcils, je lui laisse quelques minutes pour m’expliquer ses vomissements fréquents sans parler son teint qui vire au gris parmi d’autres problèmes. Aujourd’hui par exemple, elle a vomi sur les chaussures d’un gardien et la femme en face de moi aurait jurer y voir des traces de sang.
Ça ne me réconforte absolument pas.
Après lui avoir demander, limite en criant, pourquoi est-ce que je n’ai pas été prévenu et si elle est allée voir l’infirmière, Flora m’explique que mon chaton refuse d’inquiété qui que ce soit et que le seul personnel de santé qui se trouve entre ces murs refusent de faire quoi que ce soit.
Pire, elle ne veut même plus la voir.

Ayant un besoin flagrant de prendre l’air, je me dirige dans la cour en oubliant tout le monde qui m’entoure.
Je dois trouver une solution pour l’aider, mais pour le coup je suis complètement inutile.
Et je déteste ce sentiment.
M’installant sur un banc, je pose ma tête entre mes mains et tente de rester immobile malgré l’une de mes jambes qui tressautent.
Pour le coup, je ferais tout pour avoir une clope histoire de me permettre de faire un break de quelques minutes pour faire le point, même si pour ça je dois remplir mes poumons de nicotine.

Je ne sais pas combien de temps je reste ici, peut-être quelques minutes comme une heure, j’en sais rien, mais je me reconnecte à la réalité lorsque je sens une présence à mes côtés.
Le calme qui émane de mon compagnon m’indique qu’il s’agit de mon frère, pourtant je reste encore silencieux, sans qu’il ne cherche à combler la paix qui règne entre nos deux corps. Ce n’est qu’après un soupir que je décide de lâcher la bombe.
- Anastasia est malade…
- Tu sais ce qu’elle a exactement ?
- Non… et ça me bouffe bordel…
Il me laisse quelques secondes pour retrouver mes esprits avant que je lui raconte les quelques symptômes dont Flora m’a fait part. Comme je m’y attendais, Bear finit par me demander si elle était pas tout simplement enceinte, mais pour avoir vue les régulières avec un ballon de baudruche à la place du bide, il se doute que ce n’est pas le cas, après tout elles n’ont jamais bavé comme ça, même si Anastasia tente de rester discrète.
- Je vais appeler Doc, lance Bear au bout de quelques secondes, je lui expliquerais tout ce que tu m’as dit et je reviendrais vers toi dès que j’en saurais plus.
Après l’avoir silencieusement remercié, nous continuons de discuter d’un peu de tout avant que je me lève, prêt à partir d’un pas décidé.
- Où tu vas ? Demande Bear en fronçant les sourcils.
- Voir Anastasia
- Et si c’est contagieux son truc ?
- Je prends le risque !
Sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit d’autre, je m’élance dans le bâtiment, bien décidé à la rejoindre qu’elle le veuille ou non.

Ignorant toutes les personnes qui tentent de m’héler pour n’importe quelle raison, je me stoppe devant la cellule d’Anastasia et la regarde, installée sur son lit en train d’écrire, probablement à ses amis libérés.
Bien que je fasse un peu de bruit, elle semble complètement focalisée dans ce qu’elle fait ce qui me permet de voir qu’elle doit cruellement manqué de sommeil avec ses traits tirés, néanmoins, cela ne m’empêche pas de remarquer la flamme combative qui semble briller dans ses yeux.

C’est lorsque j’entre dans son espace privé, m’arrêtant en plein milieu de la pièce qu’elle se rend compte de ma présence. Sursautant dans un premier temps, elle finit par porter son regard sur ma personne en déposant sa pile de papier juste à côté d’elle.
Nous restons quelques secondes à ce regarder avant que je ne décide de briser le silence, me préoccupant avant tout de sa santé.

- Flora m’a dit que tu étais malade, lancé-je pour entamer la discussion. Est-ce que ça va ?
- J’en sais rien… l’infirmière me dit que c’est le stress, mais tu devrais pas être là, imagine que ce soit contagieux, je veux pas que tu prennes le risque
- Et si moi, j’ai envie de le prendre ?
M’approchant doucement d’elle, je finis par m’asseoir sur son petit lit, juste au niveau de ses jambes avant de caresser sa joue à l’aide de mon pousse.
- Il faudrait peut-être que je te parle de moi, qu’est-ce que tu en penses chaton ?