Dernière journée ensemble

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Cinq mois sont déjà passés, nous sommes maintenant au milieu du mois d’Octobre, bien que les températures se rafraichissent, il fait une chaleur écrasante au point que je suis dehors avec les manches de ma combinaison nouées autour de ma taille, ma Santa Muerte bien visible malgré mon marcel blanc à cause de mes cheveux attachés.

Les tatouages faits en prison sont, de base, prohibés, mais puisque personne n’a pu voir qui en est l’auteur et dans quelles circonstances, les gardiens ne peuvent rien faire si ce n’est fouiller les cellules même s’ils n’ont rien trouver de probant.

La première séance de tatouage s’est passé une semaine après mon anniversaire, autant dire que les premières minutes ont été douloureuses, il a fallu plusieurs séances pour le terminer sans parler des retouches ici et là, néanmoins, je ne suis absolument pas déçue du résultat même si ce sera probablement le seul tatouage qui ornera ma peau.

Pour la peine que je purge, Juan m’a proposé de me tatouer une larme, symbole d’un meurtre, sous l’œil gauche, mais j’ai refusé, pas que je souhaite cacher ce que j’ai fait, ce serait même complètement idiot étant donné que tout le monde le sait, mais je ne tiens pas à me tatouer quoi que ce soit qui pourrait me rappeler mon excès de rage.

Profitant donc de la chaleur et du soleil, nous sommes tous dans la cour, les filles discutant tranquillement poser à même le sol ou debout contre la grille, les garçons à côté en train de soulever de la fonte après avoir retirés leurs t-shirts, une habitude qu’ils ont prise à leurs arrivés de ce que j’ai compris.

Le principal sujet est leurs sorties prévus le lendemain, pour le moment nous ne connaissons pas exactement l’heure de leurs réveils ainsi que leurs transferts vers le camion qui les mènera je ne sais où. La sécurité est de mise en cas d’évasion de prisonnier, ce que je peux parfaitement comprendre, mais pour le coup, ils seront libres donc je ne vois pas pourquoi autant de mystère.

Tout ce que l’on sait, c’est que tout ce qui est du point de vue matériel c’est-à-dire le car pour les emmener, l’avion et tout ce qui s’en suis sont prêts, il ne manque plus que l’heure mais nous savons tous que tout est réglé tels du papier à musique.

En tournant la tête, nous voyons un car pénétrer l’enceinte de l’établissement, rien d’étrange étant donné qu’il s’agit de nouveaux prisonniers. Mais le bruit qui provint de ce véhicule attire l’attention de tout le monde dans la cour, aussi bien les détenus que les gardiens.

Les portes du car à peine ouvertes, une ruée de personnes menottés descendent en plaisantant et riant aux éclats, ils ne semblent pas avoir peur de venir entre ses murs ce que je trouve assez bizarre, à moins que certains soient récidivistes et aient rassurés les nouveaux.

Nous sommes tous en train de les regarder, même les garçons occupés dans un match de basket ou en train de soulever de la fonte ont arrêtés leurs activités, prêtant une attention toute particulière à ce qui se déroule sous leurs yeux, calmant rapidement les nouveaux arrivants.

Sur le chemin entre les deux cours, nous voyons certains nouveaux baisser la tête et tenter de marcher un peu plus rapidement alors qu’un autre, fier comme un pinçon prend tout son temps et garde la tête haute avec un immense sourire sur le visage.

Du coin de l’œil, je vois Lola se mettre à sautiller, comme une adolescente face à une star montante de la chanson ou du cinéma, n’y tenant plus, elle gonfle ses poumons au maximum avant de se mettre à hurler :

- Tonio !

Ledit Tonio se met à tourner la tête de droite à gauche pour savoir d’où vient la provenance de ce crie. Après avoir identifier mon amie, le sourire présent sur son visage grossit davantage avant de crier à son tour.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant