Qui croyait prendre

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Anastasia


Aujourd’hui, je ne quitterais ma cellule que pour les urgences tels que me laver et manger, pour le reste, je peux très bien le faire de là où je me trouve, tant pis si quelqu’un me regarde pendant que je fais la commission.

J’ai pu remplacer la plupart des choses qui étaient saccagées et la photo à été rafistoler tant bien que mal grâce à du scotch donné de la part d’un détenu dont je connais parfaitement le surnom, mais ce n’est pas pareil qu’avant, les têtes ont clairement été déchirées et de bon cœur.

J’ai réussi à lui donner un semblant de forme, mais je sais qu’à la prochaine maltraitance, cette photo ne sera plus qu’un souvenir.

Et pour ça, j’en garde un goût amer.

N’ayant eu aucun bruit de couloir concernant ce qu’il s’est passé entre mes murs, je fais taire ma frustration dans le sport, me contentant de m’entrainer dans le peu d’espace dont je dispose.

Alternant les pompes, abdominaux et les tractions, ce n’est qu’après trois bonnes heures d’activités physiques intenses que je décide de prendre une douche et calmer mes différents muscles qui crient à l’agonie.

Ne voulant pas qu’un intrus pénètre de nouveau sans mon autorisation, je retire au préalable mon drap afin d’en faire un méli-mélo entre les grilles pour bloquer l’entrée. Si une personne veut accéder à mes biens, je lui souhaite bon courage pour tout démêler.

Je me suis lavée en un temps record si bien qu’une bonne demi-heure plus tard je suis allongée sur mon lit qui est fait, complètement propre et changée.

La lettre des garçons dans les mains, je me remets à la lire encore et encore au point que je connais quelques phrases désormais par cœur. Je sais qu’il faudrait que je me laisse aller sur ce que je ressens mais si je le regrettais ?

Et si, au final, je finissais comme ma mère à coucher avec tous le monde sans aucune dignité ? Non, ça c’est hors de question, plutôt crevée.

Pour le repas du midi, je suis vraiment partagée entre l’envie de me joindre aux autres et avoir une vie sociale à peu près convenable, ou rester prostrée dans ma cellule de peur que mon bien soit totalement détruit.

- Tu ne comptes toujours pas sortir ? Demande une voix que je reconnaitrais entre mille.

En me tournant vers l’origine de la voix, je remarque Flora armée d’un plateau trop garnis pour une seule personne. Ne comprenant pas pourquoi elle se trouve face à moi et non avec ses amis, je lui demande ce qu’elle fait là.

- Comme si j’allais te laisser mourir de faim ! Dit-elle en ricanant. Je t’apporte ton repas voyons ! Au fait, Spider te cherche partout, s’il te demande, qu’est-ce que je lui dis ? Attends, je mange avec toi c’est pas sympa d’être toute seule à longueur de temps.

Sans que je lui dise quoi que ce soit, Flora entre dans ma chambre avant de s’installer à mes pieds sur mon lit. Le plateau entre nous deux, elle me tend une seconde fourchette puis commence à piocher dans les différents plats.

Pour ne pas abimer la lettre des gars, je la pose sur une étagère et retourne à ma place, prête à attaquer le repas.

- Sinon, reprends-t-elle après avoir vider sa bouche. Tu as des pistes sur qui peut avoir fait ça ?
- Non, rien du tout
- Spider aussi cherche, m’apprend-t-elle en mangeant. Il n’abandonnera pas tant qu’il a pas trouver, tu as dû sacrément lui taper dans l’œil pour qu’il soit autant sur ton dos !
- Pourtant de temps en temps j’aimerais qu’il arrête…
- Seulement de temps en temps ?

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant