Un tout autre monde

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Anastasia


Être dans les bras de Spider me procure… en fait ce n’est même pas définissable.
J’ai le sentiment d’aller mieux, comme un médicament miracle ou quelque chose dans le genre, mais surtout, j’ai la sensation de me trouver là où je dois être.
Et nulle part ailleurs.

Voilà déjà une bonne heure que nous sommes ensemble, enlacer l’un contre l’autre dans mon petit lit et j’apprends, au fils des minutes, ce qu’est sa vie en dehors de ces murs.
Un biker, en même temps je me doutais bien qu’il soit dans un truc dans le genre, je n’imagine pas sa vie s’il se serait fait appeler ainsi dès la naissance.
Maintenant que je sais qu’il est le Vice-Président, donc le deuxième plus haut gradé dans leur hiérarchie, il m’avoue que Bear est juste en dessous avec le rôle de trésorier.
- Trésorier ? Demandé-je en le regardant
- Oui, c’est lui qui gère les finances que ce soit pour les activités légales comme…
- Mais tu peux parler de ça ici ? Tu n’as pas peur d’être entendu par quelqu’un ? Le coupé-je alors qu’il se met à rire.
- Tout le monde le sait chaton, lance-t-il en passant une main dans mes cheveux. Il y avait que toi qui l’ignorait en réalité
En réfléchissant aux évènements passés, mais surtout à l’aura dominante de Spider, j’aurais dû me douter que tout le monde soit au courant, ou du moins s’en doutais qu’il trempait dans ce genre d’affaire.

Je finis par lui demander si quelques-uns de ses hommes, qu’il m’a fait rectifier en les appelant ses frères, avaient également une vie de famille, je veux dire des femmes et des enfants et là encore, j’ai perçu une grande différence entre son mode de vie et celui des personnes lambdas.
Être dans un club n’empêche personne d’avoir une relation sérieuse, mais ces femmes portent un nom, il s’agit des régulières.
- Régulière ? Genre des femmes avec qui vous couchez souvent ?
- Je dirais plus les femmes qui sont toujours aux côtés de leurs hommes, quel que soit les problèmes Anastasia. Beaucoup de mes frères sont en couple mais ça ne change pas avec le fait que ce soit un monde dangereux, on peut se retrouver en prison, comme pour mon cas et celui de Bear comme finir entre quatre planches
- Et elles l’acceptent ?
- Oui chaton, elles ignorent tous des affaires du club naturellement mais elles sont présentes en cas de coup dur
- Et elles sont comme vous ? Je veux dire elles gardent leurs prénoms de naissances ou peuvent changer ?
- Les deux se valent chaton
Il finit aussi par me parler des brebis, des femmes sans aucune dignité qui ne cherche qu’à mettre la main sur l’un d’eux, de ce qu’il m’apprend, elles ne font qu’écarter les cuisses et faire les tâches comme la cuisine et le ménage, tels des bonniches.
- J’ai dû mal à me faire à l’idée que des femmes sont capables d’une telle bassesse… dis-je d’une petite voix
- Je me doute bien, à titre d’exemple, les trois qui t’ont sauté dessus à ton arrivée sont des brebis, elles sont là pour avoir tentées de tuer une régulière
- Et ce n’est pas le club qui s’est charger de ça ?
- Ça aurait dû, mais elles ont fait ça en pleine rue, tu sais on leurs demande de nous tailler des pipes pas d’être intelligentes.
Ce petit commentaire me fait rire, néanmoins je n’oublie pas une chose : je sortirais lorsque j’aurais bien plus d’une quarantaine d’année, donc je ne pourrais pas faire ma vie de famille comme je l’entends, en réalité, ma vie sera même bien entamé et je n’aurais pas accompli grand-chose, a contrario de toutes les femmes de mon âge.
Sentant probablement mon humeur devenir morose, je sens Spider se mouvoir légèrement avant d’apparaitre juste devant mon visage, me faisant lever les yeux pour les river aux siens.
- Je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec ce que je viens de te dire, commence-t-il d’une voix douce. Qu’est-ce qui se passe ?
- Est… est-ce que je suis qu’une sorte de passe-temps pour toi Spider ?
Cette question me serre le cœur mais j’ai besoin qu’elle sorte. Il faut absolument que je le sache avant qu’il ne soit trop tard.
Voyant son regard noir, je le laisse me prendre une de mes mains et la poser sur son buste, à l’emplacement de son cœur qui bat la chamade.

- Anastasia, je ne suis pas un grand sentimentaliste alors écoute bien ce que je vais te dire parce que ça sera la seule fois où je m’ouvrirais autant. Ce que je ressens pour toi ne va pas s’éteindre demain, ni la semaine prochaine et encore moins le mois prochain. C’est la première fois qu’une femme que je connais si peu compte pour moi, en fait c’est même la première fois que je pense à un avenir avec une personne autre que mes frères.
- Mais je…
- Je sais qu’il te reste encore des années à faire, mais je te le promets Anastasia, sur ma propre vie, que je ne t’oublierais pas, tu n’es pas un passe-temps ou une autre connerie dans le genre. Et je sais, à voir tes yeux, que tu ressens exactement tout ce que je te dis, je me trompe ?
Les larmes aux yeux et la gorge complètement sèche, je ne peux qu’hocher la tête d’un air négatif avant que ses lèvres s’emparent des miennes.
Laissant une larme couler, je me mets à imaginer un avenir où je serais à ses côtés, portant un cuir probablement semblable à ceux de ses frères que j’ai rencontré il y a quelques temps déjà.
Pour le coup, j’abandonnerais mon prénom une bonne fois pour toute. Avoir une nouvelle famille signifiera également un nouveau départ, je me ferais appeler Tasia, comme Elise aime tellement me nommé, et je renouerais avec elle, que sa mère le souhaite ou non.

Nous continuons de nous embrassé tout en se câlinant sans bouger d’un iota. Il ne s’agit pas pour le coup d’une étreinte charnelle mais plutôt d’une promesse, celle de ne jamais se laisser tomber l’un l’autre.
Seulement je veux lui prouver qu’il compte pour moi, plus que n’importe qui d’autre.
Décidant de l’embrasser un air bien plus pressant, je sens Spider intensifier notre baiser avant de se mettre à soupirer et passer une main dans mon dos, de manière à souder nos deux corps.
Glissant une main dans ses cheveux et l’autre sur son marcel, je le sens pousser un son guttural au plus profond de sa gorge avant de stopper ma main.
- Chaton… non, c’est pas une bonne idée…
- J’en ai envie Spider…
- Moi aussi, mais ça sera ta première fois, je ne veux pas que ça se passe dans une cellule, tu mérites mieux
- On a pas le choix que ce soit dans la prison Spider, dis-je en m’humidifiant les lèvres. Je veux que tu sois le premier, que tu sois le seul. J’ai déjà failli me faire violer si tu n’étais pas intervenu, qui te dit que tu seras toujours là pour me protéger ?
Il ne prend que quelques secondes avant de m’embrasser avec fougue chose que je lui rends bien. Néanmoins, ne voulant pas être à la vue de tous, il me fait descendre avant de s’emparer du drap et le mettre devant les grillages, créant une intimité toute relative.
- Il est hors de question que qui que ce soit regarde ce qu’on est en train de faire, me lance-t-il d’une voix rauque avant de me rallonger sur le lit.
Ne sachant pas quoi faire, je regarde nos deux corps l’un contre l’autre avant qu’il ne rive mon regard dans le sien.
- Nerveuse ?
- Un peu oui
- Laisse ton corps parler chaton, au moindre doute tu m’arrête, d’accord ?
Acquiesçant doucement de la tête, je le laisse parcourir mon visage de baiser avant que mes lèvres soient de nouveau prises d’assaut.
Le laissant découvrir mon corps de ses mains, je finis par en faire autant avant que nos vêtements ne parsèment le sol.
Entièrement nu l’un contre l’autre, il attend d’avoir mon approbation avant de s’insérer en moi, brisant ma dernière part d’innocence qu’il me reste.
Réprimant une grimace, je finis par lui montrer d’un léger mouvement de hanche, qu’il peut commencer, chose qu’il fait avec une extrême douceur, me faisant sortir quelques sons équivoque.
Je m’attendais à souffrir, à ce que ça soit expéditif et qu’il parte une fois notre moment terminé, pourtant ça ne fut pas le cas.
Et alors qu’il s’est endormi tout contre moi, mettant sa tête au creux de mon cou, que je comprends enfin une chose essentielle : ce qu’est l’amour.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant