Une visite imprévue

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Nous sommes vite arrivé au mois de Novembre, la température extérieur se fait de plus en plus froide, les arbres, que je peux voir lorsque je suis dans la cour, perdent leurs feuilles. Les levés à trois heures du matin n’aide pas, surtout en ce temps glacial, la plupart du temps, nous rentrons les lèvres bleus et sur le point de nous endormir une fois en salle de classe.

Techniquement, je ne devrais plus avoir à subir les heures de sports intensifs, mais n’étant pas brisée psychologiquement, comparé aux autres, ils tiennent à ce que je continues jusqu’à ce que ça soit le cas.

S’ils savaient ce que me procure cet entrainement…

Je peux courir désormais plus longtemps, ma résistance à la douleur est augmentée et je ne crains pas le froid, étant continuellement en mouvement, il n’y a pas que ça qui a repoussée mes limites d’un point de vue physique, mais ils n’ont rien à voir là-dedans, si ce n’est me donner la rage ne pas abandonner.

A chaque fois qu’un bus arrive avec des nouveaux, tout le monde sait que je suis dehors avec eux pour les heures qui vont suivre, je le fais sans broncher, mais sans baisser les yeux pour autant. Ils ne me mettront jamais à genoux, je m’y interdit.

Bien que les pleures des autres pensionnaires continuent encore et encore chaque soirs, je n’ai pas encore craquée et je ne le ferais pas de sitôt. Je me sens bien entre ses murs, je n’ai pas besoin de vendre quoi que ce soit et je me bats uniquement pour ne pas me faire marcher sur les pieds, c’est tout.

Avec le temps, je n’ai pas cherchée à me taire, je sais que je suis quelqu’un d’insolente et je le fais bien montrer, faisant exprès d’appeler les gardiens dans un grade inférieur à leurs statuts.

C’est-à-dire que je peux très bien appeler un lieutenant, sous-lieutenant ou même aspirant en fonction de mon humeur. Autant dire qu’ils n’apprécie pas trop, mais j’en ai rien à faire.

Pour ce qui concerne les autres qui, comme moi, ce retrouvent entre ces murs, disons que ça dépend. En règle générale je ne fais rien de mal, mais lorsque ça commence à vouloir s’en prendre à moi, je ne me laisse pas faire.

Autant à ce qu’ils sachent tout de suite qui se trouve en face d’eux. Par contre, si c’est un groupe contre une personne seule, je fonces dans le tas, il est hors de question que je laisses ce genre de chose arriver sans que j’agisses, peu importe les conséquences. En tout cas, je me suis pas fait choper, du moins pas encore.

En aparté, je me suis rapprochée de Jacob et Casey, entre nous se trouve un véritable lien d’amitié, je dirais même de fraternité. D’ici peu, ils partiront tout deux pour leurs jugements respectifs. En attendant, ils m’entrainent tous les deux dans leurs domaines respectifs.

Pour Jacob, j’apprends les divers styles de combats, passant à la boxe américaine puis partant vers les variétés asiatiques en passant par le krav maga. Pour Casey, il m’apprend à aller plus vite et à être plus souple via le yoga et le taïchi.

Si au départ je me moquais beaucoup des positions qu’il fait, j’ai vite déchantée tellement mes muscles tiraient dès la première journée. Mais je ne regrette pas cela, pas du tout même, grâce à lui me voilà plus agile et rapide, je ne peux que l’en remercier.

Je partages ma chambre avec deux autres filles, je dirais qu’elles ont la même tranche d’âge que moi à peu de chose près. Toutes deux étaient en train de passer des épreuves pour faire partie d’un gang de la région. Dès la première nuit j’ai compris que je les aimerait pas et visiblement, c’est réciproque.

Elles ne sont pas désagréables en soi, il y a pire après tout, mais ce sont surtout leurs manières qui me déplait, se croire supérieur des autres, hautaines et hypocrites. La seule chose que je redoute est qu’elles se mettent à voler, il ne manquerait plus que ça.

Je suis tranquillement installée avec Casey, dans une position plus qu’improbable, quand un gardien vient à ma rencontre.

- Jones, de la visite pour toi ! Dit-il limite en aboyant
- Je n’ai jamais de visite dis-je sans bouger d’un centimètre.

Sans qu’il n’ajoute quoi que ce soit, je le vois arriver dans ma direction avant de m’empoigner le bras, manquant de peu à ce que je pertes l’équilibre. Ni une ni deux, je me relèves me mettant droite avant de lui mettre un coup de poing, le mettant au sol quelques secondes.

Deux gardiens qui n’étaient pas loin arrive dans ma direction limite en courant. Pour le coup, je ne fais aucune résistance, me mettant à genoux, les mains derrière la tête. Casey lui, n’a pas bouger ce serait-ce que d’un millimètre, attendant patiemment la suite des évènements.

Je pensais partir directement en direction du quartier d’isolement, pourtant, je pars complètement en sens inverse, allant dans la salle des visite, entièrement vide si ce n’est ce jeune adulte qui attendait en regardant un peu partout, la jambe tremblotante en signe de nervosité.

Dans un grand silence, les deux gardiens m’emmènent vers l’homme en question et me force à m’asseoir avant de me menotter à la table, sûrement de peur que je m’en prennes à cet inconnu.

- Est-ce vraiment nécessaire ? Demande l’homme en costume en regardant mes menottes.
- Elle vient d’agresser un gardien dit l’un de mes escorteurs.

Sans un mot supplémentaire, je les entends faire demi-tour puis verrouiller la porte derrière eux, bien que je n’ai jamais été dans cette salle, je sais très bien que nous sommes surveillés via des caméras, les micros sont interdits par soucis de confidentialité. De toute façon, je sais très bien qu’après j’ai le droit à une fouille complète, au cas où il m’aurait donner quelque chose.

- Est-ce qu’ils te traite bien ici ? Demande l’inconnu en face de moi
- Excusez-moi mais, vous êtes qui au juste ?

Cet homme, qui doit avoir une vingtaine d’année, se met à passer une main sur sa cravate avant de me faire un sourire à la Colgate. Ses cheveux châtain clair avec sa raie sur le côté bien droite et ses yeux bleus me font penser au célèbre Ken, de la collection Barbie.

- Oui tu as raison, je suis Léonard McLaggen, je suis ton avocat commis d’office
- Depuis quand j’ai besoin d’un avocat ? dis-je doucement en fronçant les sourcils.

Je le vois complètement décontenancé, visiblement, je dois être sa toute première cliente. Après quelques secondes où son sourire à disparu, il revient à la charge en sortant, cette fois, un dossier.

- Est-ce qu’on peut parler de ton procès ?
- Pourquoi faire ?

Je vois sa tête se décomposer d’un coup, ne voulant pas passer pour une fille ingrate ou méchante, je lui explique que je ne tiens pas à être défendue, j’ai été accusée d’avoir assassiné mon beau-père, ce qui est véridique, et j’ai même été vue sur lui, un couteau à la main, je ne vois vraiment pas ce qu’on peut ajouter là-dessus.

A son tour, il me parle déjà de la date du procès qui sera après les fêtes de fin d’année, soit le trois Janvier du fait que je serais dans une espèce de boite en plexi glace ainsi que les chefs d’accusations.

Je suis accusée de meurtre aggravé, étant donné qu’il s’agit de mon beau-père donc, un membre de ma famille, mais également d’avoir prémédité son assassinat, de recèle de drogue et aussi de folie meurtrière dû aux nombreux coups de couteaux.

Pour le meurtre, je peux sûrement plaider la légitime défense, vue les coups que j’ai reçus, enfin, ça aurait été le cas s’il n’avait eu qu’un coup de couteau et non une vingtaine avec, en prime, avoir été égorgé.

Il me parle également des preuves notamment mon ADN présent sous les ongles d’Etienne, mes empreintes sur le couteau et les traces de luttes indéniables que ce soit sur son corps ou sur le mien. Mais ce qui me surprend le plus, c’est le témoignage prévue par ma mère contre moi. Ainsi, elle a décidé de m’enfoncer, ce dont je me suis doutée.

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans cette salle, à discuter du procès et de la défense qu’il tient absolument à mettre en place, il sait, tout comme moi, qu’il aura perdu mais tient tout de même à faire son travail.

Etant accusée, je ne pourrais parler qu’à la fin, juste avant que les jurés ne partent pour se mettre d’accord sur le verdict final, après, le juge décidera de ma condamnation ainsi que le lieux où je serais.

Nous en avons profité pour parler de mon histoire, de ma version des faits, je lui parles de mon père, du second mariage avec Etienne et de l’enfer qui nous a fait subir jours après jours. La prostitution de ma mère et le trafic de drogue ne passe pas aux oubliettes, je tiens à être aussi transparente que possible, chose qu’il a l’air d’apprécier.

Finalement, je finis par regagner ma cellule, la journée arrive presque à sa fin. Alors que je passes la porte de ce que je considère comme ma chambre, je suis surprise de voir une des filles fouiller dans mes affaires.

- Je peux savoir ce que tu cherches ? Demandé-je d’une voix froide.
- Rien du tout lance la fille en lâchant mes affaires qui était dans une malle aux pieds de mon lit.

Je m’approche doucement d’elle, les poings serrés, prête à en découdre malgré la pièce exigüe, elle recule à chacun de mes pas ce qui m’énerve encore plus. Comme prévue, elle arrive au mur du fond, me laissant tout le loisir d’arriver juste en face d’elle.

Sans lui laisser le temps de commencer à se défendre, je lui empoignes le cou, place le pouce au niveau de sa carotide puis serre jusqu’à ce qu’elle commence à suffoquer. Une fois cela fait, j’approches ma tête d’elle et lui murmure à l’oreille.

- J’ai tué mon beau-père de sang-froid, ne crois pas que ce sont les remords qui vont m’empêcher de m’en prendre à toi.

Evidemment, lui faire du mal à ce point ne me plait pas, elle a juste fouillée mes affaires rien de très alarmant, néanmoins, si une commence et voit qu’elle n’a aucun représailles, je sais très bien que je deviendrais le bouc émissaire ou qu’on fouillera dans mes effets à chaque fois qu’ils en auront envie, hors, il faut que je fasses comprendre aux autres que tout actes à des conséquences.

La porte étant toujours ouverte, j’attrape la fille par la nuque avant de la jeter dehors, profitant qu’elle soit à terre, parce que son dos à frapper contre les barrières de métal, je la frappes au point de la rendre inconsciente et ce, devant le regard de toutes les personnes présentes.

Les cris de joies des autres adolescents alertent les gardes qui ne cherche pas à comprendre avant de me mettre des coups de matraques, une fois sonnée, je sens deux d’entre eux m’attraper sous les aisselles avant de me trainer dans les couloirs, en direction du quartier d’isolement.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant