La petite nouvelle

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Spider

Comme chaque matin, ce sont les rayons des lumières présentent dans chaque cellule qui nous réveillent en nous faisant pousser des grognements dignes des ours mal léchés, j’ai encore du mal à me dire que cela fait déjà cinq ans que je subis ce genre de traitement sans chercher à me plaindre une seule fois.

J’ai écopé de huit ans de prison pour trafic en bande organisé, je suis le seul pour la simple et bonne raison que je n’ai pas balancé mes frères, gardant toute la responsabilité sur moi, comme ils l’auraient fait à ma place.

Après m’être levé, je passe rapidement un petit coup de propre avant de mettre mon uniforme immonde puis rejoins les autres pour ce qu’ils appellent le petit-déjeuner.

Bien que je m’appelle Wyatt et que sur ma tenue seul mon nom de famille y est inscrit, ici tout le monde me nomme spider. C’est dû non seulement à mon tatouage en forme de toile d’araignée sur le cou mais c’est également le nom de route que j’ai choisi.

Après avoir pris mon plateau comme tous les autres, je me dirige vers une table légèrement à l’écart de mes compagnons de cellule puis écoute les nouvelles qui ont circulées cette nuit.

- Un car de nouveau va arriver dans la matinée, plus tôt que d’habitude de ce que je sais, Une quinzaine de personnes à peu près, me lance un des gars insomniaques.

Sans un mot, j’hoche simplement la tête en continuant de boire mon café non sans réprimer une grimace tant c’est infect. Une fois cela terminée et les plateaux débarrassés, nous partons tous en direction de la cour pour passer le temps et surtout, pouvoir connaitre les nouvelles têtes qui seront sûrement nos souffre-douleurs pendant un petit moment.

Profitant du moment pour regarder un peu partout dans la cour, je ne suis pas surpris de voir trois filles venir jusqu’à moi, le fait de dévoiler leurs poitrines rends leurs uniformes indécents. Un soupir s’échappe de mes lèvres lorsque je les vois minauder à quelques mètres de moi, tentant en vain d’avoir une quelconque faveur.

Je connais ces filles depuis quelques années maintenant, nous ne nous sommes pas rencontrés en prison mais plutôt à l’extérieur, elles viennent de la même ville que moi et sont surtout des brebis, c’est un terme que l’on utilise entre nous pour dire qu’elles ne sont là que pour ce que nous avons entre les jambes, en espérant à chaque fois d’en avoir plus, sans grand succès.

Bien que les filles ne soient pas nombreuses ici, je sais très bien qu’elles menacent chaque personne du sexe féminin qui tente de m’approcher.

Je ne réagis pas quand c’est comme ça, j’attends tout simplement en espérant qu’un jour, l’une d’entre elles les remettent à leurs places.

L’agitation des gars dans la cour se fait de plus en plus présente au fur et à mesure que le bruit d’un moteur se rapproche, on sait d’avance que c’est le fameux car qui ramène les nouveaux, ainsi, je ne cherche même pas à voir leurs têtes, attendant le moment opportun pour cela.

Les cris des autres détenus se font entendre, signe que les nouveaux descendent au fur et à mesure, puis d’un coup, les hurlements se font plus puissants encore. Pris par la curiosité, je tourne la tête et ce que je vois me laisse sans voix.

La seule fille du groupe de nouveaux, une petite brune d’à peine la vingtaine, vient de mettre à genoux un Marshall sans vergogne avant de lui mettre un coup dans la tête, le laissant inconscient.

Sa manière de réagir est rapide et son uniforme orange indique clairement que ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve sous les verrous, sans comprendre pourquoi, je suis sa silhouette des yeux jusqu’à ce qu’elle soit hors de mon champ de vision.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant