Face a l'araignée

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Voyant que je suis désormais seule dans la cour, si ce n’est que quelques personnes qui, comme moi, n’ont aucunes visites, je profite de ce laps de temps pour m’étirer et reprendre pendant quelques instants de méditation et de yoga.

Comme d’habitude, je m’assoie sur le sol en position indien puis ferme les yeux et laisse mes pensées partir loin des fils barbelés qui délimite ma liberté de mouvement.

Je m’imagine sur une plage lors d’un couché de soleil avec un immense brasero allumé, laissant les flammes danser comme elles le souhaites.

Je suis entourée par Casey et Jacob qui s’amusent à raconter des anecdotes à n’en plus finir, Lola est également présente avec Juan et toute la bande, avec une bière à la main, ils portent tous un sourire éblouissants, heureux d’être entre amis.
Et surtout, il y a Elise, faisant griller un marshmallow à l’aide d’un bâton, son éclat de rire se répercute à travers les vagues, réchauffant mon cœur qui brûle par son absence.

Sachant que le parloir dure deux bonnes heures en règle générale, je sais que j’ai le temps de faire ce que je souhaite. C’est donc une fois en paix avec mes pensées que je m’étire de tout mon long et commence à tester ma souplesse par des positions de plus en plus complexes.

Bien que je sois dans une position que l’on peut considérer de faiblesse, je reste pourtant à l’affut du moindre mouvement suspect. Je vois bien Flora sur le côté avec ses amis, et bien qu’elle ait le sourire aux lèvres, je repère par sa gestuelle qu’il y a un problème.

Je vois aussi les totaly spies qui ne sont pas loin en train de regarder dans ma direction. Sans compter des hommes que je ne connais pas du tout.

C’est lorsque j’entends des bruits de pas et de conversation se rapprochés que j’arrête ce que je faisais, me contentant maintenant que de m’étirer les membres chauds dû à l’effort, je regarde les autres détenus revenir dans la cour.

C’est une fois que les couloirs sont déserts que je me dirige vers les sanitaires pour me passer un coup d’eau sur le visage puis direction le réfectoire pour le repas du midi.
Le lieu est presque désert si ce n’est que je repère rapidement Spider avec ses acolytes dont Luis qui semblent vouloir me tuer du regard, visiblement encore heurté dans sa fierté.

Sans leurs prêter plus d’attention que ça, je me dirige dans un petit coin isolé et m’installe en attendant que les chariots de nourriture n’arrivent.
Au fur et à mesure, la pièce se remplit de plus en plus bien que nous ne soyons pas aussi nombreux que les autres bâtiments. C’est sûrement pour ça que nous sommes mixtes pour le réfectoire et les sanitaires, du moins je l’espère.

En moins de dix minutes, les repas sont distribués et tous sans exception, sont attablés ou dans leurs cellules en train de manger. Je repère les différents groupes installés du coin de l’œil, tous semblent occupés à manger et discuter entre eux, sans prendre en compte où ils se trouvent ou même s’ils sont écoutés à l’instant présent.

Je commence tranquillement à entamer mon assiette lorsque le bruit d’une chaise que l’on décale se fait entendre, je n’ai pas besoin de lever la tête que je remarque qu’il s’agit d’un homme.
Après un léger soupir, je lève les yeux vers l’intru qui s’est installé juste en face de moi. Les cheveux châtain en désordre et les yeux verts, ce type dégage un charisme hypnotisant. Une légère barbe habille sa mâchoire carré et quelques tatouages couvre sa peau, notamment la toile d’araignée présente dans son cou.

Spider

Celui-ci aborde un sourire en coin, tout comme moi, il semble plongé dans son observation envers ma personne, pourtant, je décide d’arrêter ce petit manège, je reprends mon repas comme si de rien n’était.

Je sens toujours son regard sur moi, celui-ci me picote la nuque et me hérisse les poils des bras ce qui semble probablement voir vue le petit rire guttural qui s’échappe d’entre ses lèvres.

Une fois mon plateau terminé, je me lève tranquillement et avant même qu’il n’ouvre la bouche, je pars en direction du chariot pour déposer ce que je tiens entre les mains puis quitte le réfectoire pour ma cellule.

Une fois sur place et ne pouvant pas me sortir les yeux de Spider de la tête, je décide, avec l’aide d’une chaise, de me hisser sur la barre de fer au-dessus de la grille qui est ouverte, puis fait des tractions, dans un premier temps de haut en bas, puis lentement de gauche à droite.

C’est une chose que Jacob m’a appris à faire lors de nos entraînements à l’époque où nous étions au même endroit, je suais à n’en plus finir, mais les courbatures aux bras me prouvaient que c’est efficace.

Après un bon moment à faire des tractions et les bras en compotes, je finis par prendre ce qu’il me faut puis part en direction des sanitaires, bien décidé à faire le point de ce qui se passe dans ma tête.

Je ne prends pas la peine de regarder qui se trouve autour de moi, j’entre tranquillement dans une cabine puis la verrouille derrière moi avant de commencer à me déshabiller.

Une fois mon linge en hauteur pour pas qu’il soit trempé, j’allume l’eau me prenant directement une pluie froide sur la tête. Attendant tout simplement qu’elle chauffe, je prends le temps de réfléchir à tout ce qu’il se passe entre ses murs et surtout, pourquoi cet homme de l’extérieur s’est arrêté devant moi, puis Spider qui me tient compagnie durant le déjeuner sans dégoiser le moindre mot.

C’est lorsque des voix se font de plus en plus nombreuses que je me lave rapidement puis éteint l’eau. Une fois sec et mon linge rassembler dans un sac de toile à mon nom, j’ouvre la porte, je m’attendais à voir une personne, particulièrement un homme vue comment ils sont nombreux, mais je ne pensais pas avoir devant moi Spider en personne, avec un petit rictus au bord des lèvres.

Sans que je comprenne quoi que ce soit, il me pousse en entrant dans un même temps dans ce lieu exiguë, me collant contre la paroi trempée de la douche.
Je ne saurais dire ce qu’il se passe dans mon corps, est-ce un mélange de peur et d’autre chose ? Probablement.

Durant toutes mes années passées, que ce soit à l’extérieur ou durant mon incarcération, c’est bien la première fois que je suis presque collée à un homme et surtout que des frissons habitent mon corps alors qu’il ne me touche pas.

Je suis sur le point de lui dire de me laisser partir, peu importe si je me mets à hurler et que tout le monde entendre, oui je suis sur le point de prononcer quelques mots, mais il n’en empêche en posant ses lèvres sur les miennes d’un baiser urgent, possessif et brutal.

Sans que je me rende compte, un son sort d’entre mes lèvres ce qui a l’air de le ravir, continuant dans cesse son geste. Sans probablement savoir qu’il s’agit de mon premier.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant