Spider
Voilà maintenant un mois que la mission au sein de la prison s’est déroulé, après avoir dû nous mettre au vert quelques temps, passé inaperçu des différents médias, nous sommes prêts à dire adieu à nos frères morts au front.
Ainsi qu’à Anastasia.
Je suis actuellement dans ma chambre en train de me préparer. Théoriquement je devrais me mettre en costard cravate, la tenue traditionnelle pour les enterrements, mais je n’en ai pas le courage, j’aurais dû mettre cette connerie pour un tout autre évènement, bien plus joyeux, pas pour cette merde.
Lorsque le décès d’Anastasia a été prononcé, je venais tout juste d’avoir les coordonnées de sa mère grâce à Bat alors je n’ai pas hésité de leurs transmettre la nouvelle.
Mais cette démarche ne sera pas sans conséquence, parce que je tiens absolument à voir Elise de mes propres yeux, en espérant qu’elle est comme son aînée me l’a dit.
Auquel cas, je ne sais pas ce que je pourrais faire.
- Tu es prêt mon frère ? Demande Bear au pied de ma porte
Ne prononçant aucune parole, je finis par descendre rejoindre tout le monde et récupérer le bandana noir que la première dame me tend, un symbole de deuil au sein de notre famille.
Parce que, bien qu’elle ne fût pas ma régulière, c’était tout comme.
Respectant la hiérarchie du club, nous roulons tous au pas en direction du cimetière, là où sa dernière demeure nous attend pour un dernier aurevoir, et putain je ne suis pas prêt à faire ça.
C’est lorsque nous arrivons sur place que je vois Travis, arborant le cuir de prospect, en compagnie de deux femmes, du moins une femme ainsi qu’une adolescente, probablement Nathalie et Elise.
Celui-ci, me voyant approcher, fais les présentations alors que je me contente de les détailler tour à tour.
Si Nathalie laisse supposer qu’elle gagne bien sa vie, Elise quant à elle à les membres tremblants et se gratte de manière compulsive les fosses cubitales, signes évidents qu’elle est en manque, reste à savoir quoi.
Et je ne veux pas là laisser avec cette merde dans le corps.
Prenant l’adolescente à part, je me permets de lui parler de sa sœur, chose qu’elle a apparemment besoin si je prends en compte ses yeux humides.
Je lui parle principalement de notre rencontre au sein de la prison mais également de sa combativité hors norme, une chose que je n’ai vu que rarement parmi les gens lambdas.
- Tu lui ressemble beaucoup Elise, mais je ne pense pas qu’elle aurait aimé de voir avec quoi tu tiens le coup
- Tu me dis ça, lance-t-elle avec une voix chevrotante, mais qui me dis que tu l’as connaissait si bien ? Tu peux très bien être un charlatan
- Je sais que tu l’appelais Tasia, et que le jour du verdict, elle t’a dit qu’elle veillerait toujours sur toi et que quoi qu’il arrive, elle était fière de ce que tu deviendrais
Voyant ses larmes couler de plus en plus, je finis par lui tendre une grosse enveloppe en lui disant que tout cela lui appartenait.
Me demandant de quoi il s’agit, je la laisse découvrir le collier de son père ainsi que la photo des deux filles avec ce dernier.
- C’est quoi les lettres qu’il y a avec ? Demande-t-elle en levant son regard vers moi
- Ce sont toutes les lettres qu’elle a écrites pour toi, étant donné que tu as déménagée elle n’a jamais pu te les envoyer, mais il n’y avait pas un jour où elle ne pensait pas à toi
Ne voulant pas la laisser dans une détresse émotionnelle aussi intense, je finis par lui donner un numéro de téléphone en lui indiquant qu’il s’agit de mon numéro personnel.
- Quoi qu’il arrive, n’hésite pas à m’appeler si tu as besoin d’aide, peu importe de quoi il s’agit, je serais là pour toi
La voyant hocher la tête, nous finissons par rejoindre tout le troupeau réunis pour lui dire aurevoir, parce que pour moi, il est impossible de lui dire adieu, je m’y refuse.
Laissant tout le monde faire un petit discours concernant la femme que j’aime et lui accorder un dernier hommage, je suis le dernier à m’approcher, munie d’une rose rouge alors que tous les autres avaient une blanche.
- Mon amour, je refuse de te dire adieu aussi facilement, pour moi c’est inconcevable parce que quoi qu’il arrive on finira ensemble, si ce n’est pas dans cette vie là ça sera dans la suivante. Dès que je t’ai vue, j’ai tout de suite sus que tu étais différente et pas forcément parce que tu venais de te faire tabasser pour avoir refuser un ordre.
J’entends quelques-uns de mes frères rirent à cette annonce, ainsi qu’un léger sourire orné les lèvres d’Elise, bien qu’elle tente de calmer ses pleurs.
- Tu m’as fait montrer combien tu peux être forte et surtout comment il est facile de faire parler ses sentiments lorsque c’est réciproque, grâce à toi je peux enfin dire que je suis amoureux, et que ce n’est pas près de s’arrêter. Sache que si un de mes frères me demande de faire ma vie sans toi, je n’hésiterais pas à lui casser la gueule de ta part, où que tu sois.
Prenant une dernière inspiration, je regarde la photo qu’Elise à choisi de mettre au-dessus de la tombe, elle n’avait qu’une quinzaine d’année à l’époque mais c’est également la dernière qui a été prise, si on ne compte pas ceux des prisons.
- Tu es et tu seras toujours la femme de ma vie, je te remplacerais pour rien au monde. Tu es même plus que ça, tu es ma régulière.
Posant la rose sur la tombe, là où est son cœur, je finis par faire demi-tour alors que les fossoyeurs font descendre la boite au fond de son trou.
Il est hors de question que j’assiste à ça.
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Trente ans ferme
RomansaAnastasia a quinze ans lorsque sa vie se met à voler en éclat, une famille complètement brisé entre un beau-père violent, une mère prostituée et une petite sœur qui reflète la seule part d'innocence de la famille. Mais lorsque celle-ci est en danger...