Un ours, plutôt une peluche

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Anastasia


Voilà un mois et demi que l’on m’a diagnostiqué, d’une étrange manière, l’empoisonnement à l’arsenic, et honnêtement, j’aurais préféré mourir les premiers jours de traitement.
Je me suis mise à vomir absolument tous les jours, ajouter à cela les crampes, une probable infection urinaire et une voix digne d’un homme des cavernes, il ne manquait plus que je perte mes attributs qui font de moi une femme et je devenais une loque sans nom.

Désormais, on peut dire que je vais mieux même si je reste un peu faible.
J’en ai adressé quelques mots aux garçons d’ailleurs et d’un commun accord, on a préféré couper les ponts entre nous.
Je les oublierais jamais, c’est certains, mais ils méritent de faire leurs vies comme ils l’entendent, ils n’ont pas besoin d’avoir un bagage enfermé qui leurs envoies une lettre quand elle le peut.
Et ils éviteront de s’inquiété si un jour je ne donne plus aucune nouvelle.
Bear n’a pas forcément compris ma démarche, mais respecte mon choix ce qui me fait un bien fou.
Bear…

Depuis le jour où je me suis effondrée sur le sol, aucun d’entre eux ne me laisse seule, et pour le coup, je ne sais pas si je dois me sentir oppressée ou heureuse de cette attention.
Spider était pareil cela dit, mais pour ma part, je ne ressens pas la même chose avec les garçons, ils sont sympas, mais ça n’ira pas plus loin.
Et ils le savent très bien.
Avant même d’ingérer les premières substances que Bear me donnait, il a tenu à m’informer de l’histoire en intégralité, on a passé plusieurs heures à discuter, mais au moins on peut dire que je suis au courant d’absolument tout, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Bien qu’on sache désormais qui est le gars qui m’a injecté cette merde, et qu’on lui a fait passé l’envie de recommencer, nous ne savons pas grand-chose de l’investigateur.
On sait déjà qu’il s’agit d’une femme, à moins qu’elles soient plusieurs, et qu’elle est prête à tout.

Actuellement dans ma cellule avec Bear, je tiens les petites pilules dans ma paume alors que je me remue les méninges pour trouver la logique de cet acte.
Sans succès.
Alors que Bear suit le moindre de mes mouvements, secrètement pressé que je prenne mon traitement, je le sens perdre patience lorsque je repousse ce moment, sans même m’en rendre compte.
- Qui gagne à me rendre malade au juste ? Demandé-je au bout d’un moment, le faisant soupirer de désespoir.
- On a pas que des amis dans une prison Anastasia, lance-t-il en s’installant confortablement, les cas de règlement de compte sont monnaies courantes
- Oui mais pourquoi moi ?
- Tu en as pas une petite idée ?
En repensant à toutes les personnes dont je me suis vengée, que ce soit ici dans les autres centres pénitenciers, je ne peux m’empêcher de soupirer à mon tour en constatant que la liste est longue.
Finissant tout de même par avaler ce que j’ai dans la main, je prends la bouteille qu’il me tend avant d’en boire une gorgée.
- Avec toutes les personnes que je me suis battues… la liste est longue Bear
- Et les brebis ?
- Comment elles auraient fait ? Je veux dire, il faut bien les payer ou quelque chose dans le genre non ?
- Une brebis est comme une pute tu sais, il n’est pas difficile de baiser pour un service
- Ça me dépasse…
Voyant le simple haussement d’épaule de Bear, je me mets à pousser un soupir devant cette constatation effroyable, pourtant, bien que je ne les connaisse pas, je me dis que ce mode de transaction peut être possible, même si je le trouve complètement ahurissant.

Partant sur un autre sujet, nous nous mettons à parler de nos vies en dehors du club. Et bien que je n’aie pas grand-chose à lui apprendre, je le laisse me parler de son enfance ainsi que tous ses rêves, tels que fondé une famille, avant que la réalité ne le rattrape lorsqu’il a appris, au bout de plusieurs essais, qu’il ne pourra jamais avoir d’enfant.
Bien que les souvenirs de mon père soient désormais flous, j’ai l’impression de le voir à travers le comportement de Bear. Je ne vois pas en lui le biker sans foie ni loi qui n’agit que pour son propre intérêt mais plutôt un homme forcé de renoncer à ses envies de famille tout simplement parce que sa femme n’a pas supporter devoir vivre sans porté un enfant un jour.
Et rien que pour ça, je suis prête à le laisser agir tels un père, comme en ce moment.

Je suis sur le point de dire quelque chose lorsqu’un fracas résonne à travers les murs du bâtiment, avec un simple regard, nous nous dirigeons tous les deux vers l’origine de se tintamarre avant qu’il ne me stoppe à l’entrée de la pièce.
Face à nous, les différents prisonniers sont occupés à casser tout ce qui se trouve à leurs portés avant de prendre des morceaux de verres ou de métal.
Jetant un coup d’œil dans sa direction, il fini par me faire signe de remonter alors que Daniel et Travis viennent à notre rencontre. Parlant de ce qu’il se passe en ce moment, l’afro-américain m’apprend qu’une rumeur est en train de proliféré à une allure exponentielle.
Une émeute se prépare, bien que nous ignorions quand.

Posant un nombre important de question, je cesse de parler lorsqu’un bruit de téléphone se fait entendre, me faisant sursauter.
Regardant un peu partout qu’il n’y ait pas de gardien, je remarque Bear s’approcher un pan du mur avant de retirer un morceau de pierre et sortir l’appareil de sa cachette.
Voyant uniquement le destinataire, il me tend tranquillement le téléphone en me disant que c’est pour moi.
Qui pourrait bien m’appeler ?

Prenant le mobile dans ma main tremblante, je regarde la suite de chiffre qui en me dit rien avant que j’appuie sur le petit bouton vert puis  met le combiné contre mon oreille.
- A… allô ?
- Bonjour chaton, lance une voix chaude qui me procure une tonne de frisson.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant