Un nouveau à l'ancienne

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Anastasia


On en peut pas dire que les choses ont changés en cinq semaines. Bien entendue, le temps passe nous laissant déjà au milieu du mois de février et donc, le changement d’année, sinon, rien de nouveau sous le soleil de la Louisiane.
A un détail prêt.

Il y a quelques semaines de cela, j’ai eu des douleurs abominables ainsi que des nausées, j’ai tout d’abord pensée à une intoxication alimentaire mais j’étais la seule dans ces cas-là, puis je me suis mise à penser que les bouteilles d’eau que l’on nous sert ont été changés, je dois sûrement pas les digérer ou une connerie comme ça.
Pour en être certaine, je suis passée voir l’infirmière, accompagnée d’un des gardiens, mais elle n’a rien trouver d’anormal, des douleurs probablement liée à mon alimentation et qui passeront une fois mon organisme habitué.

En ce matin de février, je me suis réveillée avec une sensation étrange au fond de la gorge, d’abord assailli par une salivation excessive, manquant de peu de m’étouffer avec par ailleurs. J’ai fini par ramper vers les toilettes avant de tout vomir, répugner par mon abondance de salive de si bon matin.
J’ai pensé, dans un premier temps, que ce n’était que passager, un simple haut le cœur sans importance et que je serais tranquille pour le reste de la journée, enfin, ça c’était avant que je ne vomisse pour la cinquième fois alors que je ne suis pas encore sortie de ma cellule.

C’est avec les larmes aux yeux et la bile mélanger à la salive qui quitte le fond de ma gorge que j’entends des pas se faire pressant à l’entrée de ma chambre, après avoir prévenu qu’elle entrait, la personne se place non loin de moi et me tient les cheveux en me caressant le dos, attendant tout comme moi que cela cesse.
Je prends le temps de bien me rincer la bouche avant de remercier Flora pour son intervention, me voyant probablement blanche comme un linge, celle-ci se met à froncer les sourcils avant de me faire asseoir sur mon lit.

- Depuis plusieurs semaines je te vois bizarre, tout va bien ? Demande-t-elle après avoir posé une de ses mains sur mon front moite.
- J’en sais rien… dis-je le souffle court. J’ai mal au ventre depuis plusieurs jours
- Et l’infirmière ? Je sais que tu es allée la voir, mais elle t’a dit quoi ?
- Que ça passerait…
- Et les vomissements c’est ?
- Depuis ce matin…

Je vois Flora se mettre à réfléchir le plus rapidement possible avant de me regarder de haut en bas. Je ne sens pas du tout la conclusion qu’elle va en tirer mais il faut que je sache de quoi je souffre le plus vite possible, je n’aime pas me retrouver aussi faible.

- Tu te souviens quand je t’ai fait un cour d’éducation sexuel ? Demande Flora.
- Pitié Flora, pas aujourd’hui… dis-je en avalant ma salive du mieux que je peux.
- Je vais être rapide, as-tu eu, oui ou non, une relation sexuelle avec un détenu ou un gardien ?
- Non je n’ai eu aucune relation sexuelle Flora, des gardiens ont essayés mais j’en ai tué un, tu te souviens ?

Evidemment qu’elle s’en souvient, cela à fait le tour de la prison durant des semaines de ce que je sais, en fait, depuis tout le temps de mon isolement. Cette annonce n’a pas été faite morceau par morceau, non, il n’y avait qu’à me voir couverte de sang et la tronche du gardien entièrement défigurée pour comprendre que je suis passée par là, et que je me suis défoulée au possible.

- Il faut aller voir l’infirmière, annonce-t-elle en se levant. Ce n’est pas normal que tu sois dans cet état
- Et si elle me dit que je n’ai rien ?
- Autant tenter le coup quand-même !

Usant de mes dernières forces, je me lève tant bien que mal puis la suit en direction de l’infirmerie bien qu’elle m’y dirige plus qu’autre chose. Je ne sais vraiment pas ce que j’ai actuellement avec cette sensation bizarre mais c’est louche. Je suis déjà tombée malade, plus d’une fois même, mais pas au point de limite me baver dessus et vomir à tout va, il y a des limites.
Parce que bordel, je suis pas une bête qui à la rage ni une folle en plein exorcisme !

Comme je m’y attendais, l’infirmière n’est pas chaleureuse à mon égard, au point que je pense même la déranger, puis après que Flora lui raconte mon problème, elle décide de m’ausculter, sous les yeux attentifs de cette dernière.

- Il n’y a rien d’anormal chez Jones, sûrement un microbe ou un truc dans le genre, lance l’infirmière quelques minutes plus tard. Etant la seule qui soit souffrante je penche même pour une simulation histoire de faire un tour à l’hôpital et s’enfuir, aller partez les filles, au prochain coup dans ce genre je n’hésiterais pas à faire un rapport pour tentative d’agression dans le but de vous faire la mal !

Voyant le regard surpris de Flora, j’hausse tout simplement les épaules avant de nous diriger vers la sortie. L’entendant ruminer tout le long du chemin sur l’incapacité du personnel soignant de reconnaitre un vrai malade lorsqu’il en voit un, je décide de la stopper avant que nous soyons dans la cour avec tous les autres.
- Je n’ai rien, tout va bien c’est juste une connerie qui passera, dis-je d’une voix déterminée.
- Tu vomis, ce n’est pas rien Anastasia… lance-t-elle d’une voix inquiète.
- Je vais très bien, dis-je en détachant chaque mots les uns des autres.

Une fois certaine que le message soit bien passé, je reprends la direction de la cour où se trouve tout le monde puis m’isole un peu, chose qui est de plus en plus rare quand j’y pense. Mais c’est sans compter sur Flora qui est bien décidée à me suivre comme mon ombre.
Voyant le regard inquiet de Travis et Spider, je leurs faits un petit sourire en coin suivit d’un signe de main. Naturellement ils ne semblent pas sereins, mais je sais d’avance que les questions seront pour plus tard.

- Ils sont inquiets, indique-t-elle
- Je le sais
- Tu comptes leurs dire que tu te sens pas bien et que l’infirmière fait rien pour te soulager ?
- Qu’est-ce que ça changerait Flora au juste ? Rien du tout.
Je la vois commencer à ouvrir la bouche alors qu’un car se met à klaxonner, nous faisant tous tourner la tête vers sa direction. Et en quelques minutes à peine, les portes du véhicule s’ouvrent nous laissant voir une bonne vingtaine d’hommes qui en descendent, certains bien plus intimidants que d’autres.

- Les nouveaux venus, lance Flora en croisant les bras.
Acquiesçant silencieusement ses paroles, je me mets à les détailler les uns les autres. De ce que je constate, ils sont tous de corpulence et d’éthiques différentes, mais le plus intriguant d’entre tous, est cet énorme mastodonte qui semble, de loin, balafré.
Leurs démarches et leurs confiances aussi semblent uniques les unes des autres. Mais encore une fois, cet homme se distingue des autres rien que par sa prestance. Mais dans sa façon de regarder autour de lui, j’ai la sensation que cet établissement ne lui est pas inconnu.

- Tu le connais ? Demandé-je à Flora
- Qui ? Le petit maigrichon qui se gratte l’avant-bras où l’homme des cavernes balafré ?
- Second option
- Pas le moins du monde, il fait beaucoup trop peur pour que je m’en approche de toute façon.
Je vois d’ailleurs, cet homme faire un signe en direction de Spider puis suivre le mouvement en direction des admissions, Il sera sûrement dans notre unité s’il connait l’homme qui me tourmente depuis mon arrivée ici.
Et ça n’a pas louper, une bonne heure plus tard, cet homme pénètre dans la cour et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il se trouve devant moi accompagné de Spider qui me regarde avec un grand sourire aux lèvres.

Après un mouvement de tête dans leurs directions, et avoir repérer Flora détaler comme un lapin, je reporte mon regard sur l’inconnu qui me détaille des pieds à la tête avec une lueur étrange dans les yeux. Avant que je n’aie eu le temps de dire quoi que ce soit, Spider prend la parole et la seule chose que je peux dire, c’est que je ne comprends pas du tout son délire.
- Anastasia, je te présente mon frère, Bear et il sera un peu comme ton garde du corps pendant un temps indéfini

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant