Trente ans ferme

Premier plan

Inconnu

Profitant du soleil, je suis tranquillement installé sur un banc de fortune à doré les parties de mon corps à l’air libre. Et bien que j’aie les yeux fermés, je reste attentive aux bruits que j’entends autour de moi, notamment les ragots concernant son entrevue avec un des détenus et la supposée escorte dont elle a hérité alors qu’elle dormait à point fermé.

Je n’y aurais pas prêté grande attention si le prénom de Spider n’était pas mentionné dans les personnes qui tourne autour d’elle. J’ai énormément du mal à y croire à cette histoire, mais je sais également que la personne qui le raconte n’est pas du genre à mentir ou du moins, n’aura rien à y gagner de raconter de tels conneries.

Il est inutile de préciser que cette histoire me met hors de moi. Jamais Spider ou qui que ce soit d’autres n’aient eu ce genre de geste envers quiconque, et pourtant, il aurait pu au moins par trois fois le faire pour obtenir n’importe quelle faveur, mais non, il a fallu qu’il fasse ça pour la personne la plus coincée de l’univers.

Qu’est-ce que ça m’énerve bordel !

Soufflant un bon coup, je me mets à imaginer quel serait ma vie si elle n’était pas ici, rien n’aurait changer j’en suis sûr, à moins que si, mais j’aurais obtenu ce que je souhaite par-dessus tout au monde. Me faisant regretter encore plus encore le fait qu’elle soit entre ces murs avec nous.

Le grésillement d’un talkie-walkie pas loin de sort de mes pensées, après que le gardien à qui appartient ce truc actionne son bordel, l’annonce qui en sort lui fait pousser un juron.

- Il y a eu une agression secteur 3, deux individus inconscients, l’un de sexe masculin et l’autre féminin, d’après les caméras c’est Jones, qu’est-ce qu’on fait ? Lance la voix provenant de l’appareil

Après un soupir, l’agent prend son talkie et commence à répondre en disant qu’ils ne peuvent rien faire tant qu’elle ne sent prend pas à un membre du staff. Une fois la conversation terminé, je l’entends murmurer qu’il faudrait que quelqu’un lui donne une bonne leçon à cette garce.

Je ne peux qu’être d’accord avec lui sur ce point, quelqu’un doit la remettre à sa place ou lui faire comprendre qu’elle n’est absolument rien pour personne ici, et que ça restera toujours ainsi, autant qu’elle s’y fasse.

Une idée germe rapidement dans ma tête, une manière pour moi de la mettre plus bas que terre, le plus efficacement possible et de manière, pour les plus faibles d’entre eux, de quitter définitivement la surface du globe.

Un sourire satisfait s’affiche sur mes lèvres à cette pensée, oui, rien qu’à concevoir un futur sans elle dans les parages me permet de voir l’avenir sous un nouvel angle, un bien meilleur que celui actuel. Il ne me reste plus qu’à trouver le moment adéquat et les personnes dignes du cadeau que je leurs offrirait.

- Qu’est-ce qu’on fait ? Lance la voix d’un de mes plus proches collaborateurs

Je ne réponds pas à sa question, chose qui ne semble pas l’offusquer outre mesure. Je continue de regarder le gardien de tout à l’heure en pleine discussion avec un de ses collègues, puis ce que j’imagine prend désormais tout son sens, maintenant que je sais quand ça sera, du moins le moment où elle sera le plus vulnérable, il ne me reste plus que les personnes.

Et surtout les motiver même si pour ça, je n’aurais pas à aller chercher bien loin.

Je passe le reste de la journée à regarder les différents gardiens, notant dans ma tête ceux qui seront les plus amènent d’accepter sans avoir besoin de réfléchir au préalable.

Je vire dans un premier temps les frêles et les gros, pas parce que je les aiment pas, mais disons qu’ils ne pourront sûrement rien faire contre elle, je suis parfaitement lucide sur les compétences et l’énergie dont ils auront besoin pour cette affaire.

Au détour d’un couloir, j’arrive à attraper l’un de ceux dont j’ai besoin, grand et les bras musclés, ce gardien à tout pour plaire pour une fille lambda, si ce n’est que sexuellement il est d’une violence extrême ayant, apparemment, envoyés à l’hôpital de nombreuses partenaires qui n’ont plus jamais voulu croiser sa route. Bien entendue, étant donné qu’aucunes n’a portée plainte ou la retirer peu de temps après, il n’a jamais eu à craindre quoi que ce soit provenant de la justice.

Il est parfait !

- Je ne suis vraiment pas d’humeur à m’amuser avec toi, dit-il d’une voix sombre, une fois que nous sommes suffisamment isolés des autres.
- Tant mieux parce que c’est pas de moi qu’il s’agit, j’ai besoin d’un service et tu es l’homme parfait pour ça
- Et qu’est-ce qui me dit que je vais accepter ?
- Tu accepterais si je t’offre une vierge ?

Rien qu’à l’entente de ce dernier mot et son sourire cruel, j’ai tout de suite compris que c’est dans la poche, il ne me reste plus qu’à lui faire part de mon idée, pour le reste, il trouvera comment faire, j’en suis persuadée.

- Je t’écoute, dit-il d’un air intéressé

Nous passons les minutes suivantes à parler de mon plan, bien entendu, il demande plus d’infos sur certains points et ce qu’il peut faire ou pas.
A cela, je lui raconte tout simplement qu’il a carte blanche, absolument tout est permis sauf une chose, il faut coute que coute qu’elle soit encore en vie une fois tout cela terminé.

Je veux voir dans ses yeux à quel point elle est détruite à l’intérieur, je tiens à la regarder croiser la route de ses bourreaux et surtout, qu’ils cherchent tous à recommencer dès que possible.

Une fois que tout est clair pour lui comme pour moi, nous partons chacun de notre côté non sans nous promettre de nous tenir au courant au moment venu.

Je ne croise personne jusqu’à ce que j’atteigne mon unité, bien que mes comparses me posent un nombre incalculable de questions, je ne réponds à aucune d’entre elles.
Mais mon sourire ne peut leurs transmettre qu’une chose.

Tiens-toi prête Anastasia, ta descente aux enfers va être difficile, en espérant que tu puisses t’en relever pour avoir le plaisir de te le faire rappeler, jours après jours.