De mal en pire

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Anastasia


Si j’ai une chose à dire depuis ce jour, c’est que la vie est une putain de chienne et que je suis son os à moelle préféré à voir toute la merde qui m’arrive au coin du nez.
Il n’y a pas un jour où je ne souffre pas de crampes abdominales intense, sans déconner, j’en suis au point où j’ai l’impression d’avoir des muscles, dont j’ignorais absolument l’existence jusqu’ici, se contracter et se détendre toutes les secondes ne donnant une sensation de décharge électrique dans tout le corps.
Et ça encore, c’est juste la partie visible de l’iceberg.

Malheureusement, les nausées et la salive excessive sont encore et toujours présentes, j’en viens même à me demander s’il ne faudrait pas que j’aie un sceau vide sur mes genoux tellement je bave à n’en plus finir.
Le bon côté est que ce dernier point n’est pas constant, il m’arrive d’avoir, à de rare occasion, l’impression que mon mal est parti, mais il revient constamment à la charge au moment où je m’y attends le moins.
Comme en pleine nuit, alors que je suis sur le point de m’étouffer, par exemple.

Ne supportant plus de voir mon état cadavérique, Flora finit par me faire sortir du lit alors que je sens mon corps être pris de convulsion ou de crampes de temps à autre sans aucune raison apparente.
- Je peux pas te laisser comme ça, annonce-t-elle après m’avoir lever. La vache en plus tu es gelée !
J‘aimerais beaucoup lui dire de ralentir, notamment parce que mon envie de vomir se fait de plus en plus fort, mais malheureusement je ne le peux pas, et c’est lorsqu’un gardien fini par nous stopper que je lâche la sauce, en plein sur les chaussures du concerné.
- Je crois que ce n’est pas la peine de vous dire qu’elle est malade ! Sort la détenue en passant à côté de lui. On va voir l’infirmière en attendant vous pouvez passer le seau histoire de nettoyer tout ça !
J’aurais pu rire de cette situation, surtout de sa répartie, mais je m’en suis abstenue lorsque j’ai remarqué quelques traces de sang présente dans ma régurgitation.
Nous n’avons pas attendue que l’infirmière nous fasse entrer dans son local, en réalité, Flora est directement entrée en annonçant qu’il y a une urgence et en l’occurrence, c’est mon état qui est préoccupant.

Après quelques examens de routine tels que la prise de tension et des questions qui n’ont pas forcément de rapport avec mon état. Cette femme finit par dire tout simplement que je n’ai rien et que mon état est probablement dû au stress lié à un retour dans la vie « normale » de la routine carcérale.
- Maintenant les filles vous pouvez partir, il y a des cas qui nécessite mon intervention et mademoiselle Jones, je ne veux plus vous voir si c’est pour un problème de ce genre, je ne traite pas les cas d’hypocondriaque.

Me laissant de nouveau tirée par Flora, celle-ci se met à ruminer sur le professionnalisme du personnel de santé, honnêtement je n’y comprends rien à ce qu’elle raconte, je veux juste retourner m’allonger.
- Mais c’est une sale conne quand-même ! On voit bien que tu es malade, pourquoi elle ne te soigne pas ?
- Peut-être qu’elle ne sait même pas ce que j’ai, ou qu’elle s’en fout

Me tenant tant bien que mal à la rambarde pour monter les marches, j’ai l’impression que mon corps pèse de plus en plus lourd au fils de mes pas. Bordel je n’ai jamais été dans cette état même avec une grippe.
- Ce n’est pas normal que tu sois dans cette état… lance Flora au bout d’un moment alors que nous repartons en direction des cellules.
- Je sais, mais on y peut pas grand-chose. Si je couve quelque-chose autant m’isoler et attendre que ça passe
- Et si ça passe pas justement ?
Malheureusement pour moi, je n’ai pas de réponse à cette question, déjà est-ce que je guérirais ? Si oui, qu’est-ce que j’ai exactement ? Aller savoir.

Décidant donc d’être seule en cas de problème pour mes comparses, je finis par prendre une pile de feuille et un stylo pour me mettre à écrire aux garçons, chose que je n’ai pas pris le temps de faire depuis que je suis sortie de l’isolement.
Là-dessus j’explique tout, que ce soit la raison, l’évènement en lui-même et mon ressenti sur tout ça, principalement sur Spider d’ailleurs.
Quand j’y pense, je me dis que c’est dingue qu’un gars comme ça s’intéresse à moi, une femme banale, tout juste majeure qui a fait la connerie de trop en tuant de sang-froid son beau-père, même si c’était pour protégé une personne qui n’aurait pas eu la force de ce défendre elle-même.
Et savoir qu’en plus il a mis quelqu’un pour ma protection lorsqu’il sera absent, parce qu’il ne faut pas croire qu’il restera enfermé tout le long de sa vie me réchauffe le cœur. Pour la première fois j’ai l’impression que quelqu’un tient à moi, autre que Travis et Elise bien entendue.

Naturellement, je m’arrête de temps en temps pour prendre la serviette afin de m’essuyer le mieux possible, j’en ai marre de baver autant, mais je ne peux rien y faire, si ce n’est espérer que ça passe, rapidement.

Complètement focalisée sur ce que je fais, je n’entends rien de ce qui se passe autour de moi, c’est donc avec un léger sursaut en voyant des chaussures non loin de moi, que je repère Spider au milieu de la pièce.
- Flora m’a dit que tu étais malade, lance-t-il pour entamer la discussion. Est-ce que ça va ?
- J’en sais rien… l’infirmière me dit que c’est le stress, mais tu devrais pas être là, imagine que ce soit contagieux, je veux pas que tu prennes le risque
- Et si moi, j’ai envie de le prendre ?

Le regardant s’approcher de plus en plus, je ne dis rien alors qu’il envahit peu à peu mon espace vital, il tient à prendre le risque de tomber malade, c’est un fait.
Mais suis-je prête à le mettre dans un potentiel danger ?
Rien n’est sûr.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant