Le département de correction

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Je n’ai qu’une chose à dire pour tout le trajet en cours : heureusement que je suis toujours menottées.

Parce qu’entre ceux qui jouent aux caïds qui vont en faire voir des vertes et des pas mûres aux mattons, plus ceux qui me fixent comme des poissons avec la bouche grande ouverte et ceux qui ne font que de chouiner qu’ils veulent leurs mamans, je n’en peux plus !

- Tu vas voir, les gardiens, je vais en faire qu’une bouchée dit l’un.
- Et moi, il va pleurer sa mère annonce l’autre dans un rire.

Je pousses un soupir en balançant ma tête vers l’arrière, le regard rivé au plafond. Qui est-ce qui m’a mis des imbéciles pareils ? Je ne sais pas où nous irons, mais je sais ce que centre de redressement veut dire. Ils ne vont pas y aller de mains mortes avec nous, peu importe ce que l’on a fait.

Nous arrivons dans ce qui semble, être une prison, une structure en brique, des grillages avec du fils barbelés au-dessus, six personnes en uniformes qui nous attends de pieds fermes. Serait-ce le comité d’accueil ?

Le bus se gare juste devant deux d’entre eux, à peine le moteur à l’arrêt, les portes s’ouvrent et une des personnes se met à hurler.

- Sortez et plus vite que ça ! Je vous veux les uns à côté des autres sur la ligne blanche !!

Je vois mes camarades sortir d’un pas pressés et suivre les instructions de cette inconnue. Alors que le bus est enfin vide, le conducteur se lève pour me faire descendre, étant la dernière présente dans ce bus.

Une fois sur la terre ferme, je lèves mon regard vers ce qu’il se passe, les personnes en uniformes, sûrement le personnel du centre, cris à tout va sur les nouveaux pensionnaires, hurlant des ordres totalement contradictoires puis les font boire un litre d’eau en une fois alors qu’ils viennent de courir vingt minutes sans interruption.

Je reste plantée là, juste à côté des portes du bus, attendant que quelqu’un daigne me libérer. Je repères rapidement les deux guignols qui jouaient aux plus grands dans le bus, là, en ce moment même, ils sont en larmes en train de faire des pompes.

D’autres adolescents eux, commencent déjà à vomir dans les poubelles misent à disposition. Pour avoir vues des documentaires sur ce sujet, je sais ce qu’ils sont en train de faire : Ils essaient de nous briser psychologiquement. Je reporte mon attention devant moi alors qu’une femme en uniforme arrive, un air mauvais sur le visage.

- Je peux savoir pourquoi tu ne fais pas la même chose que les autres ! Hurle-t-elle, le visage à quelques centimètres du mien.

Je ne prononce aucun mot, si c’est pour me faire engueuler en plus parce que je n’utilise pas le bon grade ce n’est pas la peine. Je ne fais qu’une chose pour attirer son regard : je secoue mes poignets ce qui fait cliqueter les chaînes qui tiennent les menottes.

Son teint vire du rouge au blanc lorsqu’elle remarque que je suis menottée. Après avoir appelé un de ses collègues, ils me prennent tout deux par un bras avant de me faire avancer vers un homme d’une cinquantaine d’année.

Pour avoir eu un père militaire, je reconnais les grades sans problèmes, ayant appris jeunes à les différencier et connaître quels sont les plus hauts placés dans la hiérarchie de l’armée.

Le plus souvent, ce sont des lieutenants qui s’occupent des jeunes, mais devant moi, ce trouve le commandant. Pas le plus haut placé dans les officiers mais un homme respectable dans son travail.

Après des nouveaux cris, tous se regroupent à mes côtés pour savoir ce qu’ils nous veulent. Sur le regards de mes camarades, beaucoup pour ne pas dire tous, sont soulagés que le cauchemar soit terminé.

- Si vous êtes là, c’est parce que vos familles en ont marre de vous ! Hurle le commandant en nous regardant tous les uns après les autres. Certains sont là pour le comportement, d’autres parce qu’ils ont fait des conneries qu’ils doivent assumés ! Pour moi, ça ne fait aucune différence ! Ce que vous avez vécues ce matin à votre arrivé, ce n’est que le début !

Je laisse mon regard trainer sur les nouveaux pensionnaires qui sont arrivés en même temps que moi. Je repère rapidement les deux caïds, le teint cadavérique, les jambes tremblotantes, je sais d’avance qu’ils risquent de se casser la gueule à tout moment, n’ayant pas supportés le cadeau de bienvenue.

- Nous allons vous emmener pour vous faire une fouille complète, tout et je dis bien tout ! Vous sera confisqués ! Je ne veux aucun bijoux, aucune photo ! Rien du tout ! Vous n’êtes rien d’autres qu’une bande d’insolents qui pensent être déjà des adultes !

Juste après ses quelques mots bien sympathique, nous nous faisons escorter, toujours sous les cris, dans une immense salle. Des sortes de boxes sont délimités par des rideaux vert foncé.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant