Anastasia
Bien que nous sommes en cet fin du mois d’avril et donc en plein printemps, je suis installée sur le sol dans la cour en train d’écrire. De base, je devrais l’envoyer aux garçons, mais ayant au préalable fait mes adieux, je la garderais, où la jetterais le cas échéant.
Ce n’est pas en soi, un besoin de me plaindre, mais plutôt de leurs dire tout ce qui se passe, bien entendue j’ai toujours Travis ou Bear mais ils vivent la même chose que moi, sans ressentir mes émotions, alors j’ai besoin de me livrer à des personnes extérieurs.
Finalement, ces quelques pages me servent de confident, une sorte de journal intime où j’écris tout ce que j’ai sur le cœur, tout ce qu’il s’est passé depuis la dernière fois où je leurs ais écrit.
Si mon empoisonnement passe au premier plan, je n’oublie pas pour autant ma première fois, où je ne pensais absolument pas que ça se passerait dans un lieu aussi glauque, mais également tout ce que j’ai ressentie sans entrer dans les détails.
Ce que je ressens pour Spider est au-delà de l’inimaginable, et rien qu’à l’idée qu’il soit dehors, à faire je ne sais quoi, ça me tord le bide plus que je ne l’aurais cru.
Et c’est une première pour moi.
Une fois mes mots couchés sur le papier, je regarde les garçons qui, plus loin, font un match de basket avec un vieux ballon qui était dans la réserve.
Flora quant à elle, est comme toujours avec son groupe d’ami à parler et rire de temps en temps.
Et comme je m’y attends, dans les deux cas, ils me jettent quelques coups d’œil pour vérifier que je ne risque rien.
Et inlassablement, je me dis que je me retrouverais loin d’eux, lorsqu’ils seront dehors tandis que je serais à la même place, à vieillir et attendre que le temps passe.
Sauf si je décide d’en avoir assez et de passer l’arme à gauche.
Quoi que, je pourrais encore trouver le moyen de me louper.
Ayant encore quelques feuilles, je décide d’écrire pour Spider. Je n’ai aucune adresse et encore moins son vrai prénom mais je suis persuadée que Bear sera capable de lui envoyer, de quelques manières que ce soit.
Là encore je mets tout ce qui me passe par la tête, le manque de sa présence dans la vie de tous les jours, l’envie de le revoir même si je sais que c’est impossible, parmi plein d’autre chose.
C’est probablement brouillon et sans forcément avoir de cohérence entre deux informations mais ce n’est pas grave, là seule chose dont je ne parle pas, c’est la peur que je ne sois que passagère, même s’il m’a plusieurs fois dit le contraire.
Je continue encore et encore, allongeant les mots de manière fulgurante lorsqu’une masse d’ombre me cache le soleil qui réchauffe ma peau.
En levant la tête, je repère les trois garces qui tentent de me mener la vie dure. Comme pour la première fois que je les ais vue, la tenue propre avec pourtant avec le soutien-gorge toujours visible, Shirley, la rousse, se trouve toujours au centre du trio alors que Sidney est à gauche et Leslie à droite.
Comme pour la première fois, je ne prends pas la peine de me lever, attendant simplement qu’elles crachent leurs venins pour que je puisse repartir dans ma tranquillité, malheureusement, j’ai l’impression qu’elles sont bien décidées à me faire sortir de mes gongs, surtout quand l’une d’entre elles prends les feuilles destinées à Spider.
- Tu te rends compte que ce que tu fais ne sers à rien ? Lâche Shirley après avoir lu quelques lignes
- Je ne vois pas en quoi ça te regarde Shirley et dans le cas où tu t’en rends pas compte, ce que tu fais c’est bafouer mon intimité là, je comprends que ce soit un concept qui t’échappe mais quand-même…
- Il s’est servie de toi, lance-t-elle dans un souffle. C’est ce qu’il a fait avec nous, une fois qu’on s’est accrochée à lui il nous rejette comme des merdes et s’enfile une autre sous nos yeux, pour le coup tu as de la chance d’être ici, tu ne le verras pas de toi-même, mais fait nous confiance sur ce coup-là
Ses mots me transpercent en plein cœur, pas parce que je l’a crois mais rien que l’imaginer me fait mal, néanmoins, même si je n’ai pas particulièrement d’expérience dans ce domaine, je veux croire aux paroles de Spider, pour bien lui faire comprendre que ses recommandations ne m’atteignent pas, je suis prête à tout et je tiens à lui faire comprendre d’une manière radicale.
- Je ne m’attendais pas à ce que tu sois jalouse à ce point, ni même que tes sbires soient si silencieuses, lancé-je en me relevant et récupérant mes feuilles. Par contre, c’est la dernière fois que tu lis mon courrier pétasse, la prochaine fois je ne serais pas aussi clémente
- Tu fais ta grande uniquement parce que tu as du monde pour te protéger, raille Leslie avec dédain.
- Jusqu’à preuve du contraire, je vous ai fait la peau la première fois que j’ai atterrie ici et j’étais seule, de plus, personne est autour de nous
Je vois les filles regarder un peu partout avant de se jeter sur moi dans un même mouvement, je les laisse me frapper quelques temps pour qu’elles se fatiguent avant que je ne passe à l’action.
Je ne fais même pas attention à ce qui se déroule autour de moi, cette situation me permet à la fois de me défendre mais également faire sortir toute ma frustration sur les évènements que je ne peux pas contrôler, notamment le manque flagrant de Spider, chose dont je ne m’attendais pas à ressentir.
Une fois complètement épuisée et soulagée, je regarde les trois filles à terre, les visages en sang et les souffles erratiques, tout comme le mien.
Constatant les égratignures sur mes phalanges et les regards inquiets des garçons, je récupère les feuilles chiffonnés et ensanglantés par endroit avant de leurs fait signe que tout va bien alors que je pars en direction de ma cellule pour prendre de quoi me laver.
Je vais être bonne à réécrire tout ce qui était poser sur le papier moi, en tout cas, la scène qui s’est produite il y a quelques instants me procure un sentiment de déjà vue.
Aller savoir pourquoi.
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Trente ans ferme
RomanceAnastasia a quinze ans lorsque sa vie se met à voler en éclat, une famille complètement brisé entre un beau-père violent, une mère prostituée et une petite sœur qui reflète la seule part d'innocence de la famille. Mais lorsque celle-ci est en danger...