Trente ans ferme

Bienvenue dans la jungle

Je reste quelques minutes les yeux levés vers le plafond de ce qui est désormais ma chambre. Je sais d’avance que mon corps sera criblé de bleu et probablement de quelques hématomes ici et là. Mais est-ce que je regrette mon acte de rébellion ? Pas du tout.

L’avantage, c’est que maintenant je sais que les gardiens ne sont pas comme ceux qui sont dans la prison pour mineur, ici, ils semblent nous prendre pour de simple animaux, prêts à frapper sans problème pour obtenir obéissance.

C’est un bruit contre les barreaux de ma cellule qui me fait tourner la tête vers le visiteur. Une jeune femme d’une trentaine d’année me fait face, un sourire aux lèvres.

Cette blonde aux yeux bleus semble sympathique, mais j’ai appris depuis un long moment de me méfier de l’eau qui dort.

- Salut, je m’appelle Flora, je suis ici pour avoir tentée de tuer ma meilleure amie qui m’avait piquée mon mec, et toi ?

Qu’est-ce que je disais ? Je ne préfère pas répondre et tout simplement m’asseoir non sans réprimer une grimace de douleur. En regardant attentivement cette Flora, je remarque qu’elle se balade tranquillement dans le couloir avec un gardien à ses côtés, ce qui ne semble gêner personne.

Armée d’un plateau ainsi que probablement mes rechanges, elle fait un signe à l’agent pénitencier qui, d’un simple mouvement, ouvre ma cellule lui permettant de pénétrer dans ce qui est désormais mon intimité.

- Comme tu es nouvelle, je t’apporte ton petit déjeuner, toutes tes nouvelles affaires et aussi t’expliquer à peu près comment ça se passe ou même si tu as des questions, je sais que ça doit être effrayant quand on arrive mais je t’assure…

L’éducation et la patience n’étant pas mon fort, je la stoppe dans sa lancée en levant simplement ma main, après avoir passé rapidement ma langue sur mes lèvres pour les humidifier, je prends la parole.

- C’est sympa Flora, mais tout ça je connais déjà, je n’ai pas besoin que tu m’apprennes comment survivre ici.

Elle continue de me fixer, attendant probablement que je donne mon prénom, ce qui n’arrive pas. Ne faisant pas fit de ça, elle finit par hausser les épaules avant de poser mon plateau à même le sol, à quelques centimètres de moi.

- Très bien, dit-elle avant de repérer mon nom de famille, Jones, si tu as besoin de visiter les environs ne te gêne pas, si tu veux que je te guide je serais dans la cour, c’est juste au bout du couloir à gauche lorsque tu sortiras de l’unité.

Ne répondant que par un hochement de tête, elle finit par se relever et sortir sans chercher à fermer ma porte. Après avoir avalé rapidement les aliments présents sur mon plateau, je le dépose dans un coin ne sachant pas quoi en faire puis sort après avoir regardé de chaque côté du couloir, bien décidé à me familiariser avec mon nouvel environnement.

De ce que je constate en levant la tête, le bâtiment n’est pas bien grand, il n’y a qu’un étage, mais étant donné qu’il ne semble pas bien large, c’est fortement possible que les hommes et les femmes soient séparés, comme dans la prison où j’étais.

Ne craignant pas de me faire voler, je pars en laissant un léger écart entre la porte et le verrou de manière à ce que je repère mon antre. En longeant le couloir et regardant à droite et à gauche, je constate que beaucoup de cellule sont vides, signe évident que les femmes doivent être rare ici. De ce que j’ai pu voir, nous sommes cinq, pas plus.

En descendant les escaliers de fer, j’arrive tout de suite dans une sorte de réfectoire avec quelques téléphones accrochés au mur près des gardiens, de ce côté, j’ai l’impression que toutes les prisons sont à peu près pareilles quant à l’agencement.

N’ayant rien d’autre, je sors de l’aile des filles et me trouve dans une pièce plus grande encore, une fois au centre, je repère quatre autres couloirs : l’aile des hommes, les sanitaires, les cellules d'isolement et la sortie.

Bon, pour le coup je sais désormais où se trouve les douches, mais je constate aussi que nous la partagerons avec les garçons, ce qui, pour le coup, est nouveau.