Dans la ligne de mire

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La première chose que je fais une fois loin de son regard est de soufflé un bon coup, bon, pour une première journée, disons que j’aurais pu faire pire, mais tout de même, me mettre trois filles à dos dès le début… après, il faut dire qu’elles m’ont cherchés.

Je me secoue toute seule avant de partir en direction de ma cellule, une fois sur place, je récupère une serviette ainsi que ma trousse de toilette, un sac pour les vêtements sales et des vêtements de rechange donner par les gardiens puis part dans les sanitaires pour une bonne douche.

Je ne croise personne que ce soit dans les couloirs de l’unité ou même dans les sanitaires eux-mêmes, ce qui n’est pas pour me déplaire au final. Tout dans la pièce est dans les tons blancs avec quelques touches de gris, c’est assez sommaire avec de simples toilettes, des lavabos ainsi qu’un miroir faisant tout le long du mur. De l’autre côté des toilettes se trouvent les douches qui sont relativement en bonnes états et propres.

Ni une ni deux, j’entre dans la première cabine de douche et après avoir pris soin de bien bloqué la porte et de mettre dévêtue, j’actionne l’eau et serre fortement les dents à cause de la température glaciale de l’eau.

Etrangement, cela me rappelle aussi la première douche que j’ai passé lors de ma détention au centre de redressement, étant arrivée avant les autres, j’étais sur le point de me débarrasser de la couche de sueur et de poussière qui habille mon corps mais j’ai rapidement été mise à terre pour que les « plus grandes », soient les plus âgées d’entre nous, aient ce privilège.

En fermant les yeux, je peux me retrouver dans cette pièce faites de carrelage bleu clair avec les tuyauteries peintes en blancs. J’entends encore les cris stridents des filles qui se prenaient l’eau glacée le temps que les chauffe-eaux puissent faire leurs travails, chose que manifestement, elles ne savaient pas.

Un sourire étire mes lèvres face à ce souvenir, parce que finalement, ce qu’on dit est bel et bien vrai. Peu importe dans quel univers nous nous trouvons, il y aura toujours une part de lumière dans un monde de ténèbres.

Après une douche froide, je me sèche puis me change en rangeant mon linge sale dans le sac approprié, pour la serviette, je trouverais bien un endroit où je pourrais la mettre à sécher.

Je pousse la porte de ma douche puis faire le tour des sanitaires de manière à me retrouver devant le miroir pour me brosser les cheveux. Seulement, je me rends compte un peu trop tard que je ne suis plus seule dans la pièce.

Trois hommes se trouvent juste à côté de la porte, bien qu’ils soient à peu près de la même taille j’ai l’impression d’avoir à faire à une triade. Celui qui semble être le chef du trio est de type afro-américain, avec ses cheveux noirs en dreads et ses yeux foncés, je ne suis pas étonnée du tout de voir un tatouage sur son épaule représentant une panthère noire qui semble vouloir sortir de son corps, de ce que je me souviens, c’est le symbole des blacks panthers à l’époque où les gens de couleurs voulaient les mêmes droits que les hommes « blancs ».

Face à lui se trouve un asiatique avec les cheveux raides arrivant au niveau de la mâchoire, les yeux tout aussi sombres que son comparse et il semble également plus fin. Lui aussi arbore un tatouage sauf qu’il est dans le dos, facilement repérable sous le t-shirt à cause de ses couleurs vives, je ne sais pas ce que cela peut signifier mais ce genre de masque fait plus peur qu’autre chose.

Et enfin le troisième, sa peau bronzée et ses cheveux noirs en brosse me laisse penser qu’il s’agit d’un mexicain ou en tout cas, qu’il vient d’origine latine, il possède également un tatouage sur le pectoral gauche, il s’agit d’une empreinte de main noir avec en son centre écrit « M-13 » en blanc, comme pour le précédent, je ne sais pas du tout à quoi cela peut faire référence et honnêtement, je préfère pas le savoir.

En silence, je me dirige vers le grand miroir à une distance raisonnable d’eux puis sort une brosse en bois pour mettre de l’ordre dans mes cheveux.

- Salut, je m’appelle Daniel, tu dois être la nouvelle c’est ça ? Celle qui a mis un marshal à terre ainsi que trois filles ? Lance l’afro-américain en me regardant de haut en bas.

Je ne dis aucun mot, me contentant de me brosser les cheveux en leurs jetant quelques regards de temps à autres sans qu’aucun d’entre nous ne bougent.

Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, mais au bout de quelques coups d’œil, je remarque que le fameux Daniel était celui à qui s’adressait Spider sans me lâcher des yeux.

Ne supportant plus ce silence qui perdure, je range calmement ma brosse dans ma trousse de toilette puis me prépare à quitter les lieux, mais c’est sans compter l’hispanique qui me bloque le chemin.

- Tu devrais lui répondre, me conseille l’hispanique d’une voix dure
- Luis, le reprend Daniel.

Mais Luis ne semble pas l’entendre, après avoir simplement poser sa main sur mon épaule, je lâche tout ce que j’ai entre les mains pour lui mettre un coup de genoux dans le ventre puis lui frapper la tête contre le lavabo devant les regards de ses comparses, bien qu’ils soient choqués de ce que je viens de faire, personne ne cherche à le venger. Sans demander mon reste, je récupère mes affaires puis quitte cet endroit avant qu’ils ne changent d’avis.

Je ne peux pas dire que je fasse particulièrement la fière, en même pas une journée je me retrouve avec trois personnes à dos, ce n’est pas ce qui poserait problème en soit, si ce n’est que je ne sais absolument rien sur eux ni même ce qu’ils ont faits, ce qui me met dans le flou le plus total.

Avec un calme feint, je rejoins ma cellule puis commence à ranger mes affaires, faisant attention aux moindres bruits suspects. Par expérience, je sais très bien que ce que je viens de faire ne resterais pas impuni, il ne me manque plus qu’à savoir qui me fera quoi et surtout, quand.

Des bruits de pas se font entendre, en quelques secondes, je repère la chevelure blonde de Flora, ce qui intérieurement, me fait pousser un soupir de joie. Néanmoins, en vue de son regard, je comprends qu’elle me cherchait.

- Tu es au courant de ce que tu viens de faire dans la cour ? Enfin les conséquences que cela va produire ? Me dit-elle en croisant les bras et en s’adossant aux grilles qui font offices de porte.

Je sais très bien que ce que j’ai fait aux filles ne sera pas laisser ainsi, aussi en sachant qu’elles ne le feront pas elles-mêmes, je me dis qu’intérieurement j’ai le temps de voir les choses venir. Mais à l’heure actuelle, j’ai une autre question qui me brûle les lèvres.

Comme pour un instinct de survie, j’ai besoin de connaitre mon nouvel habitat naturel et surtout, les différents prédateurs qui s’y trouve, car s’il y a bien une chose que je ne peux pas omettre, c’est qu’ici, la plupart agissent comme des animaux.

- Qu’est-ce que tu peux me dire sur les autres prisonniers ? Lui demandé-je en la regardant droit dans les yeux.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant