Tout vient à point...

2.4K 160 4
                                    


Comment convenu avec Lola, un mois vient de passer et bien que l’on soit en plein mois de Février, qui est censé être celui le plus froid, la température extérieure ne nous empêche pas d’être dehors tout le long de la journée.

J’en ai profité pour m’endurcir de toutes les manières possibles, physiquement, je suis capable de supporter quelques coups, mais comme tout le monde, je suis loin d’être invincible.

Les entrainements de Lola se sont endurcit au fur et à mesure des séances, maintenant, je ne me bats plus contre les filles, hormis lorsqu’il s’agit de Lola, mon adversaire principal est Juan, ce garçon est un véritable ours en vue de sa carrure et de sa force, le nombre de fois où je me suis retrouvée au tapis ne peut pas se compter, même avec les deux mains.

C’est surtout au niveau psychologique que je me suis renforcée, je suis devenue bien plus impulsive qu’avant.

Les gardiens en ont rapidement marre d’ailleurs, néanmoins, Lola m’aide à tenir le coup, à prendre un peu sur moi.

Mais malheureusement, et ça je pense que le personnel carcéral s’en doute, le jour où elle partira, je ne paierais pas cher la peau de ceux qui croiseront mon chemin, surtout s’ils me cherchent des poux.

Bien que ça ne fasse pas des années que je la connais, je fais pleinement confiance à Lola, à qui j’ai d’ailleurs raconter toute mon histoire, après tout, elle a fait la même chose alors que ça ne faisait qu’une semaine que l’on se parlait.

Elle n’a pas changé de comportement vis-à-vis de moi, et je l’en remercie d’ailleurs, devenir distante est vraiment la dernière chose que j’aimerais.

Je profite des quelques minutes de libre avant de m’entraîner pour prendre la planche de bois et la mettre sur mes genoux, muni d’un stylo bille, prêter par un gardien bien-sûr, je pose une pile de feuille à côté de moi et commence à écrire. C’est devenu comme un rituel, toutes les deux semaines j’envoies une lettre aux deux garçons qui constitue ma famille, mes frères de cœur.

Jacob et Casey,

Je ne prends même plus la peine d’écrire à l’un ou à l’autre parce que je sais que vous la lisez en même temps, alors autant à ce qu’elle s’adresse à vous deux directement.

Bien que je vous écrive cette lettre, je sais d’avance que je vais pouvoir parler à l’un d’entre vous car l’accord des droits téléphoniques avec vous deux, bien que vous soyez d’anciens délinquants, a été accepté.

Le mois de Février commence à être bien entamé et avec cela, mes bleus et courbatures de font de moins en moins difficiles à supporter, pour le moment d’ailleurs, je ne suis pas encore partie en isolement, mais bien que je ne sache vraiment pourquoi, je pense remédier à cela très vite. Juste pour savoir si c’est différent de celui du centre de redressement.

Comme vous savez lors de ma précédente lettre, j’ai eu le droit à un cadeau de bienvenue, avec les marques qui s’en suivent, mais pour le coup et avec l’aide de Lola, je ne compte pas laisser ça passer. Hors de question que je sois faible un seul instant.

Je pense à vous continuellement, espérant qu’un jour ou l’autre, nous pourrons de nouveau nous voir en face à face tous les trois, nous parler sans avoir besoin de téléphone ou même de lettre. Être libre d’agir comme nous le voulons, tout simplement.

La lettre n’est pas longue, mais j’espère avoir plus de chose à vous dire par téléphone, il ne me reste que quelques minutes avant que Lola ne vienne m’attraper par la peau du cou et m’emmener à notre entrainement quotidien.

J’attends des nouvelles avec impatience, car honnêtement, je ne me doutais pas qu’un laps de temps aussi cours, puisse paraître comme une éternité sans votre présence.

Anna.

Après avoir mis la lettre dans une enveloppe et avoir mis l’adresse, je la pose dans une des boites dans le bureau des gardiens, comme d’habitude, ils vont la lire avant de l’envoyer sans oublier de noter les informations qui leurs sembles importantes.

C’est comme ça qu’une des filles s’est fait choper à vouloir continuer à dealer dans l’établissement, elle s’est retrouvée en isolement depuis quelques jours déjà, aucune idée de combien de temps il lui reste encore à faire là-bas.

Une fois cela fait, je me dirige vers la cour en m’attachant les cheveux en une queue de cheval avec un élastique que Lola m’a passée, j’entends de temps à autres les paroles des détenus que je croise sans chercher vraiment à les comprendre, je dois rester concentrée sur ce que je fais.

En ouvrant la porte qui mène à la cour, je comprends rapidement ce qu’ils voulaient dire, il pleut averse. Prenant mon courage à deux mains, je finis par sortir, des frissons parsèmes mon corps lorsque l’eau entre en contact avec ma peau, je vais finir par tomber malade, néanmoins, je commence à trottiner pour m’échauffer avant de carrément me mettre à courir comme si le diable était à mes trousses.

Je perds totalement le fils du temps, c’est lorsque je m’arrête, complètement essoufflée et trempée, que je repère Lola, juste au niveau de la porte, au sec, avec une serviette à la main.

Je m’approche doucement d’elle en soufflant de manière à reprendre une respiration normale, je finis par prendre la serviette une fois l’avoir remercié, chose qu’elle me répond avec un léger sourire.

Après donc m’être sécher et habillée de vêtements secs, je me dirige dans le hall du bâtiment, qui sert aussi de réfectoire lors des heures de repas, et prend un des téléphones muraux de libre.

Ayant payé un forfait téléphonique en échanges d’heure au sein de l’établissement, contrôler par les gardiens bien-sûr, je sors mon petit morceau de papier où est inscrit le numéro de téléphone des garçons.

J’entends une sonnerie puis une seconde et une troisième, m’attendant à ce que personne ne décroche je suis surprise lorsque j’entends une voix ensommeillée.

- Allô ?
- Tu vas pas me dire que tu dormais encore ? Dis-je en cachant un rire.

D’un coup j’entends comme une chute, au bout de quelques secondes la voix de Jacob se fait de nouveau entendre.

- Je travaillais de nuit désolée, comment vas-tu ?
- Ça va, je commence à m’habituer à tout ça, et Casey ?
- Il va bien aussi, bien-sûr tu nous manque mais ce n’est pas quelque chose qu’on peut contrôler
- Vous me manquez aussi… comment c’est dehors ?

Il prend quelques secondes, avant de me répondre. Bien que ça fasse quelques temps maintenant qu’il est dehors, ils ont tous les deux du mal avec la vie extérieure, ne s’attendant pas à ce que ça soit aussi difficile à l’heure d’aujourd’hui, ça en plus des nouveaux problèmes avec le gouvernement, les nouvelles lois, tout semble bien plus compliqué qu’entre quatre murs.

On comprend mieux pourquoi certaines récidives au bout de quelques mois, préférant les murs réconfortants d’une prison. Oui c’est grave de se dire qu’ils préfèrent être en prison qu’être libre.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant