Transfert

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Je ne sais pas avec exactitude combien de temps je suis resté entre ses murs, mais ça doit bien faire une dizaine de jours. Je suis sortie alors que le soleil semble haut dans le ciel, autant dire que la journée à bien été entamé.

La première chose que j’ai fait lorsque les gardiens m’ont rendue ma liberté a été de prendre une bonne douche salvatrice. Sachant que je n’aurais pas de plateau avant l’heure du dîner, je me dirige donc vers la cour afin de prendre un bon bol d’air frais.

Quelques regards se font dans ma direction, probablement surpris de me voir aussi rapidement sortie d’isolement, en y repensant, c’est vrai que cela semble peu, j’ai connu des séjours plus longs et pour beaucoup moins que ça.

Après avoir regardé autour de moi, comme pour faire une mise à jour des entrées et des sorties, je me pose dans un petit coin tranquille de manière à avoir tout ce monde dans mon champ de vision.

Je vois que tout le monde semble apaiser, je ne perçois aucune tension parmi les personnes autour de moi, comme si nous n’étions plus dans une prison mais plus dans une colonie de vacances, à moins que ce soit mon départ qui semble tant plaire.

Profitant du calme, je ferme doucement mes yeux et lève mon visage pour prendre un peu le soleil qui me manquait tant. Je laisse tranquillement mon esprit vagabonder dans ce que j’étais à la base et ce que je suis devenue aujourd’hui, autant dire que, lorsque j’étais enfant, être prisonnière pour meurtre n’était pas dans le top dix de mes projets, mais bon, c’est la vie.

Je suis resté dans cette position tout le reste de la journée, ne me levant que lorsque l’heure du repas approchait, bien que nous soyons en été, le soleil commence déjà lentement son ascendance laissant peu à peu place à la nuit et la lune qui arrivera bientôt à son croissant.

Ne voulant pas faire de vague, bien que mon estomac crie famine, je me dirige vers la queue déjà grande et attend mon tour pour enfin prendre mon plateau et manger.

De base, j’en aurais profité pour me retrouver toute seule dans ma cellule, mais ce soir, j’ai envie de rester parmi les autres filles, alors je vais directement me placer sur une des tables à proximités, prête enfin à engloutir ce qui se trouve sous mes yeux.

Ma paix est rapidement troublée par la présence d’Ashley, une des filles qui est arrivée il y a quelques mois, de ce que je sais, cette petite blonde aux formes pulpeuses est ici pour proxénétisme et chantage suite à ses nombreuses parties de jambes en l’air.

L’avoir face à moi ne me dérange pas, elle est l’une des rares filles à ne pas m’avoir cherché de poux, néanmoins, le fait qu’elle ne fait que de me regarder, les mains croiser sous son menton m’agace plus que de raison.

- Qu’est-ce que tu veux Ash ?
- J’ai une info qui pourrait t’intéresser dit-elle avant de prendre un morceau de carotte et le mettre dans sa bouche. Ça te concerne en plus.

Je ne dis rien, attendant patiemment la suite, pour l’avoir vue plus d’une fois, je sais qu’Ashley est du genre à aimer qu’on la supplie, surtout quand elle sait quelque chose que les autres ignorent, mais c’est mal me connaitre.

- Alors ? Dis-je en reprenant mon repas.
- Tu n’es vraiment pas drôle dit-elle en bougonnant.

Ma seule réaction suite à ça est un léger grognement à titre d’avertissement, devenant en plus, mon regard noir, elle n’hésite pas un seul instant à livrer ce qu’elle sait.

- Ton transfert à lieu ce soir, je ne sais pas exactement l’heure mais ce sera dans la nuit.
- Comment tu sais ça ?
- Les murs ont des oreilles et en plus, j’ai eu la confirmation d’un gardien avec qui j’ai été particulièrement gentille dit-elle avec un sourire taquin.

Je ne fais qu’un simple mouvement de tête puis lui donne mon dessert qui consiste à une mousse au chocolat industrielle. Ici, nous n’avons jamais rien sans rien, m’y étant intéressée, c’est comme si je la payais pour me donner ce que je veux savoir.

Mon repas étant terminé, je débarrasse mon plateau avant de partir dans ma cellule et fait l’inventaire de ce que je possède, ce qui n’est pas énorme avec uniquement les lettres échangées avec les garçons, une photo, la chaîne de mon père ainsi que la chevalière de Travis. 

Je plie le tout ensemble avant de les mettre dans une poche de mon uniforme puis m’allonge sur mon lit, le faisant grincer une nouvelle fois.

Me dire que c’est la dernière soirée que je passe entre ses murs me fait éprouver des émotions relativement contradictoires. Je suis d’un sens, heureuse d’enfin changer d’air mais de l’autre, j’ai peur parce que c’est tout de même une prison pour adulte et à côté, j’ai l’impression qu’ici, c’est un club de vacances.

Je me mets à sursauter lorsque le bruit caractéristique de porte sécurisée se déverrouille, alors que j’ai à peine le temps de me redresser, je vois trois gardiens arriver devant ma cellule, matraques en mains.

L’un d’eux possède un dossier dans les mains il est épais mais pas au point d’être une encyclopédie pour autant, d’un air las, il ouvre ledit dossier avant de porter son regard vers moi, qui n’ai toujours pas bouger d’un iota.

- 2.04.5.15.05.00, tu sors !

Dans le même mouvement, ma porte de déverrouille et en moins de temps qu’il en faut pour le dire, je me retrouve dans les couloirs, menottée aux pieds et aux chevilles avec un gardien de chaque côté, le tout sous les cris des filles réveillées à cause du raffut.

Bien que je ne possède rien qui soit matériel, ou du moins rien qui ne soit pas sur moi, le gardien avec le dossier m’annonce que mes effets personnels seront transférés en même temps et qu’ils seront dans ma cellule lors de mon arrivé et après une fouille minutieuse.

Je ne sais pas du tout l’heure qu’il peut être et honnêtement, je m’en fiche un peu, l’adrénaline et l’appréhension pulse dans mes veines, en attente de la première information que je pourrais utiliser pour me préparer au pire.

Je suis conduite jusqu’à l’aile administrative où deux Marshals semblent attendre, assis dans des fauteuils l’un en face de l’autre.

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant