Chapitre 7

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PDV Kate

Je commençais à préparer notre départ qui aurait lieu demain et j'angoissais un peu, me demandant si je n'avais pas commis une erreur en acceptant la venue de Caleb. Les petites voix dans ma tête me répétaient que c'était dangereux, il restait un inconnu et du camp ennemi en plus. Il semblait persuadé que si nous nous étions rencontrés, ce n'était pas dû au hasard mais au destin. Pour ma part je restais rationnelle, pour l'instant mon destin je le trouvais assez pourri. Ce matin j'avais décidé de sortir avec Precioso et chercher un coin d'herbe pour ce dernier qui avait élu domicile dans le hall de l'immeuble mais il manquait de nourriture puisque j'avais terminé ses rations d'avoine. Caleb s'était montré réticent et protecteur mais je l'avais gentiment envoyé balader en lui disant que j'étais en pleine forme et que je pouvais me débrouiller seule. S'il ne connaissait pas mon sale caractère je pense que maintenant les présentations étaient faites. Trouvant un pavillon avec un beau terrain dans les alentours, je forçai le portail et laissai Precioso y paître tranquillement, je fis le tour de la bâtisse tout était vide je pouvais alors laisser mon cheval ici qu'il reprenne des forces pour le grand départ. Je refermai tant bien que mal le portail derrière moi et entamais le chemin à pied pour retrouver l'immeuble de notre domicile, il y avait un petit quart d'heure de marche ce serait vite réglé. Voyant quelques morts sur mon chemin, je décidai de tester mes capacités et vérifier que j'avais récupérer toute ma force. Je m'approchais en trottinant d'une jeune femme aux entrailles qui trainaient jusque sur le sol, je brandis mon sabre en avant et fis pénétrer la lame par l'orifice de l'œil pour ressortir par l'arrière du crâne, provoquant des dégâts irréversibles à son cerveau au passage. Elle s'écroula instantanément dans un bruit sourd sans même voir sa délivrance arriver. J'exaltai de satisfaction, euphorique de trancher la chair, totalement incontrôlable. Je m'en pris à tous les morts alentours et je repris mes esprits qu'une fois tous mes ennemis à terre. Tout ce temps passé dehors m'avait changée, j'avais senti ma noirceur grandir au fur et à mesure que je terrassais à grands coups de lame tous les zombies qui croisaient mon chemin. J'avais faim de tuer et de trancher, je me terrifiais alors que je croisais mon visage dans une vitrine de magasin. Ce visage au rictus effrayant et malsain, aux iris rendues incandescentes par l'excitation. Je débarrassai d'un coup sec la lame des résidus de morts-vivants et la rangeai dans son fourreau noir.

_ C'était nécessaire ? Dit une voix masculine derrière moi.

Caleb me fixait et je le voyais à l'expression de son visage qu'il me jugeait. Mon cœur se serra, lui qui pensait avoir trouvé une compagnie qui lui manquait depuis longtemps.

_ Je ne t'ai pas accepté auprès de moi pour te voir critiquer mes choix, rétorquais-je acerbe.

_ Tu es comme eux, tu as faim de chair également, dit-il.

Il n'y avait pas qu'une belle gueule, il en avait dans la caboche ce mec. Je ne me laissais pas démonter pour autant.

_ Tu voulais plutôt dire « comme nous », non ? Crachais-je. Tu peux parler, jongler avec des couteaux ou marcher sur les mains, tu restes l'un d'eux.

_ C'est vrai, j'espérais que tu vois au-delà de ma situation et que tu voies la personne plutôt que le monstre que je suis, répondit le beau brun.

_ Et toi ? Tu as également vu le monstre plutôt que la personne, je traite les gens comme ils me traitent. Si tu veux me juger alors je te jugerai deux fois plus, ça vaut pour tout le monde. Je te l'ai dit, je n'ai jamais eu d'amis car je ne supporte pas qu'on ne me traite pas comme son égal. Si tu n'en es pas capable ça ne sert à rien d'entamer un voyage ensemble.

_ Je t'ai admiré à la seconde où j'ai posé les yeux sur toi.

Cet aveu m'ébranla plus que je ne le voulais. Je ne pensais pas qu'un jour quelqu'un aurait ce type de sentiments à mon égard, de l'admiration ? Je n'étais personne et je n'avais personne à mes côtés, je ne méritais pas que l'on m'admire, je ne le voulais pas. Je sentais le mal en moi depuis toujours mais ce nouveau monde n'a fait qu'accroître ces ténèbres qui entouraient mon cœur. Je me noie maintenant et personne ne pourra me ramener à la surface.

_ Tu ne devrais pas, tu viens d'en avoir la preuve par la scène que tu viens de voir. Je rentre, tu vas certainement me suivre encore une fois, soupirais-je.

_ J'étais inquiet, se justifia Caleb.

_ Si tu veux que notre alliance fonctionne il va falloir apprendre à se faire confiance mutuellement, dis-je en me mettant en marche.

Il me suivit à bonne distance jusqu'à l'appartement, visiblement nous avions tous deux matières à réfléchir. Le silence résonnait entre nous deux désormais, j'avais jeté un froid c'était ma spécialité. Dans la soirée, je préparai les sacoches, y mettait les provisions nécessaires pour tenir un peu plus d'une semaine. Même si j'avais récupéré mes forces et la santé, je ne peux pas en dire autant de mon mental. Et ma nouvelle amitié avec Caleb qui aurait dû m'apporter du réconfort finalement ne se passait pas bien du tout. Alors que je refermais le tout, j'entendais des pas approcher lentement derrière moi.

_ Je ne veux pas te forcer la main, si tu as changé d'avis je comprendrais, annonça mon colocataire.

_ Ce n'est pas ça, soupirais-je, ce n'est pas toi le problème, c'est moi, ça a toujours été moi, lançais-je en frappant mon poing sur la table.

Je sentais les larmes me monter aux yeux, je luttais de toutes mes forces pour les retenir. Ce n'était pas mon style de m'apitoyer, mais à force de regarder droit devant moi constamment, je passais à côté de la vraie vie. Survivre ce n'était pas vivre et moi je survivais depuis que j'étais née. J'enviais la légèreté et l'oisiveté des gens heureux, je n'en pouvais plus de vivre avec une enclume sur chaque épaule tous les jours depuis des années. Je sentis une main amicale se poser sur mon épaule, peu habituée aux contacts physiques, j'ai trouvé cela tellement réconfortant.

_ Je dois tout réapprendre des interactions sociales, je suis pétrifiée à l'idée de devoir faire confiance à quelqu'un, je suis tellement abimée Caleb à un point que tu n'imagines même pas, sanglotais-je.

Il passa sa main libre dans ma longue chevelure ondulée, ce contact inopiné que je trouvais très intime me déstabilisait, je fis volte-face immédiatement par réflexe pour me retrouver nez à nez avec lui, ses iris aux couleurs métalliques me fixaient avec une expression que je n'arrivais pas à déchiffrer, il me surpassait tellement par la taille mais il y avait autre chose qui me faisait sentir minuscule et sans défense, cette expression sur son visage devait y être pour quelque chose.

_ Tu n'as pas à être parfaite, personne ne te le demande, murmura Caleb d'une voix rauque.

Réduisant mes forces à néant, une larme perla sur ma joue. Je fis un pas en avant, faisant disparaitre la distance qui nous séparait, je posai ma tête sur son torse large et dur, les yeux clos, je choisissais d'être vulnérable quelques instants, trouvant enfin la paix. Deux bras tatoués vinrent encercler ma taille avec tendresse, ce qui me surpris, je ne m'attendais pas à ce que Caleb accepte cette soudaine marque d'affection. Une chaleur étrange et nouvelle montait au fond de moi, d'un coup je me sentais bien. Juste bien, un apaisement immense, plus de voix dans ma tête, plus de souffrances, plus d'idées sombres. Le monde n'était plus noir et blanc mais composé de toute une palette de couleurs vives, j'aurais voulu que cet instant ne s'arrête jamais.

_ Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie, soupirais-je. Faire confiance, développer des sentiments, se laisser aller c'est tellement difficile et pourtant j'en crève d'envie.

_ Tu pourras te reposer sur moi autant que tu veux, je serai toujours là pour toi, je t'en fais la promesse. Tu es ma seconde chance et je ne vais pas la laisser passer, avoua le beau brun.

Je rompis notre étreinte, pour lever mes yeux jusqu'aux siens, il avait ce sourire malicieux qui ferait fondre n'importe qui.
Je compris alors l'importance d'avoir un ami sincère et fidèle, si telles étaient vraiment les intentions de Caleb Lancaster.

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