PDV Kate
Je me sentais vidée. Je regardais inlassablement le plafond caché par l'immense lit à baldaquin dans lequel nous dormions.
C'est donc à ça que ressemble ma lune de miel ? Pensais-je en soupirant.Je jetais un coup d'œil à Cal qui « veille » paisiblement. Ses yeux étaient clos et il ne respirait pas. L'insomnie ne voulait pas me quitter et pourtant j'étais épuisée, lasse de voir gâchés mes premiers jours en tant qu'épouse. C'était sûrement ma rage profonde qui m'interdisait le sommeil, je retournais les événements de ces derniers-temps dans ma tête, encore et encore, sans donner de suite logique ou de sens à ce qui nous était arrivé. Ma vie était toujours faite de très hauts et de très bas, mais il n'y avait jamais de juste milieu. Quand le bonheur était présent, je devais m'attendre à ce que le malheur tapis dans l'ombre contre-attaque.
Je changeai de position régulièrement, ne trouvant pas de confort. Est-ce dû au faite que je sois enceinte ? Je croyais savoir que l'insomnie était récurrente chez les futures mamans. Mon corps changeait peu à peu, ainsi que mes hormones en vrac et les évènements récents, il y avait de quoi faire un beau cocktail Molotov surtout avec une personne perturbée comme moi.
Sautant du lit d'un geste souple, j'enfilais une veste et décidais d'aller m'aérer un peu, laissant derrière moi un Caleb endormi.L'immense manoir avait assez de chambre pour loger notre groupe, je traversais le grand salon de style victorien, décoré comme le reste de la bâtisse dans un style chic presque rococo. Arrivant dans le vestibule, je passais l'énorme et lourde porte d'entrée, frappée par l'air frais de cette fin de novembre. Je fis le tour de la propriété boisée, longeant les énormes grilles en fer forgées qui nous protégeaient du monde extérieur.
Seront-nous libre un jour ? Vivront-nous notre vie enfermés derrière des grilles ou des murs ? Pensais-je en caressant mon ventre.
Ce n'est pas de cette vie que je voulais pour le petit être qui grandissait en moi. Je souhaitais qu'il puisse gambader où ça lui chantait sans avoir la peur de se faire étriper vif. Mais bon, la vie étant ce qu'elle est, je ne m'attendais pas à un tel miracle.
J'admirais la magnifique lune ronde quand j'entendis les feuillages remuer derrière moi. Instinctivement je sortis mon couteau (qui ne me quittait jamais évidemment) et le brandis devant moi. C'est alors que Sanchez sortit des buissons, à ma grande surprise.
_ Ooh tout doux, c'est moi dit-il, les mains en avant.
_ Tu m'as foutu la trouille, répondis-je en rangeant mon arme blanche. Insomnie ? Demandais-je.
_ Oui, avoua-t-il en se grattant la tête. Je t'ai vue sortir alors que je surveillais l'état de Brown. Je venais voir si tu allais bien.
_ Ah, il va mieux ? Vous êtes proches tous les deux n'est-ce pas ? Continuais-je.
_ Il n'a pas de signe d'infection pour l'instant, il est shooté aux médocs, il dort comme un bébé. Oui on se connaît depuis longtemps, il est comme un père pour moi. Je le respecte énormément.
_ Ça se voit, dis-je. Et ce n'est pas mon cas évidemment, gloussais-je avec amusement.
_ Même s'il ne le montre pas il te tient en estime, en parti pour ce côté rebelle. Ça faisait longtemps qu'une recrue ne lui avait pas donné de fil à retordre comme ça, dit-il en souriant.
_ Diana te manque n'est-ce pas ? C'est pour ça que tu ne dors pas, hein ? Le taquinais-je.
_ Comment le sais-tu ? C'est elle qui t'en a parlé ? Demanda-t-il en rougissant.
_ Nope ! J'ai deviné toute seule, intuition féminine, plaisantais-je.
_ Ce n'est qu'une amourette pour l'instant, il n'y a rien d'officiel et je ne sais pas si elle veut que ça aille plus loin. Mais j'aimerais en tout cas.
_ Je ne suis pas une spécialiste en amour mais je peux te dire qu'il faut laisser du temps au temps. Mais je te plains d'être séparée d'elle comme ça et ne pas savoir si elle va bien. Si j'étais à ta place et que Cal était resté là-bas, je pèterai un plomb à l'heure qu'il est, avouais-je.
_ Je confirme, c'est dur, confirma-t-il. Mais on ne peut qu'avoir de l'espoir pour nos proches restés là-bas.
Je pensais à notre petite Emily, même si elle était avec Reed, nous ne savions pas ce qu'il se passait à l'intérieur des immenses murs de Manhattan. Était-elle est train de regarder le ciel étoilé en ce moment-même ?
Un bruit dans les buissons derrière nous me tira de ma rêverie, j'eu à peine le temps de poser la main sur l'étui de mon couteau, que Cal sortis des buissons sans crier gare.
_ Vous faites quoi tous les deux là ? C'est suspect, dit le zombie avec les bras croisés sur sa poitrine, l'air suspicieux. C'est ma femme Sanchez, pas touche !
_ Détends toi, râlais-je. Je faisais une petite marche pour trouver le sommeil et nous nous sommes croisés, voilà tout. En plus on parlait de son amourette avec Diana !
_ Ouais, calme-toi mon pote, s'amusa Sanchez.
_ Je me « réveille » seul dans mon lit et je te cherche partout depuis une demi-heure, alors ne me dis pas de me calmer s'il te plaît, dit Cal en s'adressant à moi sur un ton inquiet.
_ Excuse-moi d'être partie sans prévenir mais je ne voulais pas te déranger pour si peu, rétorquais-je.
Il fit la moue pour toute réponse.
_ Bon je vais vous laisser les tourtereaux, annonça Sanchez. Bonne fin de nuit ! Continua-t-il en s'éloignant.
Nous étions enfin seuls sous cette magnifique voûte céleste. Caleb, qui avait gardé ses distances jusqu'à maintenant, rompu l'espace entre nous, se calant derrière moi, ses bras puissants encerclant ma taille. Son souffle froid dans mon cou me fit frissonner et il s'en amusait en gloussant discrètement. Nous restâmes ainsi un moment, dans un silence des plus total comme si le temps s'était arrêté. J'appréciais ce moment, car je fis le vide dans ma tête, oubliant nos énormes problèmes à régler et oubliant un peu l'enfant qui grandissait en moi, source d'un immense stress pour ma part. Il n'y avait que moi, Cal et le ciel.
_ Rentrons dit Cal. Tu vas finir par attraper froid et on ne peut vraiment pas se le permettre.
J'acquiesçais silencieusement. Je me devais de rester en forme, ou au moins le plus possible, mon état pouvant se détériorer à chaque instant. L'épée de Damoclès qui tanguait au dessus de ma tête m'effrayait de plus en plus. Sans moi et mon plan, je ne pensais pas l'escadron capable de reprendre la communauté. On jouait contre la montre et on avait déjà du retard à cause de Brown. Il y avait trop de variables pour l'instant et je détestais quand je n'étais pas sûr de moi à cent pour cent.
De retour dans notre chambre, Cal me bordait comme une enfant, il me caressait les cheveux, assis sur le bord du lit.
_ Je vais attendre que tu t'endormes comme ça je suis sûr que tu ne prendra pas la fuite à nouveau avec mon enfant, dit-il d'un air taquin.
_ Merci d'être là.
Je vis la stupeur dans son regard alors qu'il cherchait comment interprété ma phrase.
_ J'ai eu beaucoup de temps pour penser et faire le point. Et je me suis rendue compte que je ne te l'avais jamais clairement dis. Alors merci d'être là, de m'épauler dans les pires moments, de me protéger constamment et d'avoir apporté de la lumière dans ma nuit perpétuelle.
Ses yeux d'acier s'humidifièrent sans pour autant laisser échapper une larme. Il se glissa soudainement sous les couvertures et enfoui sa tête dans mon cou. Je ne mis pas longtemps à trouver le sommeil cette fois. J'avais soulagé un peu mon coeur par cet aveu et je pensais que les jours a venir s'annonçaient compliqués mais pas insurmontable si mon Caleb était à mes côtés.
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Zombie Story
AdventureKate Sullivan est une jeune fille solitaire, orpheline ayant grandi en foyer, elle ne connait que la violence. Elle ne se doutait pas que son penchant pour les films d'horreurs et les sabres, ainsi que ses dons de survie développés après avoir grand...