Zombie Story

Chapitre 80

PDV Caleb

Agenouillé dans le jardin, j'arrachai les mauvaises herbes qui empêchaient les légumes de pousser correctement. Tel un robot, j'effectuais mes tâches machinalement me permettant de mettre en pause mes émotions qui meurtrissaient mon cœur malade d'amour et de tristesse. Mais une fois désœuvré je redevenais cette boule de souffrance, ce sac de nœud indémêlable, ce torrent qui emportait tout sur son passage. Je vérifiais ma montre et remarquais qu'il serait bientôt midi, l'heure de mon rendez-vous quotidien. Je rentrais à la maison et montais dans le bureau, là où trônait la radio longue portée. Là où j'avais fait l'amour à Kate avec la fougue qui nous était propre. Je pestais contre moi et mes souvenirs que cet endroit ravivait avec beaucoup trop de précision. La radio grésilla puis la voix de Reed se fit entendre.

_ Caleb, est-ce que tu me reçois ?

J'attrapais le combiné et attendis quelques secondes, le temps de rassembler un peu de forces.

_ Je te reçois parfaitement, répondis-je d'une voix neutre.

_ Comment ça va aujourd'hui ? Demanda mon beau-père.

_ La grande forme, rétorquais-je en soupirant.

_ Caleb, j'aimerais au moins que tu sois honnête avec moi. Nous avons mis en place cette procédure car tu es seul à des dizaines de kilomètres d'ici. J'ai besoin que tu sois sincère avec moi pour évaluer ton état.

_ Ça va, je me suis nourri et je n'ai pas prévu de me tirer une balle dans la tête aujourd'hui, Eugène.

_ Tant mieux car j'ai avec moi quelqu'un qui meure d'envie de te parler, annonce Reed.

Puis soudain une petite voix se fit entendre dans le haut-parleur, une voix que je connaissais parfaitement et qui réveillait la meilleure partie de ce que j'étais.

_ Papa ?

_ Oui, mon fils ?

_ Quand est-ce que tu rentres ? Maman pleure tous les soirs, je lui ai proposé de dormir dans ma chambre tant que tu ne serais pas rentré.

Mon cœur, que je pensais totalement en lambeaux, se brisa un peu plus alors que j'imaginais ce qu'il venait de me décrire.

_ Ah oui ? C'est très gentil de ta part, commentais-je d'une voix assourdie par la douleur. Je pense revenir très bientôt ne t'en fais pas.

_ Vraiment ? Tu veux que je fasse un bisou à maman de ta part ? Dit-il d'une voix pleine d'entrain.

Ce n'était qu'un enfant et il n'avait pas à souffrir des erreurs de ses parents, même si mentir était terrible, je ne pouvais que faire semblant pour l'instant.

_ Bien sûr, je suis sûr que ça lui fera plaisir. Peux-tu me repasser Papy s'il te plait ?

_ C'est moi, dit la voix du scientifique. Tu es vraiment sur le retour ?

_ Oui, j'ai eu assez de temps pour faire le point et je n'aime pas être loin de mon fils. Comment va-t-elle ? Est-ce qu'elle arrive au moins à prendre soin de Ayden ?

_ C'est Kate. Elle encaisse silencieusement et elle joue son rôle de mère à la perfection si c'est ce qui t'inquiète. Je te revois quand ?

_ Demain, pas besoin de m'appeler sur la radio. Salut.

Je reposai le combiné délicatement tout en soupirant même si cela ne m'apportait aucun réconfort. J'avais pris ma décision depuis quelques temps déjà mais je n'arrivais pas à avoir le courage d'affronter ma femme pour le lui annoncer. Mais leur absence à tous les deux commençait à être vraiment pesante sur mon moral déjà bien bas.