Chapitre 5

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PDV : ???

J'ignorais comment et pourquoi j'avais repris conscience, des bribes de souvenirs revenaient comme des flashs. Les restes d'une vie qui me semblait lointaine, une vie pleine de débauche et vide de sens, jusqu'au jour de ma mort. Je revoyais la panique dans le centre commercial, les gens qui en attaquaient d'autres, j'ai été séparé de mes amis pour me retrouver à terre, cet homme de la cinquantaine au-dessus de moi, un morceau de ma chair dans sa bouche. La brûlure de la morsure était la dernière chose dont je me souvenais après ça, il ne restait que des bribes qui ressemblaient à un cauchemar éveillé. J'émergeai alors que les monstres autour de moi s'agitaient, ils ne faisaient pas attention à moi mais je décidais de suivre le mouvement par sécurité. Alors que je passais devant une vitrine de magasin mon reflet m'interpella. Bien que j'eusse l'impression que mon cerveau marchait au ralenti, je compris bien vite que moi aussi j'étais un monstre. Cette peau presque translucide laissait apparaître des veines noires, mes yeux gris injectés de sang, mes lèvres bleutés comme si j'étais en hypothermie, je me reconnus à peine.

Un mouvement sur ma droite me tira de ma contemplation, une jeune femme était en train de décimer mes camarades à grands coups de sabres dans l'escalator avec aisance et grâce. Je me sentis irrésistiblement attirée par elle, tout mon être me criait de me lancer à sa poursuite. Dans un état second, à l'instar de mes semblables, je suivais ma nouvelle proie. La grille qu'elle avait fermée pour se protéger venait de céder, la horde commençait à pénétrer l'échoppe lorsqu'une rage folle s'empara de moi, je la voulais pour moi seul et je ne laisserai personne l'avoir. Un son bestial sortit de ma gorge sans que je ne m'en aperçoive et la foule s'immobilisa. Je n'entendais plus que la respiration affolée de ma proie, prise au piège à quelques mètres de là. J'étais euphorique, exalté et consumé par une faim dévorante. Je posais un genou à terre et m'accroupissais à sa hauteur pour pouvoir plonger mes yeux dans les siens, y lire la peur et le désespoir. Mais il n'y avait rien de tout ça, je voyais juste une pointe de regrets sur ce visage plutôt agréable à regarder, pas de peur, pas de supplications, elle soutenait mon regard, subjuguée, totalement prête à accepter ce que je m'apprêtais à faire. Et soudain malgré ma position de force, je me sentis inférieur, je décelais en elle une force et une prestance comme je n'en avais jamais rencontré avant. Ma faim s'était soudainement envolée pour laisser place à une tout autre forme d'attirance. Qui était cette personne qui m'avait sortie de mon sommeil de mort, qui m'avait attiré dès l'instant où j'avais posé mes yeux sur elle. Mes yeux rivés à ses iris d'or incandescents, j'avais perdu toute notion du temps, bouffé de l'intérieur par ma curiosité. Alors que j'étais distrait par mon esprit plein de questionnement, la petite brune perdit connaissance, elle semblait malade et fiévreuse, tremblait comme une feuille malgré qu'elle soit inconsciente.

Comme mes semblables recommençaient à s'agiter, me forçant à agir vite, je passai un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos, la soulevai d'un geste souple pour la caler contre mon torse musclé. Je pris la direction de la sortie d'un pas assuré, aveuglé par les rayons du soleil qui commençait à tomber lorsque je me retrouvais à l'extérieur, j'errai sans but dans la rue principale pour finalement m'engouffrer dans un immeuble d'habitation, je défonçai la porte d'un appartement au premier étage, faisant rapidement le tour je réalisais qu'il était heureusement vide. J'entrai dans la chambre parentale pour déposer l'objet de mes convoitises sur le lit. Je la débarrassais de ses armes pour les poser dans un coin de la pièce. Après l'avoir glissé sous les draps et bordé, je pris un linge humidifié dans la salle de bain pour tapoter son front qui perlait de sueur. Caressant une longue boucle brune de son épaisse chevelure, je ne voulais plus la quitter des yeux.

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu vas chambouler mon existence ? Pensais-je.

J'ai passé la nuit à ses côtés, à la contempler sans comprendre ce qui pouvait nous lier au point que j'émerge du cauchemar dans lequel je vivais. J'avais du mal à croire que ce soit une coïncidence, qu'on se trouve au même endroit à cet instant précis. Alors que le soleil était déjà levé, la fièvre de l'inconnue avait bien baissée, j'étais alors sortis de la chambre, je ne me sentais pas encore prêt pour un face à face. Faisant le tour de l'appartement, je tombais avec bonheur sur une guitare acoustique que j'apportais avec moi au salon et je m'installais sur le canapé et commençais à gratter les cordes comme si je l'avais fait hier, emballé par cette découverte je commençais à fredonner puis finalement chanter de pleine voix comme je le faisais dans les quelques souvenirs que j'avais d'une vie passée. En transe, je me rappelais par cœur de la partition et les paroles de Nicotine par Panic ! At The Disco.

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