Chapitre 68

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PDV Kate

Je sentais cette rage m'envahir, j'étais fatiguée de lutter, je voulais accueillir cette sensation agréable de perdre le contrôle, alors que les paroles de Caleb me matraquaient le cœur. Je mettais mon fils adoré en sécurité dans les bras de son abruti de père et laissais mes ténèbres m'envahir, cette chaleur vive qui s'insinuait doucement en moi, comme la caresse d'un amant. L'image de Caleb qui s'enfuyait fut la dernière chose que je vis avant de devenir la spectatrice de mon corps, qui exprimait toute sa colère et sa folie.
Ayant perdu toute notion du temps, quand je revins à moi, les larmes se mirent à couler alors que je constatais les dégâts que j'avais causé à mon petit havre de paix. Les meubles étaient retournés et pour beaucoup brisés, ainsi que la vaisselle et la si belle décoration.
Appuyée contre la baie vitrée, les sanglots douloureux éclatèrent aussi fort que les vagues quelques mètres plus bas. Les heures passèrent, peut-être des jours et je me surpris à rêver de n'avoir jamais vu le monde, que depuis le tout début ça n'avait été que chaos et anarchie. Attrapant le pistolet à ma ceinture, retirant le cran de sureté dans un cliquetis métallique et portant l'arme à ma tempe dans une étrange sensation de soulagement. Pour la première fois, j'avais trouvé la paix intérieure que je cherchais depuis longtemps. Moi, un déchet affalé sur le sol, brisée physiquement et psychologiquement, un pistolet pointé sur ma tempe, je me surprenais à rire à gorge déployée. Étais-ce le soulagement ou la folie ? Impossible à dire.
Je ressassais en boucle ces petits moments de bonheur depuis ma rencontre avec Caleb et cette sensation si agréable de tomber amoureuse, cette sensation que le monde ne tournait qu'autour que de cette personne pour qui j'aurais donné ma vie sans hésiter, ce que j'avais fait finalement en donnant naissance à Ayden, me transformant en quelque chose que personne ne saurait comprendre.
Mais aujourd'hui ça se terminait une bonne fois pour toute, plus de souffrances, plus de batailles à mener, plus de sentiments contraires, juste moi et les ténèbres pour toujours, ça me paraissait tellement mieux que ce que j'avais vécu jusqu'à maintenant. Je ne ferais plus jamais de mal aux gens que j'aime, cette solution j'y avais pensé si souvent mais je me disais que tant que j'avais Caleb à mes côtés, la vie valait la peine d'être vécue mais maintenant que j'étais seule sur ce carrelage glacé, à bout de forces, riant comme si c'était la première fois, mon index sur la gâchette de l'arme semblait une évidence. Je pris une profonde inspiration en fermant les yeux, riant et pleurant à la fois, visionnant le visage de Caleb et d'Ayden pour la dernière fois.

_ Tu peux me dire ce qu'il y a de si drôle ? Dit la voix de Caleb, résonnant à travers l'immense piece.

Il découvrait avec effroi le chaos autour de moi, tandis que je le détaillais, son allure élancée et gracieuse, ses yeux gris, son teint blanchâtre et ses magnifiques cheveux noir de geai retombant en ondulation sur ses larges épaules. La scène me rappelait la pharmacie du centre commercial d'Emerson, moi écroulée comme une merde gisant sur le sol et lui me surplombant de toute sa taille, ce qui fit redoubler mon hilarité malsaine.

_ C'est donc ça la solution que tu as trouvé, dit-il en fixant l'arme toujours vissée à ma tempe.

_ On meurt tous un jour, riais-je. Tu es revenu me chercher ? Tu as eu pitié de ce qui a pu être un jour ta pauvre femme.

_ Quand je pense avoir tout vu, tu repousses les limites de tes ténèbres, les limites de ta folie, constata le tatoué.

_ Qu'est-ce que tu fais ici Caleb ? Tu as pourtant vu ce que je suis devenue, j'ai toujours dit que de nous deux c'était moi le monstre, ricanais-je. Puisque tu es habitué à mon absence, laisse-moi partir pour de bon.

Ces mots qu'il avait prononcés me hantaient, m'anéantissaient à chaque battement de mon cœur malade.

_ Je ne le pensais pas ...

Zombie StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant