Precioso et moi marchions depuis deux heures environ et le soleil avait amorcé sa descente, il laissait place à un beau ciel orangé. Nous allions pouvoir camper à la belle étoile cette nuit à défaut d'avoir trouvé un abri. Nous avions quitté la zone urbaine pour éviter les mauvaises rencontres du type zombie, la densité de population étant plus faible en campagne nous étions donc plus en sécurité qu'en ville.
Nous nous stoppâmes à l'orée d'une forêt où coulait un ruisseau, ce point d'eau était parfait. Precioso se désaltérait plus en aval, les chevaux n'appréciant que l'eau saine et potable donc je pouvais lui faire confiance pour m'indiquer les bons points d'eau. En ce début de printemps dans le Tennessee, le temps était très clément, l'air était doux et il y avait peu de pluie. Je réunissais un peu de bois pour allumer du feu, formant un tipi avec les brindilles je l'allumais avec mon briquet. Le bois s'embrasa immédiatement et commença à se consumer tranquillement. Un peu plus tard, quand il y eu suffisamment de braise, j'installais ma première boîte de conserve sur le feu. Pendant la cuisson, j'observais ma monture grignoter les feuilles des arbres alentours, lui aussi son instinct de survie s'était mis en marche. J'avalais le mélange de légumes sans broncher, c'était un maigre repas mais il fallait que je prenne garde à mes réserves de nourritures. En me rationnant j'avais de quoi tenir une semaine, il ne fallait pas tarder à se ravitailler et je me doutais que les supermarchés avaient été pillés quand tout cela à débuter. Je poussais un soupir lourd, je sentais arriver des jours difficiles et solitaires._ Je sens qu'on va être rien que tous les deux encore un bon moment, lançais-je à l'étalon qui me gratifia d'un ronflement.
Installée contre un arbre dans mon duvet de camping, impossible de trouver le sommeil. Mes sens en alerte je sursautais au moindre bruit, mes sabres installés contre moi, prête à dégainé à tout instant. Je plaçais un écouteur sur une de mes oreilles et laissait l'autre libre pour continuer à m'avertir des bruits suspects. Je lançais en mode aléatoire et la musique me calmai instantanément. J'avais les nerfs à vif, mon instinct de survie m'empêchait de dormir mais si je ne me reposais pas très vite, mes réflexes allaient diminuer et mes capacités cognitives également or la moindre seconde d'inattention pourrait être fatale. Mais j'étais seule, j'avais envie de croire que l'avenir me réservait quelque chose de beau, j'avais tellement galéré dès ma naissance, il serait tellement injuste que ma situation reste inchangée et que la mauvaise étoile au-dessus de ma tête ne cesse de m'harceler. Mais la vie était injuste, je l'avais appris très tôt. Un bruit de craquement me tira de mes réflexions, je me levais d'un bond, en alerte. Une plainte rauque se fit entendre dans la pénombre, je sortis mon couteau qui était placé sur ma cheville, les bruits de pas irréguliers se rapprochaient et je découvris enfin l'objet du raffut. C'était un fermier, à en juger par sa tenue, son bras droit lui avait été violemment arraché, on pouvait voir certains nerfs pendre dans le vide. Sans perdre de temps, je le rejoignais en trois enjambées et lui enfonça la lame dans la tempe sans trop de difficulté et il s'écroula inerte. Je venais de tuer mon premier zombie de mes propres mains, M. Collins étant mort à cause de sa chute et non directement de mon fait. Je m'écroulais à côté du cadavre, totalement vidée de mon énergie mes yeux rivés sur mon couteau ensanglanté. Ce couteau je l'avais acheté car un violeur sévissait dans mon quartier l'année dernière. C'était un surplus militaire, la lame devait faire 25 centimètres de long avec un manche en aluminium caoutchouté qui le rendait solide, léger et confortable, de plus, il était vendu avec son attache à la cheville. Je le nettoyais et le replaçai à sa place. Trainant le corps un peu plus loin, je revins me blottir dans mon duvet au coin du feu. Precioso se coucha près de moi et cette soudaine marque d'affection m'aida à sombrer dans le sommeil que je cherchais.
Au petit matin, je m'éveillais, j'avais mal dormi et j'avais ouvert les yeux au moindre bruit de peur de me faire attaquer à nouveau. Debout, je sortais la carte de la région que je possédais et cherchais la route à suivre pour continuer au nord. Je me dirigeai vers les grandes villes du nord comme Washington ou New York en espérant trouver un camp de réfugiés. Je sellais mon étalon et me mis en route. Les petites routes de campagne étaient plutôt tranquilles, peu de rencontres de vivants ou morts-vivants, j'avais parcouru une dizaine de kilomètres quand je vis un attroupement de zombies autour d'une voiture, je me doutais qu'il devait y avoir des survivants pour qu'ils soient attirés comme ça. En approchant des voix me parvinrent._ Au secours !
La règle de survie numéro un était de ne pas jouer au héros mais lorsque j'entendis une voix d'enfant, je ne pus m'empêcher d'intervenir. Je sautais à terre, dégainant mes katanas, je me mis à frapper les lames entres elles qui s'entrechoquaient dans un fracas métallique, les morts vivants se retournèrent considérant que j'étais une proie plus accessible. J'en comptais sept, c'était jouable même si j'étais encore novice en combat de zombie. Je me mis à courir et envoyais balader le premier grâce à un coup de pied haut, ensuite je décapitais le prochain et pivota sur la droite vers la femme obèse aux tripes à l'air que je décapitais également, le premier s'était relevé je lui enfonçais ma lame dans la bouche. Je tranchais une jambe du quatrième et lui explosa la tête d'un coup de talon de rangers mais le dernier avait refermé une main froide sur mon cou et serra si fort que j'avais l'impression que ma nuque allait céder. Je tressaillis face à cette main dégoutante mais trouvais la force de faire pénétrer ma lame par son menton pour la ressortir par le cerveau. Je n'eus pas le temps de reprendre ma respiration que l'unijambiste m'attrapai la cheville pour l'approcher de sa mâchoire. Ma lame s'enfonça à la base de son crâne et il s'immobilisa immédiatement. Je lui filais un coup de pied pour qu'il me lâche avant de m'écrouler de fatigue, genoux à terre. C'était plus physique que je ne le pensais et pourtant j'étais une athlète. Rompre des os et de la chair semblait plus difficile que prévu. Je pris quelques instants pour me ressaisir, avant de me rappeler que j'avais un public. D'un geste sec je débarrassais le sang résiduel de mes sabres et les rangeaient dans mon dos. Un homme sortit de la voiture, suivit d'une femme et de deux enfants. Ils approchèrent avec une extrême prudence, l'incrédulité sur leurs visages, sidérés qu'une gamine de dix-huit ans ait pu abattre sept zombies à elle toute seule.
_ Merci beaucoup, me dit l'homme en me tendant une main amicale.
J'essuyais le sang sur la mienne pour lui rendre son geste, peu habituée à tant de politesse à mon égard.
_ De rien, dis-je platement.
_ J'insiste, rien ne vous obligeait à nous aider, continua l'homme. Vous avez sauvé ma famille.
Je sifflais Precioso qui me rejoint promptement au petit trot.
_ Kate Sullivan, me présentais-je. J'ai été ravie de vous connaitre, dis-je en tournant les talons.
_ Attendez ! Je peux vous demander une faveur ? Demanda l'homme.
_ Dites toujours, répondis-je nonchalamment.
_ La voiture est en panne, nous n'avons plus de moyen de locomotion ...
Je jetais un coup d'œil aux enfants apeurés derrière leurs parents et poussais un soupir de résignation.
_ J'ai vu une voiture quelques centaines de mètres avant d'arriver ici, je vais vous escorter, annonçais-je.
_ C'est très aimable, dis la femme entourée de ses enfants.
Pendant les quelques minutes de marche, j'appris que les Thompson avaient un cabinet d'avocat dans la ville voisine. Les gosses étaient carrément muets, je n'osais imaginer le traumatisme pour un enfant dont l'innocence était ruinée par des gens qui en dévoraient d'autres. Je les conduisais au monospace que j'avais dépassé quelques temps plus tôt, qui avait l'air en état de fonctionnement.
M. Thompson s'installa au volant et râla car les clés n'étaient plus sur le contact._ Laissez-moi faire, lui dis-je.
Je me glissai sous le volant et sortis mon couteau pour dévisser le compartiment, je sectionnais ensuite le fil bleu et le fil jaune pour les mettre en contact et la voiture démarra. Je rencontrais leurs regards pleins d'interrogations, je me sentais jugée comme à chaque fois que j'avais une interaction avec un être humain.
_ Quand on grandit dans la rue, on apprend à faire certaines choses, me justifiais-je.
_ On peut faire la route ensemble si vous voulez, proposa le grand blond.
_ Croyez-moi je suis bien mieux toute seule, répondis-je.
_ C'est dommage, dit Mme Thompson. Vous êtes quelqu'un de bien.
_ J'aimerais que ce soit vrai, soupirais-je. Bonne chance pour la suite.
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Zombie Story
AventuraKate Sullivan est une jeune fille solitaire, orpheline ayant grandi en foyer, elle ne connait que la violence. Elle ne se doutait pas que son penchant pour les films d'horreurs et les sabres, ainsi que ses dons de survie développés après avoir grand...