Zombie Story

Chapitre 56

PDV Caleb

Elle marchait à travers les corps sans vie et les flaques de sang. Le claquement de ses rangers à talon résonnait. Manhattan était silencieux comme jamais. Son éternelle mèche retombait sur son visage, les boucles fluides de son interminable chevelure brune vacillaient à chacun de ses pas. Elle tenait fermement ses sabres avec fierté et ardeur. L'aura meurtrière qu'elle dégageait me fit frissonner malgré moi, à la fois effrayante et sexy, j'étais tiraillé par ces deux sentiments opposés. Elle me souris, victorieuse et j'écartais alors les bras pour l'accueillir lorsqu'une ombre apparue dans son dos. Je criais de toutes mes forces pour l'avertir mais aucun son ne sorti de ma bouche, j'entendais un cliquetis puis un coup de feu qui acheva ma femme et notre enfant qu'elle portait. Je mourrai de chagrin alors qu'elle s'écroulait, le rouquin souriait près d'elle malgré son sang qui tachait ses vêtements avant qu'il ne mette fin à mon calvaire en pressant à nouveau la gâchette de son arme.

Je me redressais haletant sur mon lit, cherchant de l'air inutilement pour mes poumons morts, tandis que les images du cauchemar tournaient en boucle dans ma tête. J'étais seul dans notre chambre, ce qui ne me rassurait pas. Sautant du lit d'un geste souple, j'attrapais un teeshirt pour couvrir mon torse nu. Je dévalais les escaliers pour trouver notre groupe dans le salon où la bonne humeur régnait apparemment. Ils me dévisageaient surpris et Kate m'interrogeait du regard, l'air inquiet.

_ Bah alors Lancaster ! On dirait que vous avez vu un fantôme, s'amusa Brown redressé dans le divan.

Les autres se mirent à glousser, alors que je me retins au mur tellement mes jambes avaient menacé de lâcher.
Kate avait compris que quelque chose s'était passé mais elle garda pour elle ses interrogations.
Je m'installai à l'imposante table en chêne massif, là où tout le monde prenait son petit déjeuner, je les regardais lascivement, les bras croisés sur ma poitrine. J'aurai cru que ces deux semaines passées au manoir auraient été longues mais finalement le temps a filé à toute vitesse. Il fallait dire que les journées étaient bien remplies, Kate nous donnait beaucoup de travail et elle apprenait à laisser les autres faire à sa place, ce qui n'était pas mince affaire vu comme elle était exigeante.
Le plus gros de nos journées se résumait à aller en expédition pour trouver des armes et des munitions. En pleine zone rurale, là où se trouvait le manoir c'était une tâche ardue. Kate ne nous accompagnait pas toujours, certains jours elle pétait le feu et d'autres elle pouvait à peine se lever. C'était angoissant de savoir que son état pouvait s'aggraver à tout moment, aucun d'entre nous n'avait de formation médicale, nous serions totalement au dépourvu si cette situation se présentait.
Je ne savais toujours rien du plan de Kate pour reprendre notre « chez-nous », elle ne voulait rien dire à personne pour l'instant. Mais quand je voyais la quantité d'armes que nous avions accumulé, ça sera sanglant. Mon cauchemar n'était pas anodin, mon subconscient m'indiquait un danger imminent, et j'en avait encore l'estomac tout retourné en repensant aux images de cette nuit. Personne ne rechignait à la tâche ici, mais ça ne m'étonnerais guère si quelques camarades auraient des doutes sur ce fameux plan et de son existence même. Je sais que Kate nous en parlera quand tout sera opérationnel dans sa tête, mais les autres ne la connaissaient pas aussi bien que moi, malheureusement. Brown veillait sur elle quand nous étions en expédition, il se remettait doucement de sa blessure à la cheville, grâce aux bons soins prodigués par mon épouse. C'était pratique d'avoir rencontré une survivaliste en pleine apocalypse quand même.

_ Bon vous avez ramené assez d'armes et de munitions, nous procéderons à l'attaque dans quelques jours, annonça la petite brune.

_ A bah c'est pas trop tôt ! S'écria Jackson en s'étirant. Je commençais à me demander si on allait pas faire un remake de la petite maison dans la prairie ici !

Les hommes gloussèrent mais se ravisèrent sous le regard sérieux de Kate.

_ Non, ce n'était pas ça mon plan gros crétin ! S'emporta-t-elle. Reprendre une communauté ça demande de l'organisation et de la réflexion. Nos proches ne sont théoriquement pas en danger de mort donc il n'y avait pas vraiment d'urgence. Et à plus le temps passe et plus Moore nous croit morts et enterrés. Car vous vous doutez bien que l'effet de surprise sera notre seul atout. Fort heureusement, contrairement à vous tous je ne me suis pas enjaillée comme une folle quand vous avez recueillis les autres connards, dit-elle en fixant Brown d'un air accusateur. Figurez-vous que j'avais mis en place une procédure avec Emily au cas où une situation comme la nôtre se présenterait. Sauf que je ne me serai jamais douté qu'elle me servirait puisque j'étais persuadée qu'ils allaient tous nous descendre d'une balle dans la tête. Voilà ce qui fait la différence entre nous. Prévoir tout, même l'improbable, c'est comme ça qu'on survit à une apocalypse zombie.

Un long silence s'installa tandis que chacun réfléchissait au discours de la seule femme du groupe. Elle venait de montrer à tous sa supériorité en tant que leader, c'était ferme et définitif.

_ Alors ? Elle consiste en quoi cette procédure ? Demandais-je, un peu acerbe. Oui, j'étais en colère qu'elle ne m'ait rien dis à propos de cela.

_ Quoi ! Comment ça se fait que te ne sois pas au courant ? Questionna Jackson.

_ Il n'est pas au courant parce que je ne pensais jamais me servir de ce plan, trancha ma femme.

Nous nous défièrent du regard une seconde puis elle continua.

_ Pas besoin de rentrer dans les détails pour l'instant mais sachez qu'il s'agit de nous faire entrer à Manhattan, j'ai fais en sorte que ce soit possible, dans votre dos à tous car je savais que vous m'en empêcheriez. Vous étiez bien assez occupé par les préparatifs de notre mariage, pour que je puisse faire à ma guise.

_ Je sais pas si je dois t'insulter ou te remercier, lança Brown.

_ Ça dépendra de l'issue de la confrontation, répondît-elle. Aujourd'hui nous allons réviser et nettoyer entièrement les armes à feu.

Tout le monde se mit au travail sauf moi, j'attrapai ma brune par le coude, la trainant vers une autre pièce pour avoir un peu d'intimité.

_ C'est quoi toutes ces cachoteries ? C'est nouveau, tu me caches des choses maintenant ? On est mariés je te rappelle, fulminais-je. 

_ Qu'est-ce que tu veux Cal ? Des excuses ? Des explications ? Je n'en ai aucune. J'ai assuré nos arrières comme toujours et si tu me reproches ça, c'est que t'es vraiment le roi des cons.

_ Je te reproche de ne rien m'avoir dis et d'avoir tout fais à mon insu. Assurer nos arrières, ça a toujours été ton job, mais j'aurais apprécié que tu m'en parle comme tu as toujours fais auparavant, je n'aime pas qu'on ai des secrets l'un pour l'autre.

_ Je n'aime pas te cacher des choses mais je ne voyais pas l'intérêt de t'informer alors que je ne pensais jamais m'en servir, se justifia la brune.

_ Ok, mais c'est la dernière fois d'accord ?

_ Promis, me sourit-t-elle.

Je l'enlaçais pour l'embrasser, ses lèvres pleines et sucrées m'appelaient. Me délectant de cette sensation de plénitude, je prolongeais un peu le baiser pour finalement la relâcher quelques secondes plus tard.

_ On va lui faire sa fête à ce connard, lâcha-t-elle avec véhémence.

_ Ça tu peux en être certaine.