Chapitre 2

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Je me redressais et éteignais le réveil de mon téléphone. De magnifiques rayons de soleil filtraient à travers les rideaux de ma fenêtre, une belle journée s'annonçait. Je m'habillais prestement, un corsage noir accompagné d'un jean slim noir avec des imprimés fleurs de roses de couleurs grises. Je nouai un ruban en satin noir autour de mon cou comme touche finale. Dans la cuisine, je me servis un café fraichement préparé pour me donner du courage et affronter une nouvelle journée en enfer. J'écoutais les nouvelles du jour à la radio dont l'info principale de ces derniers temps était un virus inconnu qui frappait des personnes en Californie, les symptômes se rapprochaient de la rage avec une agressivité exacerbée. Puis suivi l'horoscope.

_ Capricorne : vous rencontrerez quelques problèmes aujourd'hui mais votre caractère tenace vous permettra de vous en sortir sans soucis, dit la présentatrice sur un ton beaucoup trop enjoué à mon goût.

« Ça change des autres jours » ironisais-je pour moi-même. Après avoir posé mon casque sur mes oreilles, je lançai The Show Must Go On du groupe Famous Last Words.

Sur le parking du lycée, je respirais un grand coup, rejetant mes épaules en arrière, fin prête à affronter le monde entier ou presque, mais à ma grande surprise je n'étais pas le centre d'intérêt ce matin. Le mystérieux virus se rapprochait à grand pas du Tennessee et l'agitation de la population était à son comble. « Mon horoscope avait tort finalement » fanfaronnait la petite voix dans ma tête. Je pris mes livres dans mon casier vierge pour une fois et me dirigea en cours où j'ai quand même eu droit à quelques regards courroucés de la part de mes camarades de classe, oui les vieilles habitudes avaient la vie dure.
Tout allait pour le mieux jusqu'au cours de biologie dans l'après-midi qui fut interrompu d'une manière des plus macabres. M. Desrochers, surveillant du lycée, passa la porte qui était déjà ouverte, il était littéralement recouvert de sang et il ne semblait plus du tout lui-même. Il avançait tranquillement vers M. Jones, notre professeur de biologie.

_ Qu'est-ce qu'il vous arrive ? Paniqua l'enseignant.

Le surveillant répondit par un grondement guttural qui n'avait rien d'humain, ce genre-là qui vous fait frissonner et votre instinct vous dictait de prendre vos jambes à votre cou. Il attrapa soudainement M. Jones qui s'était approché pour aider son collègue mais ce dernier referma sa mâchoire sur l'artère carotide du pauvre homme dans une profusion de sang. Jones hurlait tellement fort que je ne m'entendais presque plus penser. Les réactions de l'assistance furent diverses, la plupart des filles se mirent à hurler, d'autres muets et pétrifiés de terreur. Les membres de l'équipe de football se ruèrent sur le surveillant qui les envoya balader à travers la pièce avec une facilité déconcertante. Cette chose qui se trouvait devant nous, ressemblait plus à un animal affamé qu'à un être humain mais cette force dont il faisait preuve était inexplicable. Je bouillonnais intérieurement, soudainement dopée à l'adrénaline, mon instinct me criait de fuir. Saisissant ma veste en cuir et mon sac à dos, je me ruais dans le couloir, la mort aux trousses. Ici, la situation était similaire, des gens pâles et ensanglantés en attaquaient d'autres, élèves et personnel du lycée se mélangeaient dans ce théâtre macabre. Cris et hurlements résonnaient dans les couloirs, je slalomais entre les assaillants qui étaient relativement lents, sur ma droite un petit groupe était penché sur un corps de la chair humaine emplissait leurs bouches putrides. J'approchais de la sortie alors qu'un garçon était en train de se faire dévorer vif par deux pompom girls.

Une main me saisit fermement le bras, Je me retournais et vis Jennifer qui avait un autre cours que moi à cette heure-ci. Elle me fixait avec ses yeux injectés de sang et un sourire difforme, un morceau de sa joue pendait dans le vide, dommage elle avait un si joli visage.

« Le karma existe » pensais-je. Elle grogna, ce qui fit hurler mon instinct de survie. Ses doigts me broyaient le bras, elle m'arracha un gémissement et je la vis se rapprocher avec sa bouche ensanglantée bien ouverte, toutes dents dehors. De mon bras libre je lui envoyai un coup de coude dans la tempe, ébranlée par le choc elle me lâcha, j'en profitai pour lui envoyer un coup de pied haut qui l'envoya rentrer en collision avec les casiers.
D'autres personnes approchaient attirés par le bruit alors je quittais définitivement le bâtiment, dehors la situation était toute aussi chaotique, des gens courraient, hurlaient, des coups de feu se faisaient entendre au loin. La panique régnait, on pouvait entendre les sirènes de police et des hélicoptères qui survolaient Nashville.
Je me ruais dans ma voiture et démarrais en trombe, il fallait que je passe à mon appartement, j'avais besoin d'armes pour me défendre. Les routes menant au centre-ville étaient désertes mais celles quittant la ville en revanche étaient obstruées par les gens voulant quitter ce chaos.
Devant mon immeuble, je sortis prudemment de la voiture à l'affut de la moindre personne au comportement suspect. Je passais la porte anormalement ouverte, dans les escaliers je rencontrais M. Collins mon voisin, où plutôt ce qu'il restait de lui. La partie gauche de son visage avait été sauvagement arrachée, il manquait des doigts à ses deux mains et des traces de morsures partout sur son corps. A peine eut-il posé les yeux sur moi que je le faisais passer par-dessus la rambade des escaliers en colimaçon.
C'était un homme gentil mais je n'avais pas le temps de m'apitoyer. J'ouvrais à la hâte la porte de mon appartement, me dirigeais d'abord vers ma chambre et tirai la grande boîte en bois cachée sous mon lit. Je l'ouvris, saisissais les deux sabres qui s'y trouvaient. Chacun logés dans leurs étuis respectifs, je les plaçais dans mon dos. Cadeaux de Hiiro-sensei après avoir gagné le championnat, il les a faits forgés par un ami au japon, grand spécialiste de la conception de sabres à l'ancienne qui m'assurait un équilibrage parfait et une lame extrêmement solide. Ensuite, je saisis mes sacoches de selle, j'y fourrai de la nourriture non périssable, un briquet, quelques vêtements, mon Ipod et son chargeur solaire, lampe frontale et duvet.
J'attrapais le vélo de M. Collins qui n'en aurait plus l'utilité et prenais la direction de la sortie nord de la ville. Impossible de prendre la voiture, les routes étaient bloquées par les centaines de milliers de véhicules qui bouchonnaient.

Après une demi-heure de pédalage intense j'arrivais au club hippique, le lieu était désert lui qui était d'habitude si vivant et plein de monde. Je passais la porte des écuries, aucune trace de M. Taylor. Tous les chevaux étaient encore là, livrés à eux-mêmes, ils étaient nerveux, hennissaient, ils devaient sentir que quelque chose n'était pas normal. Je leur ouvris toutes les portes et ils sortirent au galop, je terminais avec Precioso. Je le harnachai, fixai mes sacoches à la selle et sautai sur son dos. Je pris la route en direction du nord pour commencer, car il fallait bien débuter quelque part. J'appelais une dernière fois Hiiro-sensei que je n'avais pas réussi à joindre jusque-là et encore une fois ce fut infructueux. Tant-pis, je prenais la route seule comme toujours, Sensei était fort, il saura se défendre et survivre.
Je commençais lentement à faire le lien entre le virus mystérieux et la soudaine agressivité ainsi que la nouvelle faim dont les gens faisaient preuve. Je devais le reconnaitre, nous étions en pleine invasion zombie digne des meilleurs films d'horreur. Pourtant une seule chose me tracassait à cet instant précis : mon horoscope disait vrai ce matin.

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