Chapitre 61

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PDV Kate

Dans les ténèbres, je ne sentais plus le poids de mon corps, c'était comme si je flottais. J'aimerais ouvrir les yeux mais mes paupières restaient scellées, j'aimerais appeler à l'aide, qu'on vienne me chercher mais aucun son ne voulait franchir mes lèvres. Et quand j'abandonnais enfin et que je me laissais aller, des souvenirs refaisaient surface, devenant spectatrice de ma propre vie.

Je me trouvais à l'orphelinat, j'avais 8 ans à cette époque. Je traversais la cour mon goûter dans les mains mais on me l'arrachai violemment avant de me faire tomber parterre. Me retournant, je  vis alors Trent, un garçon de douze ans qui m'avait prise pour cible dès son arrivée à l'orphelinat. Les larmes me piquaient les yeux quand je le reconnu. Il ne daigna même pas m'adresser la parole et s'éloigna avec ses copains en riant.
Ce souvenir était extrêmement important pour moi, c'était le jour où je m'étais promis que plus personne n'arriverait à m'atteindre, peu importe que je sois petite, peu importe que je sois une fille. Plus personne ne me mettrai à terre sans que je riposte, c'était à cet instant que la violence fut la solution pour tout dans ma vie. Le lendemain quand Trent arriva pour me prendre mon goûter je lui avais donné un coup de pied dans le tibia avec toute la force que je possédais. Il était tombé à terre et hurlait de douleur, prise de frénésie j'avais continué à le frapper jusqu'à ce qu'un surveillant vienne m'arrêter. Ce jour là, la petite fille sans défense était morte et avait laissé place à une rage animale qui m'avait conduite toute ma vie dans tous mes choix.

C'était toujours un mélange de souvenirs qui se bousculaient , ceux qui m'avaient forgés comme le sont mes sabres. La plupart étaient douloureux car ce sont les expériences les plus dures qui faisaient ce que nous étions. Les derniers instants de Daniel Moore était le souvenir qui revenait le plus souvent, alors que je revivais la scène, je réalisais que j'avais totalement abandonné mon humanité ce jour-là. Il ne restait que de la haine, une faim de sang qui me consumait. Si on m'avait infligé une blessure mortelle ce jour-là, j'aurais continué à avancer tels les morts qui se baladaient parmi nous. Et je ne me serais arrêtée qu'une fois ce fils de pute baignant dans sa propre marre de sang, parce que c'était ce qui m'avait permis de survivre dehors avec les autres, j'avais puisé dans toute la force qui me restait pour pouvoir vivre ce jour.  Et depuis je restais coincée dans les ténèbres, j'ignorais si j'étais morte ou vivante ou bien entre les deux. Ça ressemblait un peu à l'enfer après tout, à revivre tous les crimes et les mauvaises choses que j'avais pu faire.

Cela m'avait semblé une éternité, je n'avais aucune notion du temps ici, des semaines s'étaient écoulées, peut-être même des mois voir des années qui sait ? Ce fut la douleur qui me sorti de là. La sensation qu'on me déchirait en deux, ça ne faisait qu'empirer et ça s'était arrêté soudainement, puis plus rien, le néant. A cet instant, j'eu la sensation de ne plus exister. Puis les sons commencèrent à me parvenir, des bips réguliers, des voix familières qui prononçaient mon nom et enfin mes paupières retrouvèrent la force de s'ouvrir sur une lumière aveuglante. La douleur était revenue avec le reste évidemment. J'étais aveuglée mais mes autres sens reprenaient vie peu à peu, une forte odeur de sang me parvint, puis la voix familière de Caleb qui m'apaisa alors que je paniquais de ne pas comprendre ce qui se passait. Toujours aveuglée je sentis sa main froide se glisser dans la mienne, mes sens débordaient d'information mais je commençais à reconnaître le plafond du labo quand un son inconnu attira mon attention, de petits gémissements aigus. Était-ce vraiment ce que je pensais ? Je n'osais l'imaginer et pourtant quand je réussis à distinguer Cal, je vis immédiatement le nouveau-né qu'il tenait contre lui. Je crus m'évanouir à nouveau, mais je me concentrais sur ma respiration affolée pour rester éveillée.

_ Je lui injecte la morphine, dit la petite voix d'Emily.

_ Vas-y, j'ai presque fini de recoudre, ajouta le docteur Reed.

Caleb ne disait rien, il me fixait de cet air grave que je ne connaissais que trop bien. Je voulais lui parler mais ma bouche était sèche et aucun son ne voulait sortir.

_ Emily, donne lui de l'eau, elle veut parler, gronda le grand tatoué aux cheveux d'ébène.

L'adolescente s'exécuta, me donnant le stricte nécessaire d'eau.

_ Cal ... Caleb ... Réussis-je a articuler d'une voix rauque.

Mes yeux s'emplirent de larme me bouchant à nouveau la vue.

Il se pencha sur moi pour déposer dans mes bras le bambin emmitouflé dans une petite couverture.

_ Je te présente notre fils, ma puce, susurra-t-il à mon oreille.

Je ne pu retenir un lourd sanglot, yeux dans les yeux la petite chose me fixait avec curiosité, j'étais totalement bouleversée de rencontrer enfin ce petit être.
Des yeux remplis de paillettes dorées et de petits cheveux noirs sur la tête, inutile de nier c'était bien le notre. Je l'observais sans rien dire quelques minutes puis Reed intervint.

_ Je peux examiner le petit un instant ? Vérifier que tout va bien ? Demanda Reed.

Caleb acquiesça et me le reprit des bras ce qui me rendit soudainement très triste.

_ Comment tu te sens ? Me questionna Cal.

_ J'ai l'impression qu'on m'a roulé dessus avec un semi remorque, répondis-je d'une minuscule voix. Combien de temps ? Ça fait combien de temps que je suis dans cet état ?

_ Quatre mois, depuis que tu as tué Moore, avoua-t-il.

L'annonce me fit l'effet d'un choc, un de plus, puisque je venais d'apprendre que j'étais devenue mère.
Je devinais au regard du tatoué, que le temps avait été extrêmement long et il m'avait l'air légèrement différent. Il ne m'avait pas encore réellement sourit depuis que j'étais réveillée. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je n'imaginais pas ce qu'il avait du endurer.

_ Pardon, m'excusai-je. Je t'ai fais attendre longtemps.

_ Ne t'excuse pas, tu es là, c'est tout ce qui compte, me contra-t-il. 

Ah, enfin un sourire. Je fondais littéralement comme à chaque fois. Ses cheveux étaient plus longs, la moitié était ramenée en queue de cheval sur la partie haute de son crâne. Ça lui donnait un petit air sauvage qui ne me laissait pas indifférente.

_ Tout est en ordre, annonça Reed en nous interrompant. J'ai fais les tests basiques, on poussera un peu plus loin dans quelques temps quand il aura prit des forces. 

Emily portait l'enfant et me le remis.

_ Alors, vous aviez choisi un prénom ? Demanda-t-elle.

_ Si on est toujours d'accord, ce sera Ayden, annonça Cal.

J'acquiesçais, c'était bien ce qu'on avait choisi il a bien longtemps déjà. La discussion des prénoms avait été houleuse pour ce qui est des prénoms féminins. Mais pour les masculins on était tombé d'accord assez vite. Ayden et Edward sont sortis sur ceux qu'on avait sélectionnés chacun de notre côté mais on avait une grosse préférence pour Ayden.

Reed me parut étrange, il semblait ému, sauf que ce n'était pas son genre d'être ému. Je laissais cela dans un coin de ma tête pour plus tard, j'étais trop épuisée pour réfléchir.

_ Une longue rééducation va débuter pour toi, me dit Reed, soudainement. Tu ne pourras pas rentrer tout de suite chez toi, ton corps doit être entièrement re-musclé et je dois vérifier que ton coma n'a pas laissé de sequels.

Ça ne m'étonnais pas, je ne m'attendais pas à sortir du labo comme une fleur, mais j'allais me donner à fond pour récupérer le plus vite possible ma vie d'avant. Je ne serais pas un poids mort, jamais plutôt mourir. Je l'avais été ces quatre derniers mois et c'était terminé.

A partir d'aujourd'hui commençait une nouvelle vie, une vie de famille que je n'avais jamais eu.

Zombie StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant