Chapitre 25

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PDV Kate





« J'en ai assez », tels ont été mes derniers mots prononcés à Caleb cette semaine. C'était un silence assourdissant qui s'était installé entre nous. Depuis qu'il avait débuté son poste à la réserve, il ne rentrait à la maison que pour dormir, monsieur était visiblement devenu populaire. Le souci avec Caleb, c'était qu'une fois qu'on avait oublié qu'il était un mort-vivant, on l'aimait instantanément. J'étais seule dans cette grande maison, mes camarades avaient fini par s'adapter, il ne restait que moi et ma solitude qui me collait à la peau comme un parasite. Ma vie à l'extérieur des murs me manquait terriblement, aujourd'hui je n'étais plus que l'ombre de moi-même comme un animal sauvage qu'on enferme.

Je n'en pouvais plus de m'interroger sur Caleb et ce qu'il pouvait bien faire de ses journées alors un soir, aux alentours de vingt et une heure, je me dirigeais vers la grande place où se trouvait la réserve. Des tables et des chaises étaient installées pour amener les gens à passer des moments conviviaux ensemble. Je me cachais derrière l'un des nombreux bâtiments qui encerclaient la grande place et observais le curieux spectacle qui se déroulait devant mes yeux.

Mon Caleb était assis avec un petit groupe de jeunes gens, ils papotaient et riaient de bon cœur. Mon cœur se serra instantanément dans ma poitrine et le gout de la trahison me restait en bouche, voilà donc ce qu'il me cachait. Il préférait passer du temps avec ces gens plutôt qu'avec moi et plus je les observais plus je comprenais qu'ils étaient une bien meilleure compagnie que moi. Je découvrais une partie de Caleb qui appartenait à son ancienne vie, l'homme populaire, séduisant et superficiel. Alors que je m'apprêtais à rentrer l'âme en peine, une jeune fille de notre âge se leva et tira Caleb à l'écart derrière un building, faisant le tour par une rue adjacente, j'étais assez proche pour les observer et écouter leur conversation.

_ De quoi veux-tu discuter Hayley ? Demanda Caleb d'une voix douce.

_ Je n'ai jamais pris le temps de te remercier pour avoir sauvé ma petite sœur l'autre jour, énonça la fille aux cheveux blonds.

_ Ce n'est rien, ta mère m'a déjà remercié de toute façon, répondit-il en souriant.

La fameuse Hayley se dandinait et parlait d'un ton mielleux qui me dégoutait. Mon instinct qui m'avertissait depuis plusieurs jours me vrillait l'estomac à cet instant, au plus profond de mon être, je savais que la suite des évènements n'allait pas me plaire.

_ Je voulais faire quelque chose de spécial rien que pour toi, tu ne me laisse pas indifférente tu sais ...

Sur ces mots, la blondasse s'avança vers Caleb et l'embrassa sur la joue, un baiser qu'elle éternisa un moment alors que Caleb restait de marbre. Je m'attendais à ce qu'il la repousse immédiatement mais rien ne se passa. Alors que ma vue se brouillait à cause des larmes je reculais prudemment mais trébuchais bruyamment emportée par le poids de mon cœur brisé. Alors que je me relevais péniblement Caleb apparu devant moi, les yeux écarquillés sous la surprise.

_ Ma puce ? Qu'est-ce que tu fais là ? S'inquiéta le traitre.

_ Ne me touche pas, grondais-je, alors que je giflais sa main tendue.

Les larmes dévalaient mes joues en cascade, mon corps était lourd et je tremblais comme une feuille sous le choc.

_ Je ne sais pas ce que tu as vu mais je peux tout t'expliquer, me dit-il en voyant mon état.

_ Il n'y a rien à expliquer Caleb, au contraire ton comportement de ces derniers jours prend tout son sens, crachais-je. Maintenant je vais aller faire un tour alors je te laisse avec tes nouveaux amis et si tu tentes de me suivre j'étripe ta nouvelle petite copine.

Il savait que j'en étais capable alors il s'immobilisa alors que je m'éloignais à grandes enjambées. Tandis que mon monde s'écroulait morceaux par morceaux, je prenais le chemin de la maison, j'haletais de douleur et ma poitrine se serrait alors que les images tournaient dans ma tête. J'étais assez rationnelle pour préparer mes sacoches avec le nécessaire, m'équiper de mes armes et rejoindre Precioso à l'écurie pour le préparer lui aussi. J'avais déjà échafaudé mon évasion dans ma tête depuis longtemps, je n'avais qu'à mettre mon plan à exécution. J'approchais de la porte de fer discrètement et j'assommais le garde en charge pour la nuit. J'actionnais ensuite le levier qui ouvrait la porte et appelait au secours dans le talkie du gardien pour qu'on vienne refermer la porte immédiatement.

Manhattan était loin et se distinguait à peine dans la nuit, je m'étais concentrée sur mon évasion pour éviter de penser aux évènements traumatisants dont j'avais été témoin ce soir mais maintenant tout me revenait en pleine face. Je n'avais rien expérimenté d'aussi douloureux, malgré tous les coups que j'ai pu prendre dans ma vie, tous les obstacles à surmonter, ce n'était rien à côté de mon cœur en lambeaux. Caleb était un séducteur, j'aurais dû me méfier, j'aurais dû prévoir qu'il allait succomber à la première blondasse venue. Et puis d'un autre côté je me trouvais idiote d'avoir pensé que je méritais un tel homme dans ma vie, moi qui n'étais rien de plus qu'un déchet qui avais grandi dans le caniveau. Maintenant ne restait que la douleur et le désespoir, des blessures qui allaient être difficiles à guérir. Sous état de choc, j'avais du mal à calmer ma respiration saccadée, j'étais terrorisée par ce que j'allais devenir sans Caleb à mes côtés, il ne restait plus que mes ténèbres que je sentais déjà m'engloutir. Je n'avais pour l'instant pas de destination précise car peu m'importait où j'atterrirais, c'était Caleb mon chez moi. Toutes ces semaines à souffrir d'être enfermée avec ces gens rien que pour lui, pour être trahie et traitée comme si je n'existais pas finalement. La vie était une garce cruelle qui s'amusait avec moi depuis ma tendre enfance. Désormais je me mettais en quête d'un endroit pour panser mes blessures et faire le point sur ma vie merdique.

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