Patient 715

Laps de temps

Et voilà comment j'en suis arrivée là, aujourd'hui. Vivante, mais vide comme si mon âme avait décidé de partir très loin. Je le comprend, on se fait chier ici. 

Mais bon, je vais quand même raconter ce qui s'est passé entretemps. Jusqu'aujourd'hui. 

Premièrement, tous les patients ont commencés à périr, jusqu'à la mort vienne les chercher. Avec les nouveaux traitements ultras-rapides, les gens ont commencés à mourir plus rapidement. Il aurait été plus favorable de nous libérer si notre destin était de mourir dans ce trou à rat. Je pense que ça a pris trois semaines ou quatre, avant que tout le monde décèdent. À part moi, bien évidemment. Comme si j'étais pré-destinée à être une messie. N'importe quoi, je déconne. Non mais vraiment. Aucune façon de savoir, puisque ces êtres très intelligents avaient décidés d'enlever le nombre lumineux au gymnase. 

Deuxièmement, pendant ce laps de temps, il y a un scientifique qui a eu l'opportunité de mourir aussi. Ce pauvre malheureux avait été marqué par une tâche noire. Celle-ci signifiant la mort causée par le Z-Virus. Après cette merveilleuse découverte, il fut exécuté sur le champ. Yoopi ! Au moins, c'est un meurtre à enlever de ma liste. Ce qui déterminait le compte suivant : il ne restait que deux scientifiques. Le Dr Williams et le Dr Daxton. 

Troisièmement, après que tous les patients avaient étés emportés par la faucheuse, le reste des soldats quittèrent la base militaire considérant qu'il n'y avait plus rien à faire ici. Malheureusement, un garde avait décidé de rester avec moi et les deux autres génies du mal. Ce qui m'empêcha d'envisager un échappatoire puisque celui-ci avait été formé pour les techniques de combat. Franchement, me voyez-vous combattre un homme entrainé, alors que moi, je suis maigre, victime de mal-nutrition, a des mals de dos indésirables et une force physique presque inexistante ? Je ne penses pas.

Les scientifiques restants décidèrent de continuer la quête d'un futur vaccin. Après que la Terre ai été décimée par cette épidémie de merde, ils y croient encore ? Ils ne sont pas très intelligents. 

Pour finir, lorsque tout le monde ai fiché le camp, ils continuèrent les traitements sur moi. Tout aussi inutile, puisque il ne restait que moi. À quelques occasions, des surprises m'attendais : je me faisais tabasser par le seul garde. Ils me laissèrent souvent en liberté, rodant dans les couloirs pourris. Tout ça, sur l'oeil avisé du garde. 

Mon seul échappatoire dans cette base est mon carnet où j'écris toutes ses lignes. Le jour où tous les gardes ont décidés de partir, le Dr Daxton vint me faire une visite en secret. Celui-ci m'avait offert un carnet ainsi qu'un  crayon à l'encre. Il m'a dit qu'il estimait que j'aille quelque chose à faire, puisque je n'avais plus de contact social. 

- -

La porte s'ouvrit, me réveillant de la lumière intense qui pénétrait dans mon donjon. C'était Daxton. Je n'avais aucune idée de ce qu'il fichait là avant qu'il ne s'assoie à mes côtés. 

- Bonjour, dit t-il.

Je fus silencieuse, méfiante puisque je n'avais pas l'habitude de le voir ici. 

- Je suis venu pour te remettre ceci. 

Il désigna ce qu'il avait dans les bras : un carnet à la couverture en cuivre et un crayon. 

- C'est pour moi ?, bégayai-je. 

- Oui. Je me suis dit que tu te sentais seule avec plus personne. 

Il me tendit les objets avec un grand sourire, soulagé que je les accepte. 

- Surtout, cache-les. 

 Et il  repartit. 

- - 

Le temps où tout le monde est parti et aujourd'hui, je crois qu'il y est passé plusieurs mois. Enfin, j'estime. Ici, on est déconcertés et on perd le fil du temps. En tout cas, je ne sais pas pourquoi ils me garde encore. C'est vrai, ils ne savent plus quoi faire de moi...

Je ne meurs pas. Ça doit faire une année que je suis prise ici, et je n'est jamais succombée. Comment je fais pour encaisser tous ces traitements et ces douleurs interminables ? C'est peu être la fin après tout. Une fin envisageable, qui sait ?