Partie 1 - Rencontre innocente - 1. Un matin de Juillet

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Qu’est-ce qu’il faisait chaud en ce mois de Juillet. Kilian venait à peine de se réveiller après une nuit éprouvante. Il était neuf heures et demie, il était en nage et son lit ressemblait à un champ de bataille. Mais ce n’était pas la chaleur qui avait réveillé le jeune garçon. Non, comme souvent pendant les vacances, c’était son grand frère qui l’avait arraché des bras de Morphée en lui balançant un coussin dans la tronche.

« Bouge-toi, Kilian… on doit aller t’acheter des fringues pour que tu aies quelque chose à te mettre pendant ton camp de vacances »

Cédric, du haut de ses 16 ans, prenait à cœur son rôle de grand frère. Il devançait Kilian de deux ans et demi dans la vie. Une éternité à cet âge-là. Et puis, avec un père autoritaire rarement présent et une mère dépressive, il fallait bien que quelqu’un veille sur son petit frère. Et derrière des gestes et des paroles parfois un peu brusques, il cachait une énorme tendresse.

« Allez, bouge-toi, prends ton p’tit déj, lave-toi et on y va.  J’ai pas que ça à faire, tu sais. J’dois voir ma copine cette après-midi. »

Kilian se traina hors de son lit pour rejoindre difficilement la douche. Il l’aimait glacée, surtout en cette période. Il jeta sur le sol son t-shirt trempé de sueur  et ce caleçon usé qui lui servait de bas de pyjama. Rapidement, il entra dans la douche et s’assit contre le mur, laissant couler l’eau gelée sur sa douce crinière blonde.

Kilian venait de fêter ses quatorze ans quelques semaines auparavant. Son anniversaire, comme par hasard, coïncidait toujours avec la fin de l’année scolaire. L’année prochaine, il allait rentrer en troisième. Une dernière année à souffrir avant de rejoindre le lycée. Si au niveau intellectuel, le jeune garçon était plutôt à l’aise, il restait dans la moyenne de son âge au niveau physique, en affichant a peu près un mètre soixante-sept à la toise. Il possédait un corps glabre et fin d’adolescent, quand même bien dessiné grâce aux nombreuses heures passées le soir après les cours à l’entrainement d’escrime, sport dont il était un ardent pratiquant depuis des années. Sa chevelure blonde aux reflets sombres tombait en de légères bouclettes sur sa nuque. Son visage était encore celui d’un enfant, avec un nez très fin, des yeux verts d’une intensité rare et de magnifiques fossettes sur les joues à chaque fois qu’il souriait. La puberté semblait pourtant poindre. Même si sa voix était restée d’une grande douceur, il avait bien conscience d’avoir pris une petite octave en quelques mois, et déjà les hormones le travaillaient parfois de manière assez sournoise. Mais Kilian n’était pas du genre à faire des crises d’adolescence. Tout au plus les légères évolutions de son organisme le poussaient à dormir encore plus qu’avant, mais il semblait garder son caractère calme qui faisait son charme. Il n’était pas un garçon de conflit, il n’aimait ni se prendre la tête, ni se poser trop de questions. L’eau glacée coulant sur son jeune corps suffisait à son bonheur présent.

« KILIAN, BORDEL, tu soûles ! Ça fait 20 minutes que t’es sous la douche ! Bouge-toi ! »

Cédric s’impatientait dans la cuisine devant le bol de chocolat chaud maintenant tiède qu’il avait préparé pour son cadet. Malgré parfois des mots un peu durs et un comportement légèrement autoritaire, Cédric aimait son petit frère de tout son cœur et avait pour lui une tendresse infinie qui se traduisait par des centaines de petites attentions. Ce petit déjeuner préparé avec soin n’en était qu’un des nombreux exemples.

Pourtant, les deux frères étaient bien différents. Cédric avait grandi d’un coup. Il faisait dans les un mètre quatre-vingt, un peu moins peut être, avec des cheveux châtain foncé assez courts et des yeux noisette qui faisaient ressortir la rudesse de ses traits. Là où son frère était plutôt fin, Cédric était trapu. Son sport à lui, c’était la boxe. Moins de grâce que l’escrime, moins de finesse… la boxe est avant tout un sport de contact, et Cédric aimait ça. Taper sur un punching-ball lui faisait un bien fou. Il préférait ça plutôt que de cogner sur son père. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait parfois tant leur relation était conflictuelle.

Vous auriez mis les deux frères l’un à côté de l’autre, on aurait dit de parfaits étrangers. Mais tout le monde dans leur entourage savait à quel point ils étaient proches, presque fusionnels. Kilian était un grand timide, toujours en retrait et en admiration pour ce frère si beau, si fort, si tout… Cédric, lui, craquait pour la douceur candide de son cadet. Kilian était fragile et sensible, là où Cédric était un battant n’ayant jamais peur de rien. Et quand leur mère buvait un peu trop, c’était toujours le grand frère qui s’interposait et qui prenait les gifles. Il ne supportait pas l’idée qu’on puisse toucher son frangin. Cédric s’était ainsi endurci, il voulait être fort pour deux. Son courage avait permis de garder intacte l’innocence de Kilian.

« J’arriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiive, rhô, tu soûles Ced’, laisse-moi émerger, j’ai super mal dormi… t’as vu comme on étouffe dans cette baraque ? »

« Eh Kili, c’est pareil pour tout le monde hein, moi, ça fait deux heures que je suis debout. Bois ton chocolat et bouge-toi. Et habille-toi bordel, Je sais que t’es pas pudique, mais y a des limites quand même. »

Kilian ne se posait jamais de question. C’était son trait de caractère principal, ce côté naturel si marqué. Ça ne le dérangeait donc pas de déambuler dans la maison une simple serviette nouée autour de la taille et un slip dans la main. Ce matin, c’était le fait que la serviette n’était pas si bien nouée que ça et avait fait un tour vers les chevilles qui avait un peu énervé Cédric.

« Eh mais il est froid ce choco ! »

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant