71. Quand le monde s'écroule

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Pour féliciter le médaillé d'or, Michel invita toute la petite troupe dans un petit bouchon lyonnais afin de déguster une bonne plâtrée de tablier de sapeur sauce gribiche. Les mineurs eurent même le droit à un petit verre de Côtes-du-Rhône que le blondinet se força à boire, malgré le goût trop acide et astringent du breuvage pour son jeune palais. De manière solennelle, le père du rouquin leva son verre en l'honneur du jeune champion.

« À ta victoire et à tes amours Kilian ! Au moins, maintenant, je suis rassuré, tu ne sors pas avec mon fils ! Bon, en même temps, ça ne me rassure pas tant que ça, tu ne voudrais pas lui donner des conseils pour qu'il se trouve une copine ou un copain ? Non parce qu'à son âge, toujours célibataire... »

« Arrête papa putain ! T'es vachement lourd là ! Et doublement en plus. »

Même si Martin ne goûtait pas l'humour paternel, le reste de la tablée s'esclaffa. Plus que de sa victoire, Kilian était fier d'avoir assumé devant de nombreuses personnes ses penchants inavouables. »

« Merci Michel ! Mais ne t'en fais pas, on va lui trouver une copine, à Martin. On a déjà une short-liste de noms. Par contre, pour moi et Aaron, je compte sur ta discrétion hein ! C'était pas censé se savoir ! Mais merci de bien réagir comme ça, ça me fait vraiment plaisir ! »

La sincérité se lisait sur son visage. Le père de son meilleur ami avait si souvent été là pour lui qu'il le considérait un peu comme un membre de sa propre famille. Être accepté comme il était lui apportait un réconfort certain. Si seulement son propre « père » pouvait lui aussi réagir de la sorte. Malgré la terrible vérité, Kilian continuait à avoir du respect et de l'affection pour François, cet homme qui l'avait élevé.

Le dimanche, le jeune adolescent le passa chez son petit copain. Aaron n'était pas un passionné de jeux vidéo, mais était passionnant dans tout autre domaine. Il lui apprit les rudiments du piano et enchanta ses oreilles avec de merveilleuses mélodies. Même si le jeune brun avait appris les bases par lui-même, une vieille tante avec qui il discutait via Skype lui avait donné beaucoup de conseils afin de lui permettre d'améliorer sa maitrise. Les deux collégiens discutèrent beaucoup et le nippon d'adoption montra à son invité tous ses albums photos, appuyant sur certaines anecdotes captivantes qu'il avait en mémoire. Puis ils allèrent promener Mistral au parc avant de se séparer. En rentrant chez lui, Kilian se tapa la main contre le front :

« Zut, on a tellement discuté qu'on a oublié de jouer... »

Afin de réparer cette erreur, ils se donnèrent rendez-vous le lundi soir après l'EPS et filèrent chez le blondinet. L'absence temporaire de sa famille lui permettait de profiter pleinement de sa maison, qu'Aaron découvrait pour la première fois.

À l'étage, dans la chambre de l'adolescent de moins en moins innocent, ils s'amusèrent à se raconter des histoires et à s'en créer de nouvelles. Si Aaron, le regard coquin, se proposa de soulager Kilian, ce dernier refusa et insista pour que ce soit bien lui, le blondinet, qui gâte pleinement son amoureux. Le jeune adonis avait adoré ce qu'il avait pratiqué le dernier soir des vacances d'hiver et ne s'imaginait pas à présent qu'un de leurs jeux puisse se dérouler autrement. C'était sa manière à lui de rendre tout l'amour qu'il avait reçu. Gratifier son tendre brun de ces mirifiques embrassades si bien placées faisait son bonheur. Dans son esprit, il en allait de l'ordre des choses. Si Aaron le protégeait, l'enlaçait dans ses bras et l'aimait si fort, lui avait le devoir de le cajoler et d'utiliser ses lèvres et ses mains pour toujours mieux l'aider à se détendre. Depuis qu'il avait découvert que donner est infiniment préférable à recevoir, il ne voulait plus lâcher ce rôle qu'il appréciait tant. Et aux expressions de plaisir qu'affichait son choupinet, on pouvait dire qu'il se révélait particulièrement talentueux dans cette tâche.

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant