45. L'anniversaire de Cédric

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« En Garde ! Êtes-vous prêts ? Allez ! »

Jean-Pierre était fier des résultats que Kilian avait obtenus le week-end dernier. Il n'avait pas encore eu l'occasion de le lui dire, mais il considérait cette troisième place comme étant des plus encourageantes pour l'avenir et venait saluer ses nombreux efforts ininterrompus. Et en ce mercredi après-midi, le jeune garçon s'appliquait du mieux qu'il pouvait comme à son habitude. Sans la moindre vantardise, il s'entrainait de manière encore plus sérieuse que d'ordinaire. Le maître d'armes voulait récompenser son élève pour l'encourager à aller encore plus loin, mais Diego l'en avait dissuadé. Samedi soir, le fier hispanique lui avait téléphoné furieux pour lui expliquer que l'adolescent lui avait fait une crise de nerf et était sujet à mythomanie. Jean-Pierre connaissait bien son petit Kilian et s'il était vrai que ce dernier était quelque peu soupe au lait, il ne comprenait pas où Diego voulait en venir avec ses critiques... D'autant plus que le jeune adulte n'était pas venu une seule fois à l'entrainement de la semaine et ne lui avait donc pas donné plus d'informations quand à l'incident. Il prétextait s'être pris une porte dans la figure dimanche dernier, ce qui lui avait causé un méchant hématome à l'œil gauche et l'empêchait de tirer.

« Dis moi Kilian, il s'est passé quelque chose avec Diego samedi, après la compétition ? »

L'adolescent s'arrêta dans ses mouvements, retira son masque et leva fièrement la tête.

« Rien d'important Jean-Pierre. On s'est disputés, mais je n'ai pas envie d'en parler. Si tu le vois, dis-lui juste de ma part qu'il ne doit plus m'adresser la parole, sauf s'il veut s'excuser. Et dis-lui aussi que je n'ai pas besoin de ses conseils ni de son avis. »

Tout expliquer à Cédric puis pleurer dans les bras d'Aaron lui avait permis d'évacuer bon nombre des troubles causés par son ancienne idole. Il s'était fait avoir. Par pure naïveté, il avait laissé croire à Diego qu'il se laisserait toucher sans rien dire. Il acceptait sa part de responsabilité dans ce qui s'était passé mais il avait décidé de ne pas pardonner à son agresseur pour autant. Dans l'intérêt du club, il ne ferait aucune vague et garderait pour lui sa peine, à la condition formelle de ne plus avoir affaire à celui qui fut pourtant son modèle encore peu de temps auparavant.

La fin de semaine passa à grande vitesse. Aaron annonça le vendredi soir à Kilian au creux de l'oreille qu'il avait cassé avec Alice et que le champ était à présent libre, tout en lui souhaitant de bonnes vacances de la Toussaint. Le jeune brun partait visiter de la famille tandis que le blondinet passerait les quinze jours de repos entre sa maison, celle de Martin et la salle d'armes, le tout afin de profiter des nombreuses activités sympathiques qu'il avait programmées tantôt avec son frère, tantôt avec ses amis.

Les congés commençaient cependant par un évènement important. L'anniversaire de Cédric. En ce samedi 19 octobre, il fêtait ses dix-sept ans. Plus qu'une année à tirer avant la majorité. Pour l'occasion, sa tante Suzanne lui avait prêté son appartement afin qu'il puisse y organiser une petite soirée avec tous ses amis. Ses meilleurs potes du lycée, ses camarades du club de boxe et sa chérie, Sandra, étaient tous là pour célébrer le jeune homme. Forcément, son petit frère qui s'amusait comme un fou à la platine, un verre de jus de pomme à côté de lui et magnifiquement vêtu d'une chemise verte fluo, était lui aussi présent.

Si les grands testaient tous les mélanges à la mode, à commencer par la fameuse Vodka-Redbull, mais aussi les grands classiques tels que le Whisky-Coca, Cédric avait insisté pour que Kilian ne puisse puiser que dans les softs. Et gare à celui qui essaierait de pervertir son frangin avec de l'alcool avant qu'il n'en ait l'âge. L'adolescent, lui, s'en moquait. Être présent le satisfaisait pleinement et cela ne le dérangeait pas d'être encore un peu considéré comme un enfant. Et puis, s'il avait envie d'essayer le rhum, la tequila, le gin ou toutes autres substances nocives comme ces drôles de cigarettes coniques qui faisaient rire bêtement et qui passaient de main en main, il n'avait certainement pas besoin de son grand frère. Il y avait le collège pour ça. Non pas le collège en tant que bâtiment, madame Stricker n'aurait jamais laissé un seul de ses élèves violer son cher règlement intérieur, mais le collège en tant que période de la vie où on essaie un peu trop de choses sans forcément y réfléchir, surtout chez les copains qui ont la chance, ou la malchance, d'avoir des parents un poil trop laxistes.

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant