70. La compétition de printemps !

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« Kilian, on se lève. Michel et Martin viennent nous chercher dans une heure. J'espère que tu es prêt. Cette fois-ci, je veux te voir la médaille d'or autour du cou ! »

Cédric avait prévu d'être du voyage. Même s'il avait bien d'autres choses à faire, dont une copine à gâter et des épreuves du bac blanc de français à réviser, il voulait encourager de tout son cœur son adorable petit frère. Ces dernières semaines, le jeune escrimeur avait redoublé d'efforts à l'entrainement. Pas forcément en y passant plus de temps, mais bien en s'appliquant comme jamais. Jean-Pierre, le maitre d'armes, en était persuadé : ce garçon était de la graine de champion.

De son côté, Kilian avait bien envie de dormir encore un peu, malgré les coussins que son ainé lui envoyait affectueusement à la tête pour le sortir des bras de Morphée. Il avait plutôt passé une bonne nuit, même s'il s'était endormi tardivement à cause d'un échange de SMS massif avec son amoureux. Il trouvait cela particulièrement niais de s'envoyer ainsi des centaines de messages débiles à leur âge, mais l'apparition des forfaits illimités avait eu comme effet secondaire d'encourager ce genre de dérives. Et comme Aaron voulait toujours avoir le dernier mot, mais que Kilian n'était pas d'accord, leurs joutes verbales aussi mignonnes qu'immatures avaient duré des heures. Ils en avaient tous les deux conscience mais ne pouvaient pas s'en empêcher.

Après sa douche toujours aussi fraiche, le collégien se mit à table, dans tous les sens du terme. Alors qu'il dévorait son chocolat chaud et ses deux tartines de Nutella, Cédric le harcelait de questions :

« C'est quand que tu me présentes Aaron ? Est-ce que c'est mieux un garçon qu'une fille ? T'es vraiment amoureux ? Vous avez quand même pas... Nan, toi, mon Kili ? C'est dingue quand même ! »

Le jeune garçon aux yeux émeraude répondit avec nature, franchise et sincérité à presque toutes les questions de son ainé. Si le lycéen le désirait, il pourrait parler à Aaron aujourd'hui même vu que son petit copain devait venir l'encourager, il avait promis ! Et un garçon, ce n'est pas forcément mieux qu'une fille, c'est surtout le jeune brun qui était mieux que le reste tout entier de l'univers. Amoureux ? Il avait mis tellement de temps à l'admettre qu'il n'avait plus la moindre hésitation à ce sujet : il était juste raide dingue de son petit Koala à lui, à tel point qu'il se mettait à ressembler à une midinette boutonneuse hystérique dès qu'il évoquait les yeux, le visage ou les cheveux de celui pour qui il craquait. Après tout, ce n'était pas sa faute à lui si Aaron était si mignon ! Et si gentil ! Et si intelligent ! Et si parfait ! Et si... Aaronesque en fait. Mais à propos de ce qu'ils avaient bien pu faire ensemble, Kilian ne répondit pas. Ses joues parfaitement roses le firent largement à sa place. Ça allait, ce n'était jamais qu'un petit jeu qu'il affectionnait plutôt pas mal.

Après plusieurs dizaines de minutes en voiture, toute la petite troupe arriva à Lyon, où les attendaient Jean-Pierre et le reste des jeunes escrimeurs du club. Depuis le départ précipité de Diégo, départ que le maitre d'armes n'expliquait pas mais avait bien fini par accepter, à son grand désarroi, il avait décidé de s'occuper lui-même d'accompagner la jeune génération, afin qu'aucun incident dommageable n'arrive sous son patronage. Il avait désigné Kilian chef d'équipe de la petite bande d'épéistes, sabreurs et autres fleurettistes. Pas seulement parce qu'il était de loin le plus doué de sa tranche d'âge ou parce qu'il représentait la plus belle chance de victoire de son association, mais surtout parce que son dynamisme entrainait les autres dans son sillage. La tornade blonde était crainte et respectée par les plus jeunes et acceptée par les plus âgés. Et surtout, quand il tirait, il avait toujours une certaine classe qui en faisait un parfait ambassadeur.

Comme à l'automne, il ne fit qu'une seule bouchée de sa poule en enchainant les victoires. Il n'eut même pas à forcer son talent pour passer le premier tour. Quand enfin il put se rendre dans la salle principale ou l'attendaient les choses sérieuses, il regarda en direction des gradins.

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant