26. Le gage

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Les jeunes furent de retour au camp à dix-huit heures. Le repas ce soir-là fut servi tôt, à dix-huit heures trente. À dix-neuf heures quinze, tous se levèrent de table. Ils avaient quartier libre jusqu'à vingt-et-une heures pour se préparer. Kilian profita d'une longue douche fraiche qui lui remit les idées en place. Il n'allait certainement pas se gâcher le dernier soir des vacances à cause d'Aaron. Il comptait bien en profiter et surtout passer un peu de temps seul à seule avec Léna. Après tout, il avait brillé cette après-midi, ne fallait-il pas que ses efforts soient récompensés ?

De retour dans sa chambre, il vit que les autres étaient déjà presque prêts. Thomas, négligé, avait fait le choix de vêtements dépareillés. Jules, lui, semblait tout droit sorti d'une bande dessinée avec une chemisette à carreaux et un pantalon en velours. Il ne manquait plus que le béret pour que le tableau soit parfaitement ridicule. Lucas était resté sobre, préférant un jean slim et un t-shirt moulant assez mode. Cela le rendait encore plus adorable que d'habitude. Aaron, enfin, portait un très chic pantalon noir et une chemise grise taillée à l'italienne. Il avait arrangé ses cheveux avec du gel, ce qui lui allait particulièrement bien et ce qui énervait d'autant plus Kilian.

Sans se soucier de ses camarades, le garçon aux cheveux blonds lâcha sa serviette au sol, montrant à toute l'assistance qu'aucune leçon de pudibonderie ne serait à même de lui faire cacher son blanc fessier. Puis il se jeta le tête la première dans son sac pour en ressortir son jean bleu ciel préféré et une chemise verte du plus bel effet qu'il avait gardée juste pour cette occasion. Une fois habillé et chaussé de ses baskets neuves qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de porter, il se parfuma avec l'eau de toilette que lui avait offerte son frère à un de ses anniversaires et qu'il ne voulait utiliser que pour les grandes occasions. Elle sentait la vanille, la cannelle et la pêche, celui lui plaisait particulièrement. Une eau de toilette masculine et douce à la fois.

Tandis que Thomas, Jules et Lucas célébraient leurs bons résultats sportifs, Aaron se replongea dans un de ses fameux livres, se servant de la photo de ses animaux comme marque-page. Kilian n'avait toujours pas eu la chance de pouvoir l'observer. Les évènements l'en avaient finalement empêché. Et ce n'était certainement pas ce soir qu'il allait essayer de la regarder.

Puis la fête put commencer. Le réfectoire avait été transformé en une grande salle de bal. Les tables avaient été poussées et empilées au fond de la pièce. Des chaises avaient été posées ici et là. Des spots multicolores et une boule à facette éclairaient la scène. À côté de l'entrée, un stand à boissons non alcoolisées était tenu par quelques monitrices qui se relayaient. Et près de la porte de la cuisine, Basile jouait les DJs amateurs, s'en sortant plutôt bien pour un Canadien.

La musique était forte, suffisamment pour empêcher les jeunes de s'entendre s'il leur venait l'idée saugrenue de vouloir discuter. Comme à chaque soirée du même genre, deux groupes se formèrent, des verres de jus de fruit à la main. À gauche, on retrouvait les garçons dont la majorité avait sorti gels et chemises. À droite, les filles toutes plus coquettes les unes que les autres avaient enfin reçu l'autorisation de la part de Fred de se maquiller. Heureusement, le manque de lumière empêchait de se rendre compte du désastre artistique que cela avait provoqué.

Afin de rapprocher ces jeunes gens, Basile misa sur les grands classiques de ces dernières années espérant que cela déclencherait des envies de danse de part et d'autre de l'assistance. Son pari se révéla payant et très rapidement, la piste se retrouva noire de monde.

Et puis vint le moment tant attendu des slows. Les garçons, qui avaient eu la chance de trouver une partenaire, l'invitèrent. Kilian faisait partie des heureux élus. S'approchant de Léna, et de la manière la plus soutenue qui soit tout en tendant la main et en faisant la révérence, il énonça un très chic : « Me feriez-vous l'honneur de cette danse ? »

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant