41. Tout est merveilleux

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Quand il cognait sur son punching-ball, Cédric se sentait invincible. D'ailleurs, dans ces moments-là, personne ne voulait se mesurer à lui.

C'était souvent comme ça le vendredi soir. Il se défoulait dans son club, expulsant la pression accumulée pendant la semaine. Pratiquer ce sport lui faisait du bien, beaucoup de bien. C'est un sport de contact. Un sport qui permet de se défouler. Un sport où la violence ne côtoie pas la haine, mais où la violence permet de dompter sa colère. Un sport individuel qui se pratique toujours à deux, où le respect est le maitre mot pour pouvoir progresser et aller de l'avant.

Pourtant, cette semaine, il n'avait pas tant de pression que ça à évacuer. Tout se passait étrangement bien. Il avait réussi à convaincre sa tante de passer plus de temps dans la région, ce qui avait eu pour effet de lui enlever un sacré poids des épaules. Enfin, n'étant plus seul à devoir gérer les trop nombreuses péripéties familiales, il allait pouvoir respirer un peu. Son petit frère qui pouvait toujours compter sur ses amis Martin et Yun-ah, toujours là pour lui et réciproquement, ramenait de bonnes notes. À part ses crises de larmes habituelles qui ne prévenaient jamais et qui pouvaient lui tomber dessus n'importe quand, il semblait aller plutôt bien. Et puis il y avait aussi ce fameux Diego dont il parlait souvent à table. Cédric considérait la présence de l'escrimeur comme bénéfique pour son cadet. Kilian avait besoin de modèles à suivre et Diego pouvait en être un. Que ce dernier se soit pris d'affection pour le jeune blondinet était une occasion en or de l'aider à grandir.

Même à la maison, cela faisait plusieurs jours qu'il n'y avait pas eu le moindre cri ni la moindre échauffourée. François, son père, était continuellement plongé dans des dossiers qui accaparaient tout son temps libre. Quand il rentrait le soir, il était bien trop fatigué pour être désagréable. Marie, sa mère, passait plus de temps à la maison que d'habitude. Une dispute avec son amant lui avait rappelé à quel point il peut être doux d'avoir un foyer. Et quelqu'un pour payer les factures. Elle semblait même avoir diminué sa consommation d'alcool. Quelle ne fut pas la surprise des deux frères quand ils la surprirent en train de cuisiner de bons petits plats pour toute la famille. Cela n'était pas arrivé depuis des années.

Quand à Cédric, sa vie était presque parfaite. Cela faisait plus d'une semaine qu'il n'avait pas ramassé la moindre gifle et qu'il n'avait pas essuyé la moindre colère. Au lycée, il y avait des hauts et des bas, mais dans l'ensemble, il retenait plutôt le positif. Le bac français approchait à grand pas, mais à la différence de son petit frère, il adorait cette matière. C'était l'occasion pour lui de gagner des points pour l'année prochaine, d'obtenir son bac, puis enfin de songer sereinement à ses études... Si François était loin d'être un père parfait, il avait au moins la qualité de ne pas être radin quand il s'agissait de l'éducation de ses enfants. Ils n'avaient jamais manqué de rien et Cédric savait qu'à moins de lui ramener un garçon à la maison en guise de compagnon, son paternel le soutiendrait financièrement dans sa vie future.

Et puis il y avait l'amour. Depuis qu'il était avec Sandra, Cédric avait pu la voir détacher ses longs cheveux noirs au moins une bonne demi-douzaine de fois pour autant de moments intimes partagés. Ils se retrouvaient souvent le vendredi après la boxe, avant de manger ensemble un big-mac presque romantique et de finir dans une chambre de bonne qui appartenait à la famille de la demoiselle.

Il avait même pu faire découvrir le sport qu'il pratiquait à Clara, une bonne copine du lycée aux longs cheveux blonds. Il n'y avait aucun problème avec Sandra, les deux filles se connaissaient et s'appréciaient depuis des années. Cela ne dérangeait pas Clara de devoir tenir la chandelle, au contraire, elle adorait être dans les petits secrets de ses amis. Vivre cette magnifique relation par procuration la comblait tout autant que si elle s'était retrouvée dans les bras du jeune homme. Peut-être que derrière son sourire angélique, elle attendait patiemment son heure sans faire la moindre vague en profitant du moment présent.

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant