67. Bonheur et poudreuse

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Cette révélation, Cédric ne s'y attendait pas. Il n'avait rien vu venir. Même si Kilian avait usé, voire abusé de sous-entendus depuis plusieurs jours, le lycéen était bien loin d'imaginer que son petit frère se fût trouvé quelqu'un. Et encore moins que ce quelqu'un fût un garçon de son âge. Apprendre qu'Aaron était le petit marsupial de son cadet le laissa sans voix. Mais au moins, tout s'éclaircissait. Les fugues, l'assiduité dans la préparation de l'exposé d'histoire, les questions étranges... C'était donc ça le secret que son frangin voulait lui avouer la veille.

Alors que Suzanne était toujours dans un certain flou, Cédric se permit de demander quelques précisions :

« Depuis quand ? Qui d'autre est au courant ? C'est sincère ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ? »

Les réponses tombèrent de manière presque automatique.

« On est ensemble officiellement depuis hier, mais officieusement, on se tourne vraiment autour depuis un peu avant Noël. Martin est le seul au courant mais il ne dira rien. Oui c'est sincère puisque je l'aime. Je ne sais pas pourquoi j't'ai rien dit, j'avais peur de ta réaction. »

Kilian était sûr de lui. Il n'y avait plus aucun doute dans son esprit. Une fois sa décision prise, plus personne ne pouvait le faire changer d'avis. Dans ce cas-là, assumer de la tête et des épaules était la réaction la plus sage.

Cédric était presque subjugué par l'attitude de son cadet. Il ne pouvait et ne voulait pas le juger. Ce qu'il lui avait dit plus d'une semaine en amont était vrai. Il l'aimait, il serait toujours son frère et ce n'était certainement pas une orientation affective ou une autre qui changerait quoi que ce soit à cet état de fait. Le grand adolescent regarda sa tante et lui fit signe d'accepter de la tête la demande du jeune garçon. Le peu qu'il savait d'Aaron était son attitude en ce week-end pluvieux. Il lui avait ramené Kilian en un seul morceau, c'était la preuve qu'on pouvait lui faire confiance.

Lors de la première semaine des vacances, le collégien passa le plus clair de son temps à lire et jouer aux jeux vidéo dans l'appartement de sa tante, qui, elle, travaillait sur place en télétravail. Le reste de son temps libre, il l'occupait en sortant de temps en temps faire les magasins avec Yun-ah, en se promenant avec son frère, en s'entrainant à l'escrime et bien entendu en fréquentant Aaron à l'abri des regards indiscrets. Il aurait bien joué au foot ou à la console avec Martin, mais ce dernier était malheureusement en voyage à l'étranger avec sa famille, sans internet ni téléphone, et n'était donc en rien au courant des dernières avancées.

Pour planifier les vacances sportives de son frère, Cédric insista pour rencontrer la mère du jeune brun, Catherine, qui réitéra son invitation formulée plus tôt en février. Tant qu'elle pouvait faire plaisir à son fils, ce qui lui permettait d'acheter une certaine paix sociale dans sa famille, elle était capable de tout accepter. Et même, voir Aaron se faire des amis, après des années à le voir traîner sa solitude, était pour elle un véritable soulagement. Kilian partirait le onze au matin et rentrerait le seize dans la journée, juste à temps pour la reprise des cours le lendemain. Les parents d'Aaron s'occuperaient du matériel, des remontées, du gite et du couvert. Tout ce qui était demandé au jeune blondinet était de tenir compagnie au brunet fougueux à leur place. Les adultes vivraient leur vie et les adolescents la leur. Tout le monde était satisfait par ce deal qui n'en portait pas le nom.

Le matin du départ, Kilian était radieux. Si, plus jeune, il allait tous les ans au ski, cela faisait trois saisons qu'il n'avait pas mis les pieds sur une piste. Il espérait ne pas avoir oublié ses vieux réflexes d'antan, lui qui adorait se faire appeler la tornade verte en référence à la couleur de sa vieille combinaison. Avec Cédric, ils aimaient faire la course à toute vitesse sur les pistes rouges. Avec Aaron, il voulait les gagner.

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant