Chapitre 2 - Partie 1

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Jeudi deux décembre Deux mille vingt-et-un


Sibylle posa ses coudes sur son bureau et passa ses doigts dans ses cheveux en regardant la porte de sa chambre qui venait de s'ouvrir. Idris lui fit coucou en lui disant qu'il allait travailler sans faire de bruit pour ne pas la déranger et lui montra sa cravate avec Lumière dessus. Toute sa famille savait ce qui venait de lui tomber sur le coin du nez, ils avaient d'ailleurs passé la soirée à essayer de lui donner des idées. Sa mère, qui travaille à la mairie, lui avait raconté toutes les histoires de cœurs de ses collègues ainsi que les rencontres que les personnes qui venaient déposer leurs demandes de mariage lui avaient dit. Ses histoires étaient toutes sympas, mais aucune n'avait ce petit quelque chose qu'elle pourrait développer pour en faire l'histoire de l'année. Son frère, lui avait expliqué en long, en large et en travers comment il imaginait la rencontre parfaite avec sa future femme parfaite. Cette histoire était sympas, fortement décousu, mais mignonne, sauf qu'en moins de quinze jours elle n'avait pas le temps de la réécouter et surtout de la rendre réaliste. Et son père s'était contenté de lui dire de sortir avec des amis pour trouver l'inspiration.

Elle avait passé la matinée à ouvrir ses anciens manuscrits pour voir si elle ne pouvait pas en tirer quelque chose. Peut-être que la suite d'un de ses livres pourrait faire l'affaire ? Ses lecteurs serraient peut-être content de retrouver d'ancien personnage. C'est la seule solution qu'elle avait trouvé, recycler ce qu'elle avait déjà fait. Elle ne pouvait pas inventer un nouvel univers en si peu de temps et surtout écrire aussi vite. Mais ses anciennes histoires, si suite devait y avoir, méritaient bien plus de temps de réflexion pour ne pas qu'elles soient bâclées. D'ailleurs selon ses calculs, elle devait se limiter à vingt-cinq mille mots grand max pour être dans les temps, alors qu'elle avait l'habitude d'au moins du double. Surtout qu'il était déjà le deux et que le livre devait passer dans les mains des différents correcteurs avant d'être publié. En gros elle avait une dizaine de jour, soit deux mille cinq cent mots par jour. Le tout sans idée d'intrigue, sans personnages, sans lieu, sans rien. Si encore elle avait une trame, elle aurait pu se mettre un coup de pied au derrière pour écrire, quitte à rester enfermée dans sa chambre d'adolescente pendant la moitié de ses vacances. Mais rien, son cerveau ne voulait pas se mettre en route. C'était la panne sèche. Aucune idée. Et pourtant ce genre d'histoire ne demandait pas de recherche extravagante. En générale c'était même des copier coller, seul les noms des personnages changeaient et encore ça dépendait des auteurs.

Elle hésita à se laisser tenter par une des histoires que sa mère lui avait raconté la veille. Elle devait abandonner l'idée de créer l'histoire de l'année, il était trop tard pour ça, écrire une histoire tout cours sera déjà très bien et si les dirigeants de sa maison d'édition ne sont pas content ils n'avaient qu'à mieux gérer l'autre auteure. Voilà, elle était décidée. Son histoire allait être celle de Cindy et Kévin qui se sont rencontré pendant la brocante d'un petit village et qui ont discuté après qu'elle ait fait tomber sa bière sur lui. En plus c'est la nana qui fait le premier pas, c'était très bien. Elle allait modifier quelques détails, comme la bière en vin chaud et la brocante en marché de noël et une fois le plan mit sur papier, elle pourrait écrire, écrire et encore écrire, jusqu'à ne plus savoir se servir de ses doigts. Elle écrivit toutes ses idées sur une feuille volante qu'elle plaça sur son clavier. Elle devait faire ses fiches personnages et pour ça rien de mieux que d'aller sur le terrain, une petite visite dans le bureau de sa mère pour rencontrer la fameuse Cindy lui permettra d'être le plus juste possible. Elle retira rapidement son pyjama pilou pilou et enfila son jean de la veille ainsi qu'une veste en fausse fourrure avec des oreilles de chat qu'elle affectionnait au lycée et glissa ses lunettes de soleils sur sa tête pour tenir ses cheveux. Elle n'avait aucune allure, mais ce n'est pas ce qui importait, à partir de maintenant, et jusqu'au point final de son histoire, elle devenait une guerrière. Mieux que les marines qui se dissimulent en terrain hostiles, plus combative que les soldats de terre et plus agile que les pilotes de chasseurs, elle était l'auteur en plein travail et rien ne lui résisterait pour écrire son histoire.



Un livre de noëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant