Un livre de noël

Chapitre 13 - Partie 2

Lundi six décembre deux mille vingt-et-un

Sibylle relu une fois son plan et fut satisfaite, avec ça elle pourrait avancer bien plus efficacement. Elle attrapa les deux feuilles qu'elle avait punaisé sur le mur devant elle et relu aussi ses fiches personnages. Là aussi ça n'allait pas. Quand ils prenaient leurs petits déjeuners avec Gaël, elle lui avait bien dit qu'elle devait tout savoir de ces personnages, les connaître par cœur pour pouvoir anticiper toutes leurs réactions, mais il lui manquait le principal. Elle ne savait pas à quoi il ressemblait physiquement. Messieurs, mesdames tout le monde n'ont pas d'allure particulière et c'est le but, que chacun puisse se reconnaître dans un des personnages, mais pour l'instant, à chaque fois qu'elle imaginait des scènes elle ne voyait que deux ombres, rien qui les rendaient réel et ça ça se ressentait dans son histoire. Même si le personnage de Paulo était totalement inspiré de Nélio, elle pouvait lui donner une apparence différente. Tout comme il fallait que Marco ressemble à quelque chose.

Elle ouvrit une page internet et tapa homme connu. Voir le même visage et le même corps, dans différents vêtements ou qui faisait plusieurs actions, comme marcher dans la rue, l'aidait beaucoup. Elle sourit en secouant la tête en se rappelant que certain de ses personnages étaient inspirés de gens qu'elles croisait dans le bus ou en course, souvent elle passait plusieurs minutes à les observer et à les détailler, certain devait la prendre pour une folle à les regarder comme ça, mais ça l'aidait beaucoup. Si seulement elle savait dessiné elle aurait tenté de faire quelques sketchs les mettant en scène, mais de toute façon elle n'avait pas le temps. Très vite elle repéra un acteur qui avait joué dans une grosse production et elle trouva pas mal de photo de lui qui correspondait au style de Paulo. Le petit blond aux yeux bruns était l'homme idéal pour Paulo. Il avait quelques chose dans le regard qui le rendait déterminé et avec une chemise ajusté, il remplissait très bien le rôle d'un commercial.

Elle dû chercher un peu plus longtemps pour Marco, rien ne ressemblait au gars de la boulangerie et en même temps elle avait envie de s'en éloigner le plus possible, elle ne souhaitait pas que le principal concerné se retrouve dans ce personnage au cas où il lirait le livre. Puis ça lui vint comme une révélation en voyant un mannequin d'origine Sénégalaise qui défilait au près des plus grands créateurs de haute couture. Elle tenait Marco. Même si le mannequin n'avait pas les mains usées par le travail manuel comme allait l'avoir son personnage, il était parfait pour ce rôle. En plus elle pourrait se service de sa propre expérience en tant que personne noire vivant à la montagne. Parce qu'ils sont peu à y vivre et en général les gens ont un moment d'arrêt en les voyant. Ce n'est même pas les habitants qui sont le plus intrigués, même si petite d'autres enfants lui avaient demandé si elle se coloriait tous les matins, ou si c'est parce qu'elle était restée trop longtemps en haut de la montagne près du soleil ou encore ne la désignait que par sa couleur de peau. Des questions d'enfants qui voyaient quelques chose de nouveau pour la première fois et dont les parents ne les avaient pas éduqué sur le sujet, qui lui avait fait ressentir dès son plus jeune âge qu'elle était différente. Mais les personnes qui lui avaient fait le plus de réflexion directe et sarcastique étaient souvent de la même couleur de peau qu'elle. « C'est un truc de blanc d'aller à la neige », « C'est pas un sport national chez nous de skier », « Écoute moi bien ma petite, pourquoi tu vas chercher le froid ? Nous on aime la chaleur, notre peau elle est pas faite pour le froid qui pique. C'est pas les température de chez nous là bas », « T'as déjà vu un noir aux jeux olympiques d'hiver ? ». En plus de discréditer des athlètes comme Lascelles Brown, cette façon de s'auto-limiter avait tendance à l'agacer. C'est peut-être encore quelque chose de plus qui l'avait poussé à s'isoler du monde et à se plonger dans ses histoires.