Un livre de noël

Chapitre 16 - Partie 2

Mercredi huit décembre deux mille vingt-et-un

Sibylle fit un dernier signe à son frère qui passait les portes de l'hôpital. Elle sourit quand Gaël lui dit qu'Idris était sûrement le mec le plus romantique du village, tête en l'air, mais romantique. Ils avaient dû lui ramener le pique nique qu'il avait préparé et oublié, jusqu'à la bibliothèque. Son frère avait appelé en panique parce qu'il était tellement sur son petit nuage en partant travailler qu'il avait laissé son panier repas à la maison. La veille, il avait été voir Solange pour lui proposer officiellement un rendez-vous romantique et elle avait accepté. Aujourd'hui il espérait bien lui proposer de sortir avec lui, alors entre le bonheur et le stress, il était parti les mains vide. Comme il ne voulait pas être en retard à son rendez-vous, il ne pouvait pas repasser chercher ce qu'il avait préparé, du coup ils étaient passé lui donner et l'avait accompagné jusqu'au travaille de sa dulcinée.

En route, ils avaient décidé de tester un autre restaurant du village. C'est une activité qu'elle comptait faire faire à Marco et Paulo, alors ils allaient en profiter pour observer les gens entre eux, essayer de repérer certains signes qui trahiraient deux « collègues » ou voir comment les couples se comportaient. Cette fois c'est de l'autre côté qu'ils allaient, ils ne comptaient plus remettre les pieds dans le premier restaurant qu'ils avaient fait. Elle avait besoin que tout se passe bien. Que la nourriture soit bonne, que l'ambiance soit agréable, que rien ne vienne entacher ce repas. Et elle espérait surtout retrouver ses souvenir joyeux. Quand elle était petite, c'était toujours la fête quand ils allaient au restaurant, elle en avait que de bons souvenirs. Mais pour l'instant elle était déçu de tout ce qu'elle retrouvait. Le pire, c'est que si ça continuait comme ça, elle allait finir par écrire un guide critique de son village. Mille et une raison de ne pas mettre les pieds à Mont-Dore. Alors qu'il y avait tout pour se plaire ici, la montagne, la rivière, la nature, le charme du village, les petits commerçants. Mais malheureusement les expériences qu'elle avait depuis qu'elle était revenu lui donnait envie de se cloîtrer chez elle ou de repartir à Clermont.

Sibylle suivit Gaël qui entrait dans le restaurant. Heureusement que son ami était là, sinon elle ne s'en serait pas sorti. Déjà pour son histoire, mais surtout elle aurait arrêté de redonner des chances au village à la première déception. Elle avait l'impression de redevenir adolescente, quand elle ne se sentait pas à sa place ici, mais qu'elle s'apaisait en montant dans leur vieille brouette. Elle aurait aimé que son ami ne soit pas blessé pour pouvoir refaire un tour. Sentir le vent dans ses cheveux, l'odeur des pins, les secousses de la brouette qui lui faisait faire du gainage sans s'en rendre compte, le tout en s'échappant du monde en lisant. Elle avait abîmé plus d'un livre à cause de la boue et déchiré quelques uns de ses vêtements dans leurs rares chutes, mais c'est ces moments là qui l'avaient aidé à ne pas s'enfoncer un peu plus dans la solitude et à ne pas partir loin en internat. Quand sa copine Coralie était parti en sport et étude, elle ne souhaitait qu'une chose, partir aussi, malheureusement elle devait attendre le lycée, puis en voyant les galères de l'internat de sa copine au début, elle était bien contente d'avoir trouvé quelqu'un ici avec qui faire passer le temps. Sibylle regarda Gaël se débattre avec son manteau, finalement elle était contente qu'il soit blessé, sinon il ne serait pas revenu dans le coin et elle se serait retrouvée seule.