Vendredi trois décembre deux mille vingt-et-un
Sibylle avançait avec Gaël en direction du bar en silence. Son ami n'avait plus rien dit depuis qu'Édouardo était parti. Elle, elle râlait intérieurement. Le bowling n'était pas un sport qu'elle connaissait bien, du coup elle ne pouvait pas s'en servir pour son histoire. Elle redressa la tête quand son ami s'arrêta. C'était leur journée ou quoi ?
- Oh mais dit donc, des revenants. La jeune femme mit son sac sur son bras et posa ses deux mains sur son ventre rebondit pour le caresser.
- Toujours fourré ensemble ces deux là ! La femme croisa les bras sur sa poitrine en les dévisageant. Ou alors vous êtes enfin en couple ?
- Leslie, Romane. Gaël pencha la tête pour les saluer.
- Vous êtes toujours ici ? Sibylle ne pensait pas les recroiser un jour, tout comme elle ne pensait pas croiser un seul des ex de Gaël aujourd'hui.
- Mais bien sûr, on est des enfants du pays. Leslie se décala un peu pour leur montrer son profil. Et je vais avoir un enfant qui va naître au pays. C'est mon deuxième. Elle tendit sa main devant eux pour leur montrer son alliance. On s'est marié il y a trois ans avec Juan. Je m'appelle Leslie Duarte-Amadou maintenant.
- Et nous on s'est marié l'été dernier avec Fausto. Elle leur montra son alliance aussi. Une vraie galère à organiser avec la crise du Covid. Elle pinça les lèvres et Leslie vint lui caresser le bras. Mais maintenant c'est fait et on profite de notre vie à quatre. On a eut des petits jumeaux, ils ont dix-neuf mois. Et avec Leslie on fait partie de la même famille maintenant.
- Bah ... euh ... félicitation. Sibylle n'avait rien demandé et s'en foutait comme de sa première chemise de savoir ce qu'elles étaient devenu. Elles n'étaient pas amis et n'allaient pas le devenir surtout que les deux autres avaient essayé de lui faire la misère au lycée à cause de son amitié avec Gaël.
- Et vous alors vous êtes ensemble ? Leslie se pencha vers eux, mais pas trop pour leur mettre sous le nez son ventre. Qu'est-ce que vous devenez ?
- On est pas ensemble. Gaël rangea mit sa main valide dans sa poche. Et là je suis blessé donc je ne peux pas jouer, mais sinon je suis passé pro.
- Ça doit pas être facile de se blessé quand on est senior. Romane se tourna vers Leslie. Vingt-six ans pour un sportif ce n'est pas pareil que vingt six ans pour nous. Elle le regarda. On a encore toute la vie devant nous, alors que toi tu es déjà tout cassé. Elle posa sa main sur son épaule. Ça ne doit pas être facile, ton club doit penser à te mettre à la retraite.
- Je vais m'en remettre et pouvoir jouer de nouveau. Ne t'en fait pas. Il serra les dents.
- Le plus important c'est que tu y crois. Elle posa sa deuxième main sur un de ses pectoraux. Mais tu devrais faire un enfant, comme ça tu pourras toujours jouer avec lui sans que ça ne te fasse trop mal. Elle lui sourit. Personne dans ta vie ?
- Personne. Il se tourna vers Sibylle en grimaçant.
- Vous savez il est costaud. Elle leur fit un sourire hypocrite comme elle n'en avait pas fait depuis longtemps.
- C'est parce que tu as dû passer trop de temps à baver sur lui au lycée que tu n'arrives pas à te rendre compte de la réalité. Leslie la toisa. La gentille femme enceinte mielleuse et heureuse dans sa vie, que Sibylle aurait détesté avoir, venait de reprendre sa forme de grimlins comme dans leur adolescence. Tu fais quoi toi maintenant ? Tu es devenue groupie professionnelle ? Les deux femmes se mirent à rire comme si elle venait de sortir la blague qui mériterait un Molière dans la catégorie sketch de l'année.
- Je suis auteure, mais pour le savoir il faut avoir autre chose que « Olibrius et Orchidoclaste magasine » qui propose des articles comme « comment éviter de se casser les ongles pendant la grossesse en cuisinant » sur sa table de chevet. Les deux commençaient à la saouler sérieusement, elle en avait marre de la comédie du bonheur. Même si elle était certaine qu'elles n'avaient pas comprit qu'elle venait de les traiter de sotte.
- Je lis pas ça, je ne sais même pas de quoi tu parles. Romane se tourna vers elle. Et la mère de Fausto m'a montré toutes les recettes que je devais savoir. Comme ça quand il a finit de jouer avec sa console il a un bon petit plat qui l'attend. Elle sourit à Leslie.
- Moi j'ai de la chance, parce qu'elle fait tout nos repas. Tu sais entre ma grossesse et mon travail à la crèche comme assistante maternelle, je n'ai pas beaucoup de temps. Elle caressa de nouveau son ventre.
- Et moi je travaille en maison de retraite. Romane les regarda. Je n'aime pas dire EHPAD. Je suis aide soignante, c'est un métier tellement enrichissant. Elle posa ses mains sur ses joues. Fatiguant, mais si humain. Elle regarda le ciel sans bouger.
- Super, bah nous on va y aller. Gaël se tourna vers elle. On a des choses à faire. Bonne soirée. Il se mit en route sans attendre de réponse.
- Salut. Elle le suivit rapidement sans attendre de réponse non plus. J'en reviens pas que les deux grognasses du lycée soient mariées et maman. Elle se tourna vers lui. Je pensais qu'elles resteraient toujours à deux pour pourrir la vie des gens en groupe.
- Je suis sûr le cul aussi. Il haussa ses épaules. J'aurais jamais parié la dessus.
- Drôle de soirée. Elle continua de marcher en silence. Elle qui ne pensait pas les revoir était sous le choc de ce qu'elles étaient devenu. Ça faisait plus de dix ans qu'elle était entrée au lycée la première fois, mais elle n'avait pas l'impression d'avoir changée, alors elle pensait que pour les autres ce serait pareil. Toujours la tête entre les livres qu'elle lisait et ceux qu'elle écrivait, comme pendant son adolescence. Alors que les deux autres avaient prit un virage radical.
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Un livre de noël
RomanceSibylle est de retour dans son village natal pour les fêtes de fin d'années. Elle pensait pouvoir profiter de son temps libre pour lire sous un plaid, boire des chocolats chauds et manger de petit gâteau à la cannelle. Malheureusement pour elle un c...